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Jacques ELLUL : Foi et croyance, à l’opposé… 4/4

Publié le 10 janvier 2012 par Perceval

Foi et doute :


L’acte de croire est si incertain, si fragile, si évanescent que, s’il a été peut-être à un moment vrai, il est tellement risqué de s’y fier qu’il faut lui substituer tout le reste. C’est à dire que tout ce « reste » devient d’autant plus monumental, exigeant, que le centre est plus creux, plus fragile, plus incertain. Le croyant a si peu de réalité intérieure qu’il ne peut vivre et l’exprimer que par et dans un ensemble conventionnel et institué. (…)

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Le communiel remplace le vide existentiel. ( …)  il ne doit pas y avoir d’incertitude, car cela serait radicalement destructeur. Et par conséquent on ne peut pas tolérer la diversité. La diversité est toujours source d’un autre questionnement, d’une autocritique, donc d’un doute possible. ( …) Ce qui exclut le doute, en même temps que la diversité, c’est la croyance.


Tout au contraire la foi est toute entière sous le signe de la parole centrale : « Je crois,

Jésus Rembrandt
Seigneur, viens au secours de mon incrédulité ». la foi est certes comparée à un roc, mais la première démarche de la foi est de prendre conscience de la distance qui existe entre la foi de Jésus-Christ et ce qui, au cœur de moi-même, palpite et demeure la foi. ( … ) la foi est un décapant terrible. Un acide radical. Elle conduit à passer à l’épreuve tout ce qui constitue ma vie et ma société. Elle conduit inéluctablement à s’interroger sur toutes les certitudes, toutes le morales, toutes les croyances, toutes les politiques. Elle interdit d’attacher croyance et sérieux dernier à toute expression de l’activité humaine. Elle nous détache, nous délie de l’argent et de la famille, du métier et de la connaissance… ( …)


L’homme qui vit dans la croyance se sent à l’abri, Dieu lui est un protecteur et un garant. La foi au contraire nous place constamment sur le fil du rasoir. Parce qu’