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Les saumons de monterey / monterey salmons

Publié le 04 janvier 2012 par Ziril

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Les dépliants touristiques n’avaient pas menti. Le village de Monterey, en Californie, où nous venions de débarquer, ma femme et moi, ressemblait à ces photos idylliques de vieux calendrier des postes. Parfait. Presque trop parfait même, pour être honnête. Mais moi, j’en avais rien a fiche de la réalité. Je hais la réalité.

LES SAUMONS DE MONTEREY / MONTEREY SALMONS
J’étais là, sur le Cannery row et je marchais sur les pas de John Steinbeck, la tête pleine de ses bouquins qui m’avaient tellement fait rêver lorsque j’étais adolescent. “Tortilla Flat” , “Tendre Jeudi” c’était ça qui me revenait en mémoire.

Nous avions été accueillis par deux vieux amis de ma femme qui habitaient à Carmel, non loin de la. Gentils, comme les Américains peuvent l’être, presque trop parfois… prêts à tout pour vous faire plaisir : “Alors Flèche, qu’est-ce que tu aimerais faire à Monterey ?

LES SAUMONS DE MONTEREY / MONTEREY SALMONS

Je n’allais quand même pas leur sortir que mon souhait le plus cher était de rencontrer Clint Eastwood, l’actuel maire de la ville. Des cars entiers de touristes ne rêvaient que de pouvoir apercevoir l’idole à la terrasse d’un café, chez le coiffeur ou dans une droguerie et rêvaient de l’entendre dire comme dans le film : “GO AHEAD, MAKE MY DAY !”. Avec cette mer sublime autour de moi, ma réponse fut simple et directe : “I would LOVE to go fishing !”

A peine une heure après, Gayle, notre délicieuse hôte me souffle à l’oreille : “OK, c’est réglé, demain matin vers 8h00, rendez-vous sur le port : SALMON FISHING !”. Je l’aurais embrassé, la Gayle, aller à la pêche au saumon du Pacifique… quel cul bordé de nouilles… . Pensez bien que j’étais en avance le lendemain sur le quai du port.. Les amarres furent lâchées et, au bout de la jetée, sur les rochers une impressionnante tribu de phoques se faisait bronzer pendant que tout autour, des loutres de mer faisaient la planche en se lissant les moustaches.

LES SAUMONS DE MONTEREY / MONTEREY SALMONS
Tableau idyllique ? Trop idyllique pour être honnête. La suite de l’histoire le démontrera.

Nous n’avions pas quitté la terre ferme depuis un quart d’heure qu’une question capitale se posa  d’urgence : comment ne pas vomir, bercé par cette houle assassine, assis  sur un banc au milieu d’une trentaine d’autres « pêcheurs », la tête noyée dans d’horribles effluves de sardines pourries ? La réponse ne se fit pas attendre. Un spasme irrépressible me délesta prestement de mon copieux petit déjeuné, déclenchant l’hilarité de ces enfoirés de “compagnons”. Ca commençait bien !!!

Soudain une voix sortie d’un haut-parleur donna le signe du branle-bas de combat et la fin de mes misères gastriques: « Accrochez vite une sardine à votre hameçon et laissez-la descendre à 75 pieds. (J’ai compris plus tard que le gars était branché sur un sonar et pouvait distinguer les bancs de saumon et à quelle profondeur ils batifolaient.) Aussitôt, les 30 pêcheurs obtempéraient. Mais moi, pauvre européen… ça veut dire quoi 75 pieds ?  Bon, je dois diviser par trois… et multiplier par… Et merde… au pif. Et, je laissais couler ma ligne. Rien. Pas l’ombre d’une touchette alors que les autres commençaient à remonter des saumons magnifiques  brillants comme des plaques d’argent.

LES SAUMONS DE MONTEREY / MONTEREY SALMONS
Chez moi, c’était le grand désert de Gobi. Quant au bout d’une  bonne heure ma canne se mit à donner des signes sans équivoque. Un saumon venait d’engloutir la pauvre sardine. «Reel in FAST ! Mouline rapidement, Frenchy, sinon tu vas le paumer, ton saumon ! »

Facile si j’avais dans les mains du matériel adéquate mais cette saloperie de moulinet datant de la guerre de cent ans faisait la sourde oreille. Et puis tout d’un coup, calme plat dans les profondeurs. Tout ce que j’ai pu ramener au bord était la pauvre tête de mon saumon. Ces saloperies de phoques voyant un déjeuner leur arriver sans se faire de mouron, s’étaient mis à table le temps que je remonte ma bête.

LES SAUMONS DE MONTEREY / MONTEREY SALMONS
Et les voilà, ces salauds, nageant tranquillement autour du bateau en se pourléchant les babines, l’air de me dire : «Va z’y Flèche, refais nous le même coup, on a encore un petit creux.»

