Pas protégés par l'ombre d'une rue mal éclairée, pas de cagoules sur la tête, pas de moto repartant à fond les manettes. Ils ont des noms, de vrais noms : Alfredo Fanchiotti et Alejandro Acosta. Ils avaient (ont) sans doute femmes et enfants. Ils sont policiers : commissaire, caporal Enfin, étaient policiers. Condamnés à perpète aujourd'hui. Y'a un peu de justice en Argentine, enfin, pour ces deux-là qui ont été condamnés. Au bout de la ligne de mire de leurs flingues ce 26 juin 2002 deux hommes : Dario et Maxi.
Les "indignés" c'est pas nouveau, en 2002 en Argentine le mouvement s'appelait "piqueteros". De la révolte sociale pacifique. 2002, c'est pas 1914, ou le temps de Gengis Khan, 2002 c'est presque maintenant.
Maintenant, à présent, aujourd'hui, des millions de gens s'inquiètent pour un avenir plus qu'incertain pour eux, pour leurs familles. Maintenant est aussi le temps revenu du panem et circences. Le Qatar paye des sommes pharamineuses à de stupides joueurs de baballe. 800 000 € par mois, une des sommes annoncées !!! Combien d'autres au PSG et ailleurs. Les gens s'indignent, ne savent plus à quel saint politique se vouer, pour lequel voter, ils ne savent plus, ils sont dans la panade, en France, partout ailleurs en Europe et dans le monde. Pas de toit, pas de travail, pas de couverture sociale. En 2002 Dario Santillan et Maximiliano Kosteki sont jeunes, pacifiques et indignés, piqueteros quoi. Alfredo et Alejandro vont les assassiner de sang froid au cours d'une manif. Comme ça, de sang froid. Les deux jeunes sont réfugiés dans une gare. Les flics-nervis les débusquent, comme à la chasse. Pas menacés, ils tirent pour tuer.
Maxi a vingt deux ans, issu d'une famille modeste il survit en faisant mille boulot. Il est artiste, il est poète, il est musicien, il est peintre ("l'illustration" de ce post est de lui), sculpteur. Il a exposé peu de temps avant sa mort une vingtaine de ses oeuvres. La veille de son assassinat il écrit : "J'observe bien au-delà de ce qui est visible". Je pense à lui ce soir ; demain soir des tas de gens feront la fiesta, certains avec de gros moyens financiers, d'autres simplement pour marquer le coup, pour se souhaiter entre potesses et potes une année 2012 qui, espèrent-ils, devrait leur apporter un peu plus d'espoir que l'année passée. Je souhaite pour ma part que personne ne croise sur sa route les clônes des Alfredo et Alejandro que bien des ministres de l'intérieur de gouvernements dits démocratiques possèdent dans leurs boîtes répressives de Pandore et peuvent parfaitement lâcher comme à Buenos Aires, dans les rues de Paris, Londres, Madrid, Athènes ou Berlin .