Contes des trois rives

Publié le 08 janvier 2012 par Urobepi

La période des fêtes s’achève et vous trouve tout alourdi? Trop de dinde? trop de tourtières? trop de réceptions? Trop de notes, comme aurait dit l’Empereur Joseph II à Mozart? Alors pourquoi pas une petite lecture rafraîchissante, minimaliste, un peu haïku, comme une cure de pamplemousse? J’ai justement là ce qu’il vous faut.

Mourad Djebel a publié l’année dernière un petit recueil de contes qui s’inscrit dans la pure tradition arabe. L’atmosphère est celle des Mille et unes nuits et l’écriture, d’un style volontairement compassé, ne manque pas de poésie. Voici comment débute le premier des quatre contes que regroupe cet ouvrage:

Et maintenant, disait la conteuse, que l’obscurité a parfaitement étendu sur nous la soie de sa voilure, rendue si légère par la magie des étoiles et de la lune, il est temps, avant que ne vienne vous cueillir la paupière du sommeil, de restituer le verbe à la nuit et la nuit au verbe. Ce soir, je vais vous conter l’histoire de Wadââ. Prénom désignant ces magnifiques petits coquillages appelés cauris et évoquant en même temps la racine du mot “adieu”, qu’il soit toujours éloigné de vous tant il recèle de douleurs. (p. 19)

“Restituer le verbe à la nuit et la nuit au verbe”. On ne saurait mieux dire. Dans la courte préface du livre, Mourad Djebel explique en effet comment toute son enfance a été bercée par les histoires merveilleuses que sa mère et ses tantes lui racontaient une fois la nuit tombée, mais jamais avant. Il était hors de question, semble-t-il, que la narration ne débute avant le coucher du soleil. On comprend dès lors que l’enfant, bien loin d’être effrayé par la nuit, l’appelle de tous ses vœux.

Il y a, en condensé dans ces quatre petits contes, tout l’arsenal du merveilleux: Des sorcières, des enchantements, des djinns, des belle-mères acariâtres, des pauvres qui deviennent riches et inversement. La toile de fond est bien sûr celle du désert et des oasis, des palais somptueux comme des modestes chaumières. Tout cela semble si familier et rassurant que nous voilà instantanément propulsés au pays des Mille et une nuits de notre enfance, qui n’est jamais aussi loin qu’on se plaît à l’imaginer. Le merveilleux est inscrit dans nos gènes prétend Borgès cité par Djebel en exergue du recueil:

Les Mille et une nuits ne sont pas quelque chose qui a cessé d’exister. C’est un livre si vaste qu’il n’est pas nécessaire de l’avoir lu car il est partie intégrante de notre mémoire…

Borges, Conférences

À savourer comme une vieille bande dessinée cent fois relue. Un Tintin par exemple…

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DJEBEL, Mourad. Contes des trois rives. Paris: Babel, 2011, 162 p. ISBN 9782742789764

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Ce Blog a également commenté le livre: Biblioblog;

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  • Dans le réseau des Bibliothèques de Montréal (non disponible. Quelqu’un peut en suggérer l’achat?)