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Taylor Lautner est toujours hétérosexuel

Publié le 27 décembre 2011 par Vinsh
Taylor Lautner est toujours hétérosexuel
Je sais pas toi, mais moi je trouve que les wacances de Nouël, au boulot, c'est la meilleure période de l'année. Il n'y a pas beaucoup de pression : une grande partie des collègues, clients et autres prestataires sont en congés, et du coup la plupart des dossiers sont un peu bloqués (c'est sûrement pour ça que les rentrées sont chargées). Et contrairement au mois d'août où, pourtant, un climat de glanditude similaire pourrait aisément s'installer pendant genre trois semaines / un mois, les troupes n'ont pas le temps de s'organiser pour que les affaires continuent à rouler. Bah oui, pour une malheureuse semaine, on ne va pas désigner les trois malheureux grouillots présents pour reprendre en main le travail des trente absents, hein : ça attendra juste le lundi suivant.
Noël, cette année, c'était bien, mais en fait je n'y pensais pas trop avant que ça ne tombe. C'est arrivé un peu comme un cheveu sur la soupe, cette année : pas trop prévu, pas trop anticipé, j'étais tellement sous l'eau avec d'autres trucs (le boulot, le déménagement, tout ça) (ma vie est décidément bien compliquée) (c'est vraiment très intéressant), que je me suis retrouvé, le vendredi 23 décembre, dans les magasins, avec tous les connards de la Terre (parmi lesquels je me compte, tu penses bien). Et puis le samedi 24, presque comme un week-end ordinaire, je suis parti dîner chez mes parents.
C'était la première fois depuis longtemps qu'il n'y avait que nous quatre : mon père, ma mère, mon frère et moi. Ce repli sur le cocon familial n'est pas très nouveau, mais jusqu'à présent, à Noël, il y avait toujours quelqu'un d'autre. Du coup, on n'a vu personne d'autre du week-end. Je n'ai même appelé personne pour les voeux, que pouic. On a décoré le sapin à l'arrache une heure avant le repas, et puis on a tous dîné ensemble, et à la fin du repas, on s'est offert nos cadeaux. Pas de poireautage jusqu'à minuit, pas d'attente jusqu'au lendemain matin, c'est bon, on n'a plus six ans, on sait très bien qu'on est là pour ouvrir les paquets, pas la peine de ritualiser à outrance. Comme chaque année, toutefois, la soirée fût ponctuée de ce qui fait, probablement, le charme de la famille (on finit par s'y habituer) : les prises de tête. Mais sans les spectateurs gênés, ce qui n'est pas plus mal.
Cela ne finit pas dans les cris et les larmes : c'est un sport, une sorte de danse à la chorégraphie inlassablement répétée, à chaque fois que nous nous retrouvons dans la même pièce. Le ballet des déceptions. Alors que je me suis longtemps senti seul face à une équipe de trois, mon frère semble être devenu, bon an mal an, une sorte de coéquipier. On joue à la lutte des générations, entre jeunes crétins rupturistes et vieux encroûtés plus ou moins poliment conservateurs. Là où mon frère garde un sang chaud qui lui permet de gueuler des arguments pendant un quart d'heure d'affilée sur un seul sujet, j'ai pour ma part depuis longtemps baissé les bras. Ce que mes parents ne comprennent pas, de ma vie, de mes convictions, ils n'ont pas envie de le comprendre. Pratiquer l'argumentation rationnelle dans le vide, j'ai essayé. Mais c'est fatiguant. A la fin, on souhaite simplement que cela cesse, on s'est énervé pour rien, on a dit des choses dont on se rend compte, une fois la tension passée, qu'on aurait préféré les taire. Alors je les ai regardés, se chercher des poux sur les menus sujets habituels : les travaux de la maison, la famille qu'on ne voit plus, le nucléaire, les gens qu'on fréquente, les endroits où on vit, les métiers qu'on a choisis, le gouvernement, la présidentielle de 2012, le tri des déchets, Hadopi, les cours d'Internet, la guerre d'Algérie, la manière dont on gère (mal) nos paperasses administratives... Bref, un repas de famille, ça vous occupe trois heures sans temps mort.
Tout a glissé sur moi, je ne me souviens pratiquement plus de ce que j'ai dit. Mais depuis quelques mois maintenant, je n'essaye plus vraiment de faire valoir mon point de vue. J'essaye plutôt de tempérer, de reformuler, de mettre tout le monde à peu près d'accord sur le fond quand c'est possible. Avoir raison, obtenir l'approbation, ce n'est plus un objectif. L'objectif, désormais, c'est de revenir de là-bas sans avoir la boule au ventre à l'idée d'y retourner, c'est d'accepter de ne plus être dans le conflit, c'est d'essuyer les réflexions salaces et les sous-entendus fielleux sans se sentir touché. Et garder en tête l'idée que, le plus important, c'est que je les aime. Ne surtout plus chercher à comprendre pourquoi ni comment. Prendre le meilleur tant qu'on nous le donne. Ne plus prendre la colère, même si elle est là aussi, et se concentrer sur les moments de partage. Être là et être loin, être venu mais ne pas se laisser atteindre. Se dire qu'ils nous manquent sans pour autant oublier que, pour rien au monde, on ne reviendrait vivre avec eux.
Je me dis que, du coup, c'est probablement plus dur pour eux que pour moi, maintenant. Moi, je ne rumine plus mes griefs face à quelqu'un qui ne veut pas les entendre. Mais ai-je encore le luxe de prendre en compte leur avis ? Est-ce que je dois respecter ce qu'ils ressentent, ce qu'ils pleurent, ce qu'ils vomissent (paraît-il) ?
Ma seule réponse, pour l'instant, est à l'image de Mylène Farmer (reine du lol s'il en est) : oui mais non. Oui, je prends en compte. Oui, j'offre une attitude plus positive. Mais non, je ne change pas qui je suis, au dedans. Je serre les dents, je me dis que ma vie n'est pas là, et que ce n'est pas si grave.
J'y ai gagné un Noël paisible (merci Mylène).
Et pendant ce temps, dans le vrai monde, Taylor Lautner n'a pas fait son coming out.

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