En cette saison les snogards ont peu de denrées à leur disposition. Du temps où ils vivaient sur l’île aux tortues, ils se débrouillaient avec encore moins: de la viande de tortue séchée, conservée dans la graisse, souvent un peu rance du coup, et de fruits secs et séchés également (figues et noix). Ainsi que de quelques racines sauvages comestibles, du genre igname, patate douce, ou manioc cuites à l‘eau. Mais depuis leur arrivée sur le Grand Continent, et leur rencontre avec les Héllénides, ils ont appris l‘agriculture et disposent à présent de bien plus d’aliments. Même si cette saison reste la plus pauvre de l‘année. Il ne pousse rien l’hiver hormis quelques choux et betteraves. Et l’on vit surtout sur les réserves en attendant les premières récoltes de printemps. Voici un dîner typique d’hiver snogard:
On commencera par un fruit en entrée. Les snogards trouvent plus digeste de commencer par ça que de les prendre en dessert. Ici il s’agit d’un genre de Kaki, un fruit orange, mur à point en hiver quand son arbre a perdu toutes ses feuilles. C’est un beau spectacle que ces arbres fruitiers-là. On voit les Kakis orange vif, suspendus parmi les branches nues grises dans la grisaille de l‘hivers, c‘est magique. Ils ne sont savoureux qu’une fois que le gel est passé dessus. Ils deviennent alors très mous, et ne se gardent pas plus de deux trois jours. La peau est fragile alors et la chair gluante, délicieuse, mais cette consistance ne plait pas à tout le monde. Ensuite on a ici une soupe de pois cassés, (ou de haricots secs ou de lentilles, selon les réserves) accompagnée de deux galettes d’épeautre. Les pois et l’épeautre étant des nouveautés héllénides toutes récentes. On a ainsi une association céréale- légumineuse qui assure un apport complet d’acides aminés permettant à l’organisme de fabriquer des protéines. C’est donc un plat complet bien que végétarien.
Les jours de fêtes on y ajoutera des boulettes de viandes épicées, (hachée dans un pilon à la force du poignet. Plus la viande est hachée finement meilleur sont les boulettes). La viande est rare en général et plus encore en hiver. Produit de la chasse et à présent un peu de l’élevage. Les snogards n’en mangent que deux à trois fois par semaine seulement. On la réserve surtout pour les grandes occasions.
Le monde de Titus est sans mammifères, aussi ses habitants ignorent totalement les produits laitiers. En revanche, tous les animaux pondent des œufs et parmi eux, nombreux sont ceux qui sont consommables. De plus un œuf peut être conservé presque un mois. On en trouve donc de toutes les tailles, de l’œuf de pigeon à l’oeuf d’autruche, et plus gros encore pour les œufs de grands dinosaures. Ils ont des formes et des couleurs variées selon les espèces. La culture aviaire des snogards est de ce fait très développées, comparable à notre culture des fromages. Les œufs font partie de presque tous les menus, cuisinés de toutes les façons possibles. Les plus courantes étant l‘œuf dur et l‘omelette.
Comme boisson on boira de l’eau pure, des infusions, dont du thé, et de la bière d’épeautre. Une boisson à peine pétillant et peu alcoolisé.
Les Snogards prennent deux à trois repas par jour, le repas le plus modeste étant le petit déjeuner dont ils se passent parfois, constitué d’un ou deux œufs
incontournables, avec un thé ou de la tisane en boisson, parfois accompagnés de fruits séchés ou secs, ou d’épeautre en galette ou en bouillie. Ils ne connaissent pas encore la patisserie ni les
friandises. Ils n'ont d'ailleirs pas de sucre, mais ils connaissent le miel sauvage, car ils n'ont pas encore domestiqué l'abeille. Si bien qu'il reste une denrée rare et précieuse. C'est en
général un cadeau précieux que d'offrir un rayon de miel sauvage prélevé à ses risques et périls dans une rûche sauvage.
La vaisselle est des plus simple, bol, gobelet et cuillère en terre, peinte à l‘extérieur. Plus une cuillère en bois selon les plats. La cuillère en terre servant pour les liquides, et celle en bois pour les solides. Pas de fourchettes chez les snogards. Chacun a son propre couteau. Souvent un couteau de poche pliable. Les plus riches se paieront un gobelet, un bol, ou une cuillère en bronze ouvragé. Rare sont ceux qui ont les moyens de s’offrir les trois. En fait ce sont des objets uniques que chacun se procure au long de sa vie. Ainsi les plus âgés ont souvent les trois en bronze ou en argent. Et ces quelques biens avec leurs rares bijoux et armes, plus quelques étoffes travaillées constituent leur héritage. Hormis la vaisselle en contacte avec des liquides chauds, on a d’ailleurs beaucoup de terre non cuite. La raison en est simple: Comme la plupart des gens de leur temps, les snogards ignorent la cause des fissures et des éclats à la cuisson. (provoqués par les petites bulles d’air emprisonnées dans la terre lors du façonnage) Et les pertes sont d’environ 80% pour les poteries faites en serpentin et de 60% pour celles faites au tour, ils préfèrent du coup user de poteries seulement séchées. Elles sont plus fragiles mais au moins on ne les façonne pas pour rien. On lave la vaisselle dans le chaudron familiale (quand il est vide) avec de la cendre. Ce qui permet d’avoir de l’eau chaude. Sinon c’est à la rivière à l’eau froide. En été il n’est pas rare de confectionner des bols à partir de grande feuilles de certains arbres qu’on pliera savamment. Ce qui a l’avantage de réduire les risques de casser de la vaisselle. Et il n’y a rien à laver non plus.