"Les remèdes qui nous ont été donnés nous fixent notre manière de vivre, et la règle des mœurs a été tirée d’une médecine que l’on appliquait à des morts. Ce n’est pas sans raison que les trois mages, conduits par la clarté d’une nouvelle étoile pour adorer Jésus, ne le virent pas en train de commander aux démons, de ressusciter les morts, de rendre la vue aux aveugles, la marche aux boiteux, la parole aux muets, ni d’exercer aucunement sa puissance divine : ils trouvèrent un enfant silencieux, tranquille, confié aux mains de sa mère ; en lui n’apparaissait aucun indice de son pouvoir : il ne montrait qu’un prodige, et un grand : son humilité même. Le seul spectacle de cette enfance sacrée à laquelle se prêtait Dieu, le Fils de Dieu, offrait aux yeux l’enseignement qui devait être proclamé à toutes les oreilles ; ce que ces lèvres ne pouvaient proférer, il suffisait de le voir pour en sentir l’effet. Toute la victoire du Sauveur, cette victoire qui a subjugué le monde et le démon, a commencé par l’humilité et s’est achevée dans l’humilité. Il a inauguré ses jours prédestinés dans la persécution et les a terminés dans la persécution. A celui qui n’était qu’un enfant n’a pas manqué l’occasion de souffrir, à celui qui devait un jour subir la Passion n’a pas manqué la douceur de l’enfance : le Fils unique de Dieu a voulu mettre sous le signe d’un même abaissement de sa majesté et sa naissance d’homme et sa mort par la main des hommes.
"Mais pour bien comprendre comment peut s’opérer en nous une conversion si admirable, et par quel détour nous devons revenir à l’état d’enfant, écoutons saint Paul qui nous dit : Ne vous montrez pas enfants sous le rapport du jugement, mais faites-vous petits enfants quant à la malice (I Cor. XIV, 20). Ce n’est donc pas aux amusements de l’enfance, ni à ses tâtonnements maladroits qu’il nous faut retourner ; il faut lui demander quelque chose qui convienne encore à la gravité des années, à savoir le rapide apaisement des colères, le prompt retour au calme, l’oubli des offenses, l’indifférence aux honneurs, l’amour de l’union mutuelle, l’égalité d’humeur. C’est un grand bien de ne pas savoir nuire et ne pas aimer la méchanceté : car être injuste et se venger, c’est la prudence de ce monde ; mais ne rendre à personne le mal pour le mal (Rom. XII, 17), c’est la sérénité de l’enfance chrétienne. Bien-aimés, le mystère que nous fêtons aujourd’hui vous invite à ressembler ainsi aux enfants. Le Sauveur, cet enfant qu’adorent les mages, vous convie à l’imitation de cette humilité ; c’est pour montrer quelle gloire il réserve à de tels imitateurs qu’il a consacré par le martyre des enfants nés en même temps que lui ; issus comme lui de Bethléem, et ses égaux en âge, ils sont dès lors associés à sa Passion. Que l’humilité soit donc aimée, que les fidèles évitent en tout l’orgueil ! Que chacun préfère les autres à soi et que personne ne recherche son propre intérêt, mais celui d’autrui (I Cor. X, 24) ; quand tous seront remplis de tels sentiments de bienveillance, le poison de l’envie disparaîtra, car celui qui s’élève sera abaissé, et celui qui s’abaisse sera élevé (Luc XIV, 11). C’est Notre-Seigneur Jésus-Christ qui l’atteste lui-même, lui qui, avec le Père et l’Esprit-Saint, vit et règne comme Dieu dans les siècles des siècles. Amen."
Saint Léon le Grand (7ème sermon sur l'épiphanie)
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Que cette belle fête de lumière soit pour tous, petits et grands, une source de joies familiales, autour de la célèbre galette des rois ! Et que ceux qui n'auront pas le bonheur de
la vivre en famille soient assurés que nous nous associerons à eux dans la chaleur de notre prière.
QUE LA FETE COMMENCE !