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Le Premier Cri un Documentaire sur la Naissance

Publié le 26 décembre 2011 par Hugues-André Serres

Le Premier Cri, un Documentaire plus que Remarquable :-)

Un documentaire Bouleversant , d’une beauté, d’une simplicité et d’une humanité plus que Remarquable.  C’est l’éblouissante histoire du tout Premier Cri de la vie. Celui que chacun pousse et qui scelle notre venue au Monde. La Naissance sur grand écran à l’échelle de la planète. Contraste des terres, contraste des peuples, contraste des cultures pour le plus beau et le plus insolite des voyages. Le destin de plusieurs personnages se croise dans un moment Unique et Universel : La mise au monde d’un enfant

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Avec Le Premier Cri, plongez vous dans différentes cultures pour assister à la préparation et aux accouchements de femmes très différentes par delà le monde. Observez les rituels ancestraux et admirez les nouvelles technologies. De l’accouchement au milieu des Dauphins au Mexique à celui d’une femme touareg dans le désert, tout est spectaculaire, surprenant … Nous en avons facilement les larmes aux Yeux …

Entretien avec Gilles de Maistre, le Réalisateur du « Premier Cri«  :

Comment est né ce projet d’un tour du monde des naissances ?
J’ai eu la chance, pour une série documentaire pour la télévision, de filmer une centaine d’accouchements à la maternité de l’hôpital parisien Robert Debré. J’ai passé deux ans bouleversants dans la salle des naissances. Partager ce moment de grâce, assister à l’éclosion de la vie vous transforme à tout jamais. Et cette secousse était renouvelée à chaque naissance comme une première fois. La puissance émotionnelle que je ressentais était telle que j’ai voulu prolonger cette magie ailleurs. Comme tous mes projets, il y a une gestation, un lien qui se fait avec ce que je vis. L’idée m’est venue de faire un long-métrage pour le cinéma sur ce thème en transposant la salle de maternité à l’échelle de la planète. Mon désir était double : communiquer au spectateur le déferlement d’émotions que déchaîne la naissance d’un être humain, et utiliser ce prisme là pour raconter notre condition  »humaine » aujourd’hui.

Pourquoi cet attrait récurrent pour le thème de la naissance ?
Parce que c’est un thème à la fois intime et universel, dans lequel on retrouve un nombre incalculable de problématiques passionnantes. Il nous concerne tous et permet de raconter plusieurs histoires en une. Celle de ces enfants qui naissent, de ces femmes qui accouchent, mais aussi la nôtre, et au-delà, celle de notre espèce, celle des hommes. Pour moi, chaque fois qu’un enfant naît, c’est un nouveau pas de l’humanité vers son avenir. C’est la conquête de notre survie, de notre évolution, et enfant après enfant, c’est notre histoire à tous qui s’écrit.

Et puis j’étais fasciné par l’idée de chercher à percer un mystère qui nous échappe, à nous les hommes. D’abord, il y a beaucoup de pays où la présence de l’homme est exclue et où c’est strictement une affaire de femmes : les gestes, les traditions, les faits sont soustraits au regard de l’homme. Cela reste secret, voire tabou. Mais même dans nos sociétés où la présence du père est acceptée, il n’a pas accès à ce qui se passe, il reste spectateur. C’est un moment difficile et plein d’enjeux. À chaque instant, la situation peut basculer dans le drame ou le bonheur. La femme est entre souffrance et jouissance, entre vie et mort. Ce qui l’anime est d’une violence sans nom. Elle oscille entre fragilité et toute puissance. Il y a une dimension sacrée et éternellement féminine dans la notion de transmission de la vie. Être un homme et pouvoir s’approcher de cela est fascinant.

Le Premier cri (2007) n’est pas qu’un film sur la naissance, c’est aussi un film sur les femmes. C’est un hymne à la vie, un hommage à la féminité et à la maternité.

