Le 4 janvier 1896 naît dans le petit village de Balagny-sur-Thérain, dans l’Oise, André Masson.
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C’est à l’Académie Royale des Beaux-Arts de Bruxelles, sous l’égide des peintres symbolistes belges, que le jeune garçon entreprend ses études classiques avant de les poursuivre à l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris. En 1914, André Masson s’engage et part sur le front. Grièvement blessé au Chemin des Dames, puis réformé, Masson rentre en France, irréversiblement marqué par la violence et par l’horreur des combats auxquels il a assisté. Il remet en question ses apprentissages, donnant libre cours aux images emmagasinées dans sa mémoire et dans son corps. Il s’installe dans la capitale en 1920. Sa première rencontre deux années plus tard avec D.-H. Kahnweiler le conduit à fréquenter Picasso, Braque, Derain, Juan Gris... En 1924, André Masson fait la connaissance d’André Breton. Il se lie alors au groupe des surréalistes auquel il reste attaché jusqu’en 1928. En 1925, André Masson participe à la première exposition surréaliste, Galerie Pierre. Au cours de cette première période, attentif à la seule pulsion physique, André Masson réalise dessins et tableaux « automatiques ». Il expérimente le sable dans ses peintures : Chevaux attaqués par des poissons date de 1926. Dans le même temps, il explore des thématiques érotiques desquelles la violence n’est pas exclue. Il publie régulièrement dans la revue La Révolution surréaliste. En 1927, sa rencontre avec Giacometti le pousse vers la sculpture. Cette année-là, le peintre réalise sa première sculpture.
Après la rupture avec les surréalistes, André Masson continue d’explorer les mêmes thèmes, liés à la violence et à l’érotisme. Mais il se tourne davantage vers l’abstraction. Il peint également des paysages, des massacres puis des sujets et des scènes inspirées par l’Espagne où il vit de 1934 à 1936. À partir de 1933, année où il réalise les scènes et les costumes des Ballets Russes, il poursuit son travail pour le théâtre, l’opéra et les ballets. Il collabore avec J.-L. Barrault pour qui il réalise, en 1937, les décors de Numance et de La Faim. Entre temps, à son retour d’Espagne, il s’est réconcilié avec les surréalistes. L’occupation allemande le pousse à rejoindre l’Amérique. En 1941, André Masson s’installe à New Preston, dans le Connecticut. Il peint Enchevêtrement (1941), Méditation sur une feuille de chêne (1942), Pasiphaé (1945). Après la première exposition, en 1941, au Baltimore Museum of Art, d’autres suivront, notamment à la Galerie Peggy Guggenheim de New York. En 1943, il rompt définitivement avec André Breton ainsi qu’avec le surréalisme officiel. De retour en France en 1945, il se remet à la gravure et illustre les œuvres de Jouhandeau, Bataille, Artaud, Rimbaud, Breton, A. Pieyre de Mandiargues, Paulhan. Marqué dans les années 1950 par la révélation de l’Orient, André Masson connaît sa « période chinoise ». L’Embellie (1956), L’Homme et la femme (1958) témoignent de cette influence. En 1965, André Masson réalise le plafond du théâtre de l’Odéon sur le thème de la tragédie.
L’œuvre d’André Masson le rebelle est honorée par des rétrospectives, nationales et internationales. Elle a inspiré des écrivains tels que Michel Leiris, René Passeron et Georges Limbour. Bernard Noël lui a consacré La Chair du regard (Gallimard, 1993, rééd. Fata Morgana, 2011).
André Masson, Oiseau fasciné par un serpent, 1942
Gouache sur papier, 56,5 x 75,5 cm
Peggy Guggenheim Collection, Venise 76.2553 PG 108
© André Masson, by SIAE 2008
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Réalisé en 1942, Oiseau fasciné par un serpent (Bird fascinated by a snake) s’intègre dans la période américaine d’André Masson. Cette toile, qui fait partie de la série « Tellurique », représente la confrontation fébrile d’un oiseau avec un serpent. Menaçant, le reptile semble sortir lui-même de la gueule sombre d’un autre monstre et exhibe dents acérées et cornes semblables à des piquants. Un oiseau rouge, menu et fin comme une sauterelle, lui fait face et volète autour. Les deux ennemis s’affrontent dans un espace vert, « ailes de papillons ». Cet espace en forme de huit évoque, sur fond de végétation ― claire d’un côté/obscure de l’autre ― le mouvement vibrionnant de l’oiseau. La tête du serpent est maintenue en suspens derrière une ligne de pointillés noirs tandis que de l’autre côté, l’oiseau poursuit son incessante et exaspérante agitation. Réduits à des courbes et à des pointes colorées, les deux protagonistes exécutent leur danse sur la surface plane de la peinture.
Angèle Paoli
D.R. Texte angèlepaoli
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