C'est la seconde fois qu'on m'envoie avec un groupe dans le Vermont, tout particulièrement dans cette charmante ville champêtre sur la côte est américaine : Stowe. Je l'avais déjà mentionné dans ce billet. Mais cette fois-ci, je transportais des adeptes du ski alpin et de la planche à neige.
Comme je le faisais remarquer à mon collègue de la compagnie Autocar Chartrand, ce ne sera sans doute pas mon dernier voyage de ski dans cette région vu que l'hiver ne fait que commencer. Mais ce voyage avait bien mal débuté. Le chauffage prenait beaucoup trop de temps et ce n'était pas normal.
Comme à tous les matins ou à mes débuts de quarts, je dois vérifier le compartiment moteur et tous ses composants visuellement. Les huiles moteur et de la transmission, sans oublier le liquide de refroidissement, aussi appelé « prestone ».
Ce liquide vert fluo est conservé dans un réservoir possédant un petit hublot d'où l'on peut voir le niveau. S'il n'y a que la moitié du hublot, ce n'est pas grave puisque le moteur en se réchauffant le fait bouillir et il prend alors de l'expansion dans tout le système.
Or, pendant mon inspection visuelle, le hublot était vide. Sachant qu'il y en a toujours en quantité suffisante, je n'avais pas pris en compte la réelle température à ce moment-là. Il devait faire -30°C avec le facteur éolien. Je savais par contre que ce car n'avait pas connu de problème de chauffage, selon ce que les rapports journaliers de bord indiquaient.
Pourtant lors de mon dernier voyage de trois jours effectués à Toronto et Niagara Falls pendant la même semaine, aucun problème de ce genre n'était survenu. La température était plus douce sans doute mais ce car fonctionnait très bien.
Express Ski, un client régulier
Quoi qu'il en soit, je m'étais dit qu'en roulant à sa vitesse de croisière sur l'autoroute, mon véhicule se réchaufferait bien assez vite. Ce fut une erreur. J'aurais dû prendre le temps de vérifier si j'avais des contenants de prestone et en ajouter avant de quitter le garage.Mais je ne l'avais pas fait et la chaleur ne s'est pointer timidement qu'après la traversée de la douane américaine, au Vermont. J'ai un peu honte de l'avouer mais j'aurais dû aviser mon patron de la situation et aujourd'hui, il n'aurait pas reçu des courriels de plaintes.
Pour tout résultat, mes passagers gelaient systématiquement et ils avaient préféré garder leurs attirails d'hiver sur le dos. Je les comprenais et par ailleurs, je m'en voulais de n'avoir pas mis toutes les chances de mon côté. Je m'en voulais beaucoup mais j'ai eu ma leçon.
Avec le recul, je me rend compte qu'il ne faut jamais prendre les choses pour acquis. Dans ce métier, il faut prévoir lorsque c'est dans la mesure du possible. Et normalement, je l'avise toujours le lendemain s'il y a des réparations à faire. Mais c'est lui qui m'avait devancé ce matin.
La journée s'est passé dans le calme (dans mon cas) et mes passagers se sont amusé comme des petits fous. Je pouvais les voir monter dans les télésièges menant à plusieurs pentes ouvertes et je les voyais descendre comme de minuscules points noirs grossissants à mesure qu'ils se rapprochaient du pied de la montagne.
Le retour au bercail fut plus rapide que je ne l'aurais cru. Le trajet avait pris une trentaine de minutes de moins que pendant l'aller. Le chauffage s'était nettement amélioré cependant et j'étais pas peu fier de leur apprendre. Il avait commencé à tomber des flocons avant le départ de Stowe et la température s'était également adoucie.
Pendant le trajet, un autre problème allait surgir. En effet, le son refusait de sortir des hauts-parleur pendant la diffusion d'un film. Cette fois, la coupe était pleine et le guide allait utiliser son pouvoir discrétionnaire pour se plaindre à ma compagnie. Et je l'approuvais aussi.
On trouva une solution pour le moins inhabituelle quant à la diffusion du DVD sur les écrans : le sous-titrage. Évidemment, vu sous cet angle, regarder un film sans bruit de fond ne faisait pas l'unanimité mais c'était la seule solution pour passer le temps.
En écrivant ce texte, je me surprend à regretter de ne pas avoir apporté un jeu de cartes sous la main pour des situations hors du commun comme celle-ci. Je pense entre autre à un jeu qui aurait pu réchauffer davantage l'atmosphère et passer le temps...