Comment avez-vous construit le scénario ?
De manière générale, tous mes documentaires sont construits autour d’une progression dramatique dont l’enjeu, pour les gens que je filme, dépasse largement le fait d’être filmé : la caméra perd son importance en comparaison de la force de l’évènement qu’ils vivent. Vivre le moment Présent redevient essentiel et déborde l’idée d’être filmé. C’est ainsi que je peux capter la vie, la réalité. En écrivant le scénario, on a défini en théorie un cadre idéal avec Marie-Claire Javoy : celui de mettre des naissances différentes en perspective les unes des autres et de rechercher les contrastes. Contraste des paysages, des climats, des décors, mais aussi contraste des coutumes, traditions, niveaux de vie. Je voulais le désert, la forêt, l’eau, la neige, la ville. Je voulais confronter surmédicalisation et précarité. Et je voulais aussi montrer les différences dans la manière dont l’accouchement est appréhendé : très préparé, projeté, assumé pour Vanessa aux États-Unis ou Yukiko au Japon, ou au contraire non programmé, instinctif et très secret pour Mané au Niger ou Kokoya en Tanzanie.

Ce n’était qu’un outil, une intention dont on avait besoin pour partir en enquête et sur le terrain. La difficulté du sujet, la confrontation aux personnages, la réalité du terrain, les explorations avortées ou celles qu’on n’attendait pas ont fait évoluer l’enquête qui a été en mouvement en permanence. Je pensais filmer chez les pygmées mais je me suis retrouvé chez les Massaïs, la Mongolie avait été repérée mais c’est en Sibérie que je suis allé. Je devais filmer l’accouchement de Sophie au Ghana mais le bébé est né prématuré etc. La vie est toujours plus forte que la fiction.

Tourner un long métrage sans connaître à l’avance la scène à filmer, c’est excitant ?
Excitant mais épuisant ! Il faut en permanence entretenir la faculté de rester ouvert à tout ce qui se passe et en même temps se tenir toujours prêt : on ne pourra jamais revoir ou refaire la scène de l’accouchement ! C’est un “ one shot “. Mais c’est aussi la force du film puisque le moment est unique. Je dois m’adapter et réagir à chaque instant. Un exemple : au Japon, la clinique est un bel endroit, la lumière était jolie, je pensais avoir une belle séquence. Et au tout dernier moment, le médecin a décrété que la lumière était trop forte, qu’elle allait agresser le bébé à la naissance et que Yukiko devait accoucher dans le noir. Et il éteint tout ! Je ne peux pas lui demander de rallumer pour pouvoir filmer, alors je m’adapte. À moi d’être à la hauteur. Mais dans le fond, heureusement qu’on ne sait pas ce qui vous attend dans ce genre de tournage, car il y a bien des fois où on ne partirait pas !

Sur quels critères avez-vous sélectionné les femmes que vous avez filmées ?
Il y a en amont une enquête journalistique pour arriver jusqu’à elles. Mais je voulais en plus, et pour chacune d’elle, quelque chose d’évident, d’immédiat qui plonge instantanément le spectateur dans l’histoire. Par exemple, Sandy est danseuse à Paris : je la filme sur fond de Tour Eiffel en train de faire son spectacle. Sunita est indienne, elle habite aux bords du Gange à Bénarès. En Afrique, Kokoya appartient à la tribu Massaï. Toutes sont très vite identifiables et on peut les situer facilement sur la carte du monde. Et puis je voulais que ce soit des femmes expressives, pas spécialement belles ou extraverties, mais dont on sentait la personnalité. Le choix est très instinctif. Et puis je suis tombé amoureux de toutes, c’était nécessaire sinon ça n’aurait pas marché !

C’est un moment très intime. Toutes les femmes ont facilement donné leur accord pour être filmées ?
Pour moi c’est bien plus qu’un moment intime. C’est aussi un moment universel qui n’appartient pas seulement aux femmes. On peut vouloir le garder pour soi et refuser d’être filmé bien sûr. Mais au-delà de l’aspect privé, cela fait partie de l’histoire de l’humanité et ces femmes ont accepté de partager quelque chose qui nous appartient à tous. C’est ce que je leur disais à chacune, de la plus pauvre à la plus riche, de la plus simple à la plus favorisée. Elles ont toutes compris cette dimension.

