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Auteur ou écrivain ?

Publié le 04 janvier 2012 par Paumadou

Auteur ou écrivain ?Pour certaines personnes, il suffit d’écrire pour devenir auteur.

Pour d’autres, il faut être publiés (à compte d’éditeur évidemment), ou alors raconter des histoires (oui, tous les livres ne racontent pas des histoires, il y a aussi des manuels de crapette, des recettes de cuisine ou des exercices de yoga mental) ou manger du papier à longueur de temps (pas super digeste) ou recevoir un prix littéraire prestigieux. Bref, il y a certainement autant d’avis sur le sujet que de personne ayant réfléchi sur le sujet.

Mon avis (personnel qui n’engage que moi, blablabla) le voici: il suffit d’écrire pour être auteur. Mais pour devenir écrivain, il faut un petit plus.

Attention ! Je ne dis pas qu’il faille être un génie, avoir une grosse tête bien médiatique ou écrire des phrases compliquées à rallonge et qui semblent ne vouloir rien dire (mais ça c’est normal, c’est parce qu’elles ne veulent rien dire! Non, vous n’êtes pas bête

Wink
).

Comme je ne cesse de le répéter : si on veut vraiment quelque chose (de réaliste) il faut y mettre les moyens et ne jamais baisser les bras. Donc dans ma logique de le talent s’acquiert et se travaille, pas comme le génie qui est naturel, je vais vous expliquer en quoi il y a une différence à mon esprit entre auteur et écrivain et en quoi ça n’a rien à voir avec du génie.

Auteur ?

Un auteur est donc quelqu’un qui écrit des textes. Nous sommes tous d’accord là-dessus, quelque soit la qualité littéraire du texte (l’auteur d’une circulaire sur le lait en poudre est autant auteur que Barbara Cartland ou Victor Hugo)

Je vais circonscrire le cercle aux auteurs de fictions (en englobant les derniers grands « romans » de septembre 2011 qui tenaient plus de la bio/autobiographie que de la fiction pour beaucoup d’entre eux) pour ne pas trop m’éparpiller.

Un auteur (de fiction) raconte une histoire: il a des idées d’histoires, de personnages, de situations. Il les met en scène, les décrit, les agence pour former une nouvelle, novella, roman, saga, fleuve… Bref, un auteur écrit des histoires.

Voilà, c’est tout, qu’elles soient bonnes ou pas, peu importe. Si un type pond des histoires à la chaîne, il reste un auteur, même sans talent, même sans ambition(ou avec beaucoup), même sans imagination, même sans originalité.

Ce qui distinguerait à mes yeux un « bon » auteur d’un « mauvais » auteur serait son usage de la langue française, de la répétition/redondance (raaaah, ça c’est la pire des fautes et je suis la première à la faire), de l’originalité de ses persos/situations/histoires. Bref, même un mauvais auteur, reste à mes yeux un auteur.

Ecrivain ?

La différence avec l’écrivain est beaucoup plus subtile et je pense sera sujette à discussion (je vous vois venir, allez-y, les commentaires, c’est fait pour ça).

On peut être auteur sans être écrivain. L’écrivain pour moi a un degré supplémentaire de conscience dans l’écriture.

L’auteur peut pousser son personnages jusqu’à connaître par coeur sa généalogie, son enfance et ce qui se passera après l’histoire qu’il raconte. Ce n’est pas parce qu’il crée et fait vivre un univers qu’il accède au rang d’écrivain. S’il se contente de raconter des histoires, il restera auteur (peut-être très bon ! Je ne fais pas de discrimination du tout sur ça !)

Un écrivain pour moi réfléchit non seulement à son histoire, mais également à la manière de la rendre et à le faire de manière originale/renouvelée. Ce n’est pas non plus une question de style (le style était quelque chose qui ne se réfléchit pas, mais se forge à l’écriture – en gros nos tics d’écriture)

Il se posera des questions sur la narration évidemment. Mais je dirais que savoir si il use de la première ou troisième personne (voir de la deuxième pourquoi pas) relève du premier niveau de la prise de conscience de l’écrivain. En gros un auteur qui se prendrait la tête pour savoir si Je ou Il, accède à « l’aspiration-écrivain ». C’est un premier pas

Wink

Après, il devra dépasser l’histoire, les perso pour entrer dans la manière de rendre l’ambiance, la linéarité ou les cassures dans le récit, les émotions qu’il souhaite provoquer, la manière de le faire, les visions intérieures/extérieures. Bref, entre une simple histoire racontée de manière assez linéaire par un auteur et une expérience littéraire par un écrivain, il y a un monde.

Au final, être auteur ou écrivain ?

C’est vous qui le sentez ! Il y a des lecteurs pour tous les goûts. On peut avoir du plaisir et un talent développé pour raconter des histoires sans se pencher plus avant sur la pratique/réflexion de l’écriture. Pour moi, être auteur et non pas écrivain n’est pas une tare. Beaucoup de lecteurs ne vont pas se poser de questions plus avant : ils lisent une histoire et ça leur suffit. Ils sont contents et vous aussi !

Par contre, si vous commencez à vous lasser d’écrire des histoires, peut-être vous pencherez vous sur la manière de la rendre.

Ceci est un exemple de ce qui pourrait distinguer un auteur d’un écrivain à mes yeux :

Entre faire une description basique de la ferme de votre enfance et le voir à travers les yeux et sens d’un vieux type qui se souvient de cette même ferme, c’est très différent.
Vous vous rendez compte que dans le premier cas, vous tenez ce que vous écrivez pour acquis (et vos lecteurs aussi), tandis que dans le deuxième vous jouer sur les sensations, les émotions et surtout les souvenirs fluctuants et parfois incohérents !
Dans le premier vous êtes linéaires, sans surprise pour le lecteur (sans danger devrais-je dire), dans le deuxième vous pouvez créer un malaise chez lui, le déstabiliser, le ramener à ses propres souvenirs, le faire se questionner. Créer un danger pour lui bien plus grand, car plus intime et réel, que de l’emporter à la recherche d’une planète extra-terrestre habitable dans un récit sans implication personnelle du lecteur (par exemple).

Certains lecteurs n’aiment pas ces situations où le récit touche à leur propre ressenti, d’autres les recherchent. A vous de choisir en tant qu’auteur (ou écrivain) ce que vous voulez offrir à vos lecteurs : la grande aventure à l’émotion balisée et rassurante (et donc réduite) ou l’aventure sauvage sans certitude d’en sortir indemne ?

(évidemment, il n’y a pas QUE cet aspect, ceci était un exemple de ce qui pour moi, ferait la différence entre un auteur et un écrivain)


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