Le JULES VERNE EN 45 JOURS !!!

Publié le 07 janvier 2012 par Stephanebigeard

Presque deux fois plus vite que le Phileas Fogg de Jules Verne ( 80 jours...)
En faisant le tour du monde en 45 jours, Loïck Peyron remporte une de ses plus belles victoires sur ce terrible adversaire qu'est le temps.

Cette aventure humaineet bien sûr sportive, c'est l'histoire d'un skipper et son équipage qui se sont élancés à l'assaut du Trophée Jules-Verne à bord du «Banque Populaire V».
Loïck Peyron, qui a remplacé Pascal Bidégorry au printemps, s'est élancé, avec ses treize équipiers, pour une circumnavigation de 21.760 milles sans escales, déterminé à être le huitième skipper dans l'histoire à raccourcir le monde.
Alors que son frère aîné, Bruno, a dompté trois fois la planète, c'est une première pour le grand marin.
La course contre le temps et le record du Trophée Jules-Verne était auparavant détenu par Franck Cammas et l'équipage de Groupama 3 depuis 2010, en Quarante-huit jours, sept heures, quarante-quatre minutes...

Loïck Peyron et ses coéquipiers, s'est emparé hier soir du record du Tour du monde à la voile - le fameux Trophée Jules-Verne !!!!
Ils ont accosté ce samedi matin au port du Château à Brest (Finistère), où ils ont été accueillis par des milliers de personnes.
Premier détenteur du Trophée Jules-Verne en 1993, le frère aîné de Loïck, Bruno, est monté à bord pour féliciter l'équipage, qui a bouclé cette circumnavigation en 45 jours 13 heures et 42 minutes, battant de plus de 2 jours le record établi en mars 2010 par Franck Cammas et ses neuf équipiers sur un autre trimaran, Groupama 3 (48 j 07 h 44 min).

Une fois Banque Populaire V accosté au ponton, quelques membres des familles des équipiers sont montés à bord, ainsi que David Douillet. "C'est gentil d'être là!", lui a lancé Loïck Peyron, s'excusant en rigolant de ne pas avoir eu le temps de se raser.
Quelques magnifiques images de ce record ...

Loic Peyron n'est pas seulement un immense Marin, il est aussi un très grand manager qui a su tirer toute la force de son équipage dans un contexte souvent très éprouvant ...
Découvrez son interview avec notamment l'explication qu'il donne de son rôle de "Chef d'Orchestre" et de skypper qui dit il : "J'aime mettre de la légèreté dans l'ordre.
J'aime diriger, mais pas être chef.
J'aime fédérer, mais pas être au centre.
Pour moi, le coup de gueule, c'est une manière féodale et archaïque synonyme d'échec ; l'erreur est déjà faite.
Je fais tout pour éviter cela."


INTERVIEW -
- Pourquoi n'avez-vous jamais tenté auparavant de conquérir le Trophée Jules-Verne ?
Loïck PEYRON.- J'ai fait partie des co-créateurs, lors de la grande réunion sur cette péniche amarrée à l'île de la Jatte, il y a plus de vingt ans, avec mon frère Bruno, Yves Le Cornec, l'initiateur de cette idée géniale, Titouan Lamazou, Florence Arthaud, Jean-François Coste et d'autres.
À l'époque, j'étais sur une voie différente.
Et puis, dans les années 2000, il y a eu le renouveau du cheptel de ces chasseurs de records.
Cela m'intéresse, mais c'est difficile à vendre, car c'est un sacerdoce. Alors l'opportunité de le tenter sur Banque Populaire V est incroyable.

Avez-vous estimé le gain auquel ce maxitrimaran peut prétendre ?
Je n'en ai aucune idée. Il a un potentiel supérieur à Groupama 3, dans les vitesses moyennes et dans la mer formée.
Sa force, c'est qu'il est le bateau le plus rapide sur la planète aujourd'hui dans la mer croisée, qu'il a la capacité de moins ralentir dans une mer cassante.
Mais Groupama 3 était supérieur dans les conditions légères.
Croire que, sans avarie, on battra le record serait une totale méprise.
Il n'y a aucune certitude. Au-cu-ne. C'est toute la beauté du geste.


Vous n'étiez pas à la genèse de ce projet. Auriez-vous conçu un bateau comme celui-là ?
Non. Je trouvais que le fait d'étirer un 60 pieds avec tous ses détails, c'était risqué.
Mais Pascal Bidégorry a eu vraiment raison. Un trimaran est efficace quand il vole sur une seule coque.
Piloter finement en l'air un immense bateau n'est pas facile.
C'est faisable et fascinant, et c'est pourquoi j'ai changé un peu d'avis.
Mais j'avais un projet un peu différent, celui d'un foiler.

Le record autour du monde atteindra-t-il un jour une limite ?
Oui, à cause de la météo, de la vitesse de déplacement des dépressions.
Là où la marge de progression est importante, c'est dans les temps de transition.
J'ai toujours essayé, non pas d'être le plus rapide, mais de ne jamais être le plus lent.
On reconnaît un très bon pilote à son freinage, à la manière dont il va ralentir sa distance de freinage et non pas à sa vitesse de pointe en ligne droite.


Comment vous sentez-vous dans une équipe que vous n'avez pas choisie ?
Comme un chef d'orchestre.
Qui a à accomplir non pas un défi, mais une mission.
Mon dernier tour du monde en équipage, c'était The Race, en 2001, quand on avait réuni une bande de potes mue par la volonté de faire le tour du monde.
C'est un peu l'état d'esprit, ici. La moitié de l'équipage n'a pas fait le tour du globe.
Et n'ayant pas eu la charge de la conception, je viens avec une sorte de légèreté de l'être qui rend les choses plus faciles.

Quel skipper êtes-vous ?
J'ai cette faculté de fédérer qui me vient peut-être de mon père, capitaine au long cours.
Mais je suis tout l'inverse d'un chef dans le sens dictatorial, ou je suis un dictateur beaucoup trop démocrate !
Comme la prose de M. Jourdain, il faut manager sans en avoir l'air.
J'ai ce travers de vouloir rendre les choses légères.
Je peux donner l'impression que je ne prends pas les choses au sérieux. Mais ce n'est pas le cas.
Seulement, j'ai besoin de sentir une cooptation permanente.
Cela devient une manie, mais si je demande quelque chose, comme «on vire», je finis mes phrases par, «si vous voulez».
J'aime mettre de la légèreté dans l'ordre.
J'aime diriger, mais pas être chef.
J'aime fédérer, mais pas être au centre.
Pour moi, le coup de gueule, c'est une manière féodale et archaïque synonyme d'échec ; l'erreur est déjà faite.
Je fais tout pour éviter cela.


Gérez en même temps le projet Coupe de l'America et celui du Jules-Verne n'est-il pas usant ?
C'est totalement compatible.
Il y a deux équipes rodées des deux côtés.
Et j'ai toujours eu besoin d'un moteur au départ d'une course, qui soit un projet, une envie ou un rêve.
Chaque fois, la vie a fait que j'avais quelque chose d'autre en tête.
Pour moi, chaque départ est synonyme du début d'autre chose, chaque départ est déjà la fin…

Merci Monsieur Peyron pour cette magnifique leçon de vie ....
Allez au plaisir de vous lire...