Les pieds sur terre

Publié le 27 décembre 2011 par Paumadou

Je croise beaucoup de personnes (souvent les mêmes que précédemment, mais pas toujours) qui rêvent de devenir auteur, d’obtenir la gloire et pis la fortune aussi… Je dis rêve parce qu’on sait tous que la fortune, en étant auteur, c’est pas gagné.

Sauf si c’est la bonne fortune (et non le côté pécunier) qu’on recherche et là, oui, effectivement ça peut arriver. Mais encore faut-il pousser sa chance ! Mais ce n’est pas le sujet de cet article (j’en ferai un jour, promis, sur le « pousser sa chance » quand on écrit)

Aujourd’hui, je veux vous parler du fait qu’un auteur auto-édité (ou pas d’ailleurs), quand il écrit de manière professionnelle (j’entends : gagne de l’argent puisque dès le premier centime il faut déclarer ses revenus et donc accéder au côté « pro » du manche), que cet auteur, donc, doit avoir les pieds sur terre.

C’est beau de rêver, c’est beau d’être inspiré et d’écrire avec ses tripes, les yeux dans les étoiles avec une plume d’oie sur un vieux parchemin (oui, ça c’est le mythe de l’écrivain ermite au fond des bois, je l’invente mais beaucoup ont cette image très vieillotte et fantasmée en tête – ‘ttendez, même Victor Hugo utilisait une plume en métal !).

Mais quand on en fait un métier, ben il faut remettre les pieds sur terre rapidement : création d’entreprise, déclarations, problèmes (oui, parce que même quand c’est « simple » comme l’autoentreprenariat, ben y’a des problèmes – ou alors je suis un aimant à poisse administrative !)

Auteur auto-édité, c’est tenir une comptabilité simple (hé oui, même pour vous qui êtes nuls en maths, rassurez-vous excel fait ça très bien !) c’est déclarer en temps et heures ses revenus au bon organisme (me rappelle que suite au retard de l’insee et de l’urssaf, j’ai pas répondu à la question de la mutuelle sécu, et que je dois confirmer que je ne suis pas inscrite au régime des artistes parce que la maison des artistes c’est un bordel monstre comparée aux autres… vous y pigez rien ? c’est pas grave, apprendre sur le tas, c’est le meilleur moyen d’être calé en création d’entreprise)

Même en prenant un régime « pack-cadeau simplissime » c’est quand même de la paperasse et des soucis.

Je ne parle pas de l’aspect « commercial » de l’autoédité qui, bien souvent, est lamentable et du coup, ne vend pas. Parce que je pense que la littérature est un art comme un autre : il se vend, se monaye et se publicise tout autant que les autres. Oui, toi le rêveur, tu n’y crois pas, je sais, mais « monayer » et « publiciser » ne sont pas ni des gros mots, ni incompatibles avec qualité, car au final c’est de l’enrobage: un bon texte restera bon, un mauvais mauvais. Le pire qui pourrait arriver, c’est qu’un texte surévalué (cher et beaucoup vanté dans une publicité honteuse – faux commentaires, critiques bidons ou aveugles, etc.) décevra beaucoup le lecteur qui ira le dire partout (très mauvaise critique), ce qui n’est pas le cas d’un bon texte.

Bref, voilà, toi l’écrivain qui rêve d’être publié et de rencontrer ton public, pense que même si le marketing, tu es bien au dessus de tout cela, que puisque tu fais de l’art, tu n’attends que la gloire, à partir du moment où tu gagneras ton premier centime (pas le second), tu mettras le doigt dans un engrenage administratif qui exigera que tu remettes les pieds sur terre très rapidement : l’administration française est impitoyable sur ça et ne te fera pas de cadeau.