Quant aux autres pêcheurs, eux aussi se fendaient la poire. En fait, ils se sont foutu de ma gueule proprement pendant toute la séance de pêche. (Il faut avouer que je n’ai pas pu ramener un seul saumon à quai) . Mais, du “Mon pauvre Frenchy !” par-ci et du “Bad luck !” par la, j’en avais vraiment ma claque.

LES SAUMONS DE MONTEREY / MONTEREY SALMONS

C’est peu de temps après cette mésaventure que je pris la décision de ne pas engager la France aux côtés des troupes américaines dans cette connerie de guerre en Irak.

LES SAUMONS DE MONTEREY / MONTEREY SALMONS

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The tourist brochures don’t lie. My wife and I had just arrived in the village of Carmel, in California, which is like an idyllic photo calendar. Absolutely perfect. Almost too perfect, to be honest. But just next door was Monterey. This wasn’t exactly reality, BUT I don’t give a damn about reality; I hate reality.  Here was Cannery row and I was walking in the footsteps of John Steinbeck; in my adolescence that was the stuff of dreams, all those books filled my head. “Tortilla Flat”, “Sweet Thursday” that’s what came rushing back to me.

We were hosted by two old friends of my wife who live in Carmel. They were really sweet, like Americans can be sweet (sometimes TOO sweet), ready to do anything to please you. “Tell me Fleche, what would you like to do while you’re here?”

I wasn’t about to tell them that what I really wanted to do is meet Clint Eastwood, who was the mayor of Carmel; busloads of tourists pass by hoping for a glimpse of their idol sitting at a cafe, at the hairdressers or maybe at the pharmacy; hoping to hear, like in the films: “Go ahead, make my day!”  What I said instead was: “I would LOVE to go fishing”; who wouldn’t with the sublime Pacific Ocean spread before us.

LES SAUMONS DE MONTEREY / MONTEREY SALMONS

Less than an hour later Gayle, our delicious hostess, whispered in my ear: “OK it’s all set for tomorrow, 8 a.m. at the port: SALMON FISHING! “  I jumped up to kiss Gayle, wow! fishing for Pacific Salmon! What a lucky bastard!

You’d better believe that the next day I was at the Port well before the hour. The big boat slipped its moorings and at the end of the jetty we passed an impressive tribe of Seals who were sunning on the rocks while Sea Otters floated on their backs slicking their mustaches. An Idyllic picture? To be honest, too idyllic. The rest of the story tells the tale.

It wasn’t even 15 minutes after quitting “terra firma” that I was faced with a question of paramount importance: how do I prevent my self from vomiting, cradled in this lurching, murderous, boat; plunked down on a bench between 30 other “fishermen” and overwhelmed by a horrific odor of rotten sardines?  The response wasn’t long in coming. An irrepressible spasm promptly jettisoned my copious breakfast, unleashing great amusement among my fuckhead companions. Off to a good start!

LES SAUMONS DE MONTEREY / MONTEREY SALMONS

Suddenly a voice from the loud-speaker gave the sign to scramble for combat and the end of my gastric miseries. “Hurry-up and tie a sardine on your hook and take it down to 75 feet.” (I later found out that the guys were hooked-up to a sonar device and knew exactly where the salmon were frolicking around and at what depth.) Immediately the 30 other fishermen obeyed.  Except for me, poor european… “feet? what’s 75 feet? OK, I have to divide by three… then add 3, etc… shit, I’ll just guess.”  I let my line drop. Nothing. Not a shadow of a nibble, but the others were starting to pull in magnificent silvery salmons. And me, I was in the Gobi desert. Finally, after a good, hour my rod started showing unequivocal signs. A salmon was gobbling the poor sardine. “Reel in FAST! Bring it in fast Frenchy or you’re going to lose your Salmon!

No sweat, IF I had adequate material in my hands, but this junky reel turned a deaf ear.  And on top of that, all of a sudden everything went dead in the depths. All that I could pull in was the poor bodiless head of my salmon.  The contemptible seals seeing their lunch arrive without effort, sat themselves at the table while I was bringing up my fish. There they were, the scum, swimming calmly around the boat licking their lips, like they were saying: “Go ahead Fleche, do it again, one more time, we’re still a little hungry.”

As for the other fishermen, they were laughing out loud. In fact, they laughed at me during the whole fishing trip (I have to admit that I didn’t bring in a single salmon). But between the “my poor Frenchy” and “what bad luck“, I was really fed up.

It was not long after this misadventure that I took the decision to not let French troops engage, alongside the americans, in that dumb war in Iraq.


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