A ce propos, je dois avouer que l'on se retrouve très dépourvu, mis à nu, lorsqu'on est délesté de ses moindres effets personnels : plus de médicaments, de nécessaire de toilette, de pyjama, plus de change, plus de livres (j'avais en cours le troisième tome de Jean-Christophe de Romain Rolland, je me suis empressée de le commander sur le net, les trois autres neufs et récents, je salivais à l'idée de les lire, je vais les racheter) ... A Sion, dans une succursale Emmaüs, bien pourvue en livres, j'ai acheté cinq titres, comme pour conjurer le mauvais sort et lutter contre l'adversité... Devenir voyageur sans bagage est quand même une expérience que je ne vous souhaite pas de connaître.

Ce livre est un essai métaphysique, scientifique et plutôt complexe. Il ne fait pas partie des textes que je lis généralement.
Extrait :
"Depuis vingt ans ou quarante ou soixante, tu fais partie de tout. Ce tout qui se dilate ou se contracte ou qui monte ou descend, qui vient de quelque part et va vers autre part.
Et toi avec.
Tu y es à ta place, avec ta forme à toi, et ta fonction, que tu ignores. Tu travailles, tu dors, tu respires sans te préoccuper. Tu existes. Comme le grain de sable sur la plage.
La marée te roule et te mouille, le soleil te sèche, le vent t'emporte et te laisse tomber.
Tu tiens ta place de grain de sable. Milliards de milliards sur la grande plage.
Et toi avec.
Tu nais, tu vis, tu fais des enfants, tu travailles pour eux, pour les autres, contre les autres, contre les tiens, tu aimes, tu hais, tu te bats, tu es heureux, malheureux, tu manges, tu pleures, heureux au fond malgré tous les malheurs, sans réfléchir, le train t'emporte, tout va, tu vas, tu es assis sur une pierre de vacances ou sur ta chaise de travail...
Et tout à coup, suspendu entre le vent, la marée et le soleil, suspendu immobile abandonné tout seul, tout à coup suspendu brutalement lucide, un instant, un éclair, tu n'es plus dans le coup...
Tout à coup, tu vois le fonctionnement autour de toi. L'énorme prodigieux tourbillon qui entraîne tout et tout depuis des milliards de temps jusqu'au fond des milliards d'éternités, du fond des milliards d'espaces jusqu'au fond des milliards d'infinis.
Milliards de milliards de multiples créatures en mouvement, atomes, cellules, individus, étoiles, galaxies, univers, tout en vient et tout y va.
Et toi avec.
Où?"
(...)
René Barjavel - La faim du tigre - Folio n° 847

Quatrième de couverture :
"La main hésitante, il saisit délicatement le journal. Une rêche couverture de cuir protège une cinquantaine de pages. Cette sensation d'une présence ne le quitte plus; il croit même entendre un murmure quand il ouvre le carnet. Bien que jaunies, les feuilles sont intactes et l'encre délavée demeure lisible. En page de garde, on peut lire :
"Journal de Joshua Brown, esclave, 06.08.1849"
Ben Mclane découvre le journal d'un esclave, caché sous une latte de son parquet et vieux de 150 ans. D'étranges zones d'ombre persistent dans le récit de Joshua Brown. Ben plonge dans une période sombre de l'histoire américaine pour faire la lumière sur le passé du jeune esclave. Ce n'est qu'une fois toutes les pièces du puzzle rassemblées qu'il saisira la portée de sa découverte."
Bois d'ébène - Julie du Fay de Lavallaz - Les Editions Baudelaire