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La voix de mon père (I)

Publié le 30 décembre 2011 par Nicolas Esse @nicolasesse

Je suis né le 24 mai 1924.

En général, on partait au mayen vers le sept, huit juin. Donc, j’avais quinze à vingt jours quand nous sommes montés. Maman m’a allaité pendant les deux premières semaines, mais ensuite elle a dû rester en plaine. Une fois arrivés au chalet, grand-maman Eugénie m’a donné du lait de vache normal, du lait entier, frais et cru. Et moi je tirais ça à grands coups, au biberon. D’un seul coup, il parait que j’ai commencé à avoir la diarrhée, je ne pouvais plus digérer. On n’allait pas beaucoup voir les médecins, en ce temps-là. Je m’affaiblissais à vue d’œil. Maman a dit qu’il fallait essayer avec du lait de chèvre. Ils sont allés traire la chèvre et ensuite, je n’ai plus été malade. On a continué à me soigner au lait de chèvre.

Pour mes autres frères et sœurs, c’était différent : Adrienne est née au mois de décembre et il n’y avait pas le problème du mayen. René, Martin et Fernand sont nés en été mais ils étaient peut-être plus robustes que moi. On allaitait aussi les enfants à cette époque, jusqu’à une année et parfois plus. Je pense que j’étais chétif, alors, ils m’ont bourré lait de vache. Ils ont dû penser (en patois) : “Celui-ci est maigre, il faut l’engraisser.” En fait, à cette époque, les gens faisaient les choses au pifomètre. Ils avaient certainement vu des cas d’enfants qui ne supportaient pas le lait de vache. Mais il n’y avait pas de médecin ou d’infirmière pour les soins. Maman avait un peu d’expérience. Dans sa famille, ils avaient été nombreux, au total, ils étaient onze frères et sœurs. Elle était la première et elle a dû s’occuper des enfants qui venaient, surtout Jean, le dernier de ses frères qui avait une année quand René, son fils, mon frère et donc le neveu de Jean est né, en 1921.

De ce côté-là, il y a eu Joséphine, Marguerite, Innocente, Germaine, Victorine, Albertine, Pierre, Joseph, Emile, Jean. Ma grand-maman Eugénie a donné naissance à tous les enfants. Aucun n’a fait d’apprentissage. Jean s’est marié avec Alice Beney. Il s’est occupé de la Coopérative à Signèse et il a aussi été agent d’assurances.
Du côté de mon père, il y a eu deux lits. Théodule a d’abord épousé une femme avec qui il a eu trois enfants : Joseph, Anne-Marie et Crésence. Dans le deuxième lit, il y a eu Casimir – mon papa – Jérémie, Benjamin, François, Catherine, Laurentine, Germaine, Marguerite.

Ma grand-maman de Blignou ne savait ni lire ni écrire. De ce côté-là, nous avons eu moins de relations. Nous habitions à Signèse et nous étions éloignés du reste de la famille. De ce côté-là, c’est pareil, les gens n’ont pas fait d’études ou d’apprentissage. Ils n’avaient pas de vignes ou de champs qui leur appartenaient, au contraire de la famille de maman.



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