Pourquoi avoir voulu en faire un film sur grand écran ?
Le documentaire, c’est ma vie depuis 20 ans, et depuis peu, il s’est fait une place au cinéma, il est naturel que j’en ai eu envie. Le budget du film, la complexité du tournage, le format écartaient d’emblée la télé. Et plus que tout, je l’ai toujours imaginé comme un long-métrage cinéma, la seule différence est que ma matière première à moi est la réalité. Mais c’est un film de cinéma : je raconte une histoire avec une vraie dramaturgie, il y a plusieurs personnages dans un enjeu, il y a une esthétique, beaucoup d’émotion, une part onirique. J’accorde une place immense à la musique. Tous les ressorts du cinéma sont là. C’est un film du réel.

Quelle a été votre méthode de tournage ?
Je tourne seul ou avec un ingénieur du son. On est loin des productions cinéma avec de grosses équipes. Là, il s’agit de capter la vie. Il faut rester connecté tout le temps, se mettre en immersion totale, savoir décrypter les gestes, les regards. S’ouvrir à l’autre en faisant confiance à sa créativité ou son instinct. Je voulais que le spectateur entre dans l’intimité des protagonistes, s’accoutume à leur manière d’être jusqu’à se sentir proche et familier de leurs émotions. Mon regard devient l’oeil du spectateur : tantôt il dévisage une femme, s’attache à un détail puis se détourne au loin. Je n’ai pas eu peur de faire des très gros plans. La caméra crée ainsi une proximité immédiate entre le spectateur et la femme. Elle lui donne le sentiment qu’il assiste à ce qu’il voit, pas qu’il le regarde sur un écran. La caméra ne se fait pas oublier, elle s’intègre à la scène qui se déroule, de la même manière que moi je n’ai jamais cherché à me faire oublier sur le tournage. Je cherche toujours à l’associer à la scène.

Vous avez passé beaucoup de temps avec vos protagonistes ?
J’arrivais en moyenne 15 jours avant la date présumée de l’accouchement. Ça me laissait de temps de faire connaissance avec les femmes, leur entourage, leurs maris et de nous apprivoiser les uns les autres. Moi, j’appréhendais leurs modes de vie, leurs personnalités. Eux se familiarisaient avec la caméra et ma manière de travailler. Ca m’a permis de pouvoir les filmer chacune avant la naissance, un moyen pour moi de laisser le spectateur aller à leur rencontre grâce à leur quotidien, à leur univers.

Je voulais que comme moi, le spectateur soit dans l’attente de la naissance, qu’il la vive, et qu’il soit dans son suspens car chaque fois, ça aura été une histoire différente dont on ne connaissait pas l’issue.

Vous avez été bien accepté pendant le tournage ?
Toujours très bien avant le moment crucial. Mais au moment de l’accouchement, ça a toujours été difficile. Franchement, ce tournage a été un véritable enfer ! Plus compliqué, c’est impossible ! Je me suis fait rejeter un nombre incalculable de fois. Toujours à la dernière seconde. Rien d’acquis, tout a refaire. Chez les Massaïs, qui sont très pudiques et chez lesquels jamais un accouchement n’avait pu être filmé, j’ai passé 3 semaines à attendre la naissance. Et le matin de l’accouchement, quand Kokoya, la Massaï s’est mise à avoir des contractions, ils ne voulaient plus faire le film : peur de la caméra, peur de l’accouchement lui-même ? Il a fallu tout réexpliquer au traducteur et qui à son tour a tout retraduit à la famille… Et au final, la sage femme traditionnelle du village a dit : « laissons les faire ! ». En Inde, à l’accouchement de Sunita, j’ai cru que j’allais devenir fou. Je suis resté un mois à attendre la naissance. On avait fait l’échographie trop tard, donc nous n’étions pas certains de la date d’accouchement. Je ne l’ai pas quittée pour ne pas rater le jour J. Un jour, elle se plaint d’avoir mal au dos. Rien de plus. (Elle avait en fait un travail relativement facile sans vraiment de signe annonciateur). Et tout à coup, en quelques minutes tout s’est déclenché. J’étais devant sa tente, pour la laisser se reposer, et puis l’instinct me dit d’entrer. Là, le mari me barre la porte. Je réexplique à toute allure, je calme, je rappelle que je ne gênerai pas, que je ne serai pas voyeur. Ils échangent quelques mots, me fait vaguement un signe et j’ai à peine le temps d’entrer et de mettre la caméra sur “ on “ que le bébé arrive. Tout se joue en une seconde. Tout est très intense, anormal presque dans ces moments là.

C’est un documentaire, un film, un docu-fiction ?
C’est un documentaire, construit comme un film avec une intrigue narrative, du suspens. Sauf que je n’ai filmé que la réalité, dans ce qu’elle a de plus improbable. Je ne suis jamais intervenu pour modifier ou réarranger ce qui se passait car cela aurait anéanti la véracité de la scène. À moi de me débrouiller pour avoir le bon axe, le bon plan. Le seul artifice de narration repose sur l’éclipse.

Pourquoi avoir utilisé l’Eclipse dans le film ?
Dans le film, toutes les naissances ont lieu le même jour, celui d’une éclipse de soleil. Je cherchais un événement qui soit le même pour toute la planète et qui nous rappelle notre place dans l’univers. Quelque chose à mettre en parallèle avec la venue au monde. L’éclipse solaire, c’est à la fois un symbole et un lien. C’est un lien temporel pour les femmes dans le film, certaines la vivent en direct, d’autres voient la lune recouvrir le soleil à la télé. Mais la Lune, c’est aussi le symbole du féminin, elle est liée à son univers, à son cycle. Souvent, l’éclipse solaire est un phénomène qui fait peur parce qu’il nous dépasse. Comme la naissance. C’est beau, magique, mystérieux. Enfin, c’était aussi pour moi le moyen de faire voyager le spectateur d’un bout à l’autre de la planète en suivant une certaine logique : celle de la trajectoire de l’éclipse.

À travers ce film, vous voulez faire passer un message ?
C’est une photo du monde aujourd’hui. Un instantané émotionnel, sans jugement ni leçon de morale, qui pointe un certain nombre de questions : les inégalités sociales, économiques, l’accès à la santé, l’écologie, les contradictions entre la nature et les excès du progrès, les failles et victoires de la science. Regarder la naissance permet de s’interroger sur ces grands enjeux. Dans les pays pauvres, la naissance doit souvent composer avec la mort de la femme ou celle de l’enfant … Au Niger, un enfants sur trois n’atteint pas l’âge de un an. En France, on contrôle la naissance et on en vient presque à aborder la grossesse comme une maladie. J’imagine qu’en voyant le film, beaucoup de femmes vont réfléchir à la démarche de certaines, comme Vanessa l’américaine, qui décide d’assumer seule l’accouchement de son premier enfant, ou Yukiko la japonaise qui choisit une naissance comme autrefois, ou Pilar la mexicaine qui expulse son bébé avec les dauphins. Il y a aussi beaucoup à apprendre des naissances plus traditionnelles et primitives. L’accouchement naturel, que j’aborde dans le film, renvoie à d’autres choses : que fait-on de notre vie ? Quel monde laissons-nous à nos enfants ? Qu’est-ce que l’enfantement apporte à une femme ? L’accueil de l’enfant détermine-t-il son devenir ? Mais il y a aussi une tentative de parler d’Amour, de tendre un Miroir à chacun pour montrer que nous sommes tous Pareils, qu’on fait tous les mêmes gestes avec nos bébés, qu’on a tous les mêmes douleurs, les mêmes larmes, les mêmes rires

Je ne veux pas faire passer un message, j’aimerais juste toucher les gens, un peu

Entretien avec Gilles de Maistre
Extrait tiré du dossier de presse.
(Sources de ce texte …)

* Pourquoi l’enfant pleure t-il à la naissance ?

Le Premier Cri c’est le Premier Souffle. Passant brutalement d’une vie aquatique à la vie aérienne terrestre, le nouveau-né, en criant, déploie toutes ses alvéoles pulmonaires et augmente la pression sanguine de ses poumons pour mettre en fonction sa respiration. Ce cri est le bruit que font les cordes vocales en vibrant sous l’effet de l’air qui sort de ses poumons. Il signifie donc que l’air a pénétré et déplié d’un coup les milliers d’alvéoles, jusque-là inemployées, au moyen d’une inspiration importante.

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