Foi et doute :
L’acte de croire est si incertain, si fragile, si évanescent que, s’il a été peut-être à un moment vrai, il est tellement risqué de s’y fier qu’il faut lui
substituer tout le reste. C’est à dire que tout ce « reste » devient d’autant plus monumental, exigeant, que le centre est plus creux, plus fragile, plus incertain. Le croyant a si peu de réalité
intérieure qu’il ne peut vivre et l’exprimer que par et dans un ensemble conventionnel et institué. (…)
Le communiel remplace le vide existentiel. ( …) il ne doit pas y avoir d’incertitude, car cela serait radicalement destructeur. Et par conséquent on ne peut pas tolérer la diversité. La diversité est toujours source d’un autre questionnement, d’une autocritique, donc d’un doute possible. ( …) Ce qui exclut le doute, en même temps que la diversité, c’est la croyance.
Tout au contraire la foi est toute entière sous le signe de la parole centrale : « Je crois,

L’homme qui vit dans la croyance se sent à l’abri, Dieu lui est un protecteur et un garant. La foi au contraire nous place constamment sur le fil du rasoir. Parce
qu’elle ne minimise pas la

« qui donc est celui-là qui commande même aux vents et à la mer ? » C’est çà la question de foi. Pour la croyance, les choses sont simples. Dieu est
tout-puissant, donc c’est normal qu’il fasse cela. Mais sitôt que l’on normalise Dieu, la relation est fausse. Sitôt que la puissance de Dieu nous paraît habituelle, c’est la croyance qui nous
trompe. La foi sait mesurer l’incommensurable distance donc le caractère terrible et indicible du Dieu vivant. ( … ). Cependant, en même temps, c’est la foi qui permet de crier « Abba » «
Père » … Les deux ne sont pas contradictoires, amis constituent la trame et la chaîne du tissu vivant de la foi. Ainsi le doute et la crainte font partie intégrante de la foi.
