« Oh le fiston qui trimballe ses débris altruistes au firmament des calmes ! Regarde ta mère qui trime ! Par là c’est l’automne des veines diurnes ! À peine relevée que j’ai déjà dû bêcher des sinistrés vacants aux allures de plaques gloutonnes ; oh l’fiston qui caramélise les plastrons de verves ! hou hou ! La nuit dernière, le fantôme de ton père me blessa il m’insulta, m’engraina dans mon pieu ; sales manies de grands sages, va ! T’en fais pas mon loulou, ta môman est là qui se pique au tragique en se radinant à l’aventure ! En unique tambouille à force d’uniformes déchirant l’âme du vice ; à toi le bonheur-brume ! Que c’est fort de voir ses progénitures s’activer branlant vers les plages blanches passant l’hiver, sucre et rhumes et lampes de chevet renversées à l’aube d’une défense sonore ! Que c’est bellissime de voir encore garés aux comptoirs les actuels gaillards sans muses défaites ! Ah, le fiston ! Des fois tu me fais rire à gorge déployée ; je t’ai regardé te détruire plissant les paupières un vrai singe de la fugue ! Qu’elle est rose en prenant par les champs ! Qu’elle est toute belle ta fugue mon gars quand t’es ma joie ma peine des opprimés ! Quand tu rougeoies les stèles cramoisies du siècle qui s’élance ! Allez va, tu tiens l’bon bout, à la tienne ! À la bonne humeur du pré des mangues croquées et lunatiques ! Aux saignements des chiennes chassées par l’antique merle chauve ! Sors de là ! t’es qu’un loup périssable aux dents d’illettré ; débouche la tei-teille cosmique qu’on s’en remet une petite avant de suffoquer gratuitement au crépuscule des morales ! Ah, le fiston ! qui brouille les familles jolies étrons déposés sous la pluie, et crasse et envole-toi et métrite et fumée plastique ! Attends encore avant de te tirer sale gosse ! T’es brûlant bon dieu ! on dirait une chaudière un océan de lave peut-être pas le soleil là tu peux toujours rêver ! c’est pas défendu à ce qu’y paraît ! Le serrurier m’a désenchantée hier au soir : il m’a balancé de l’acide dans les yeux !… et j’y vois plus grand-chose, ma cornée râle encore, un vrai tambour percé celle-là, quand elle s’enivre au bord de la rivière ! Ah, au fait, j’ai rossé l’arbre-moignon, tu sais bien celui qui te faisait peur, celui qu’était trop bruyant ! Ben il est à l’hosto du port cet obsédé du cul ! c’est normal pour un marin mais faut pas exagérer ! Les hommes si tu les martyrises pas ils te foutent enceinte et qui qu’c’est qui trime c’est la daronne comme d’hab ! Toi tu t’en bats t’as une queue entre les jambes ! Mais gaffe quand même aux femelles désoeuvrées ! Me ramène pas un lardon à la baraque ! Ha ! J’m’étais promise de ne pas te donner de conseils, mais le désespoir me fait perdre les cheveux ! Alors, ne me crois pas ! Avance et tant pis ! Maintenant laisse-moi dormir le fiston, va-t’en, je dois me lever tôt demain : j’ai un sentiment à construire près d’la jetée ; tu sais bien qu’il n’y a que la mer qui me fascine ! »
"Maclow, Ville-Fièvre" de Yann Bourven, éditions Sulliver (p.33)
Publié le 27 décembre 2011 par Yannbourven« Oh le fiston qui trimballe ses débris altruistes au firmament des calmes ! Regarde ta mère qui trime ! Par là c’est l’automne des veines diurnes ! À peine relevée que j’ai déjà dû bêcher des sinistrés vacants aux allures de plaques gloutonnes ; oh l’fiston qui caramélise les plastrons de verves ! hou hou ! La nuit dernière, le fantôme de ton père me blessa il m’insulta, m’engraina dans mon pieu ; sales manies de grands sages, va ! T’en fais pas mon loulou, ta môman est là qui se pique au tragique en se radinant à l’aventure ! En unique tambouille à force d’uniformes déchirant l’âme du vice ; à toi le bonheur-brume ! Que c’est fort de voir ses progénitures s’activer branlant vers les plages blanches passant l’hiver, sucre et rhumes et lampes de chevet renversées à l’aube d’une défense sonore ! Que c’est bellissime de voir encore garés aux comptoirs les actuels gaillards sans muses défaites ! Ah, le fiston ! Des fois tu me fais rire à gorge déployée ; je t’ai regardé te détruire plissant les paupières un vrai singe de la fugue ! Qu’elle est rose en prenant par les champs ! Qu’elle est toute belle ta fugue mon gars quand t’es ma joie ma peine des opprimés ! Quand tu rougeoies les stèles cramoisies du siècle qui s’élance ! Allez va, tu tiens l’bon bout, à la tienne ! À la bonne humeur du pré des mangues croquées et lunatiques ! Aux saignements des chiennes chassées par l’antique merle chauve ! Sors de là ! t’es qu’un loup périssable aux dents d’illettré ; débouche la tei-teille cosmique qu’on s’en remet une petite avant de suffoquer gratuitement au crépuscule des morales ! Ah, le fiston ! qui brouille les familles jolies étrons déposés sous la pluie, et crasse et envole-toi et métrite et fumée plastique ! Attends encore avant de te tirer sale gosse ! T’es brûlant bon dieu ! on dirait une chaudière un océan de lave peut-être pas le soleil là tu peux toujours rêver ! c’est pas défendu à ce qu’y paraît ! Le serrurier m’a désenchantée hier au soir : il m’a balancé de l’acide dans les yeux !… et j’y vois plus grand-chose, ma cornée râle encore, un vrai tambour percé celle-là, quand elle s’enivre au bord de la rivière ! Ah, au fait, j’ai rossé l’arbre-moignon, tu sais bien celui qui te faisait peur, celui qu’était trop bruyant ! Ben il est à l’hosto du port cet obsédé du cul ! c’est normal pour un marin mais faut pas exagérer ! Les hommes si tu les martyrises pas ils te foutent enceinte et qui qu’c’est qui trime c’est la daronne comme d’hab ! Toi tu t’en bats t’as une queue entre les jambes ! Mais gaffe quand même aux femelles désoeuvrées ! Me ramène pas un lardon à la baraque ! Ha ! J’m’étais promise de ne pas te donner de conseils, mais le désespoir me fait perdre les cheveux ! Alors, ne me crois pas ! Avance et tant pis ! Maintenant laisse-moi dormir le fiston, va-t’en, je dois me lever tôt demain : j’ai un sentiment à construire près d’la jetée ; tu sais bien qu’il n’y a que la mer qui me fascine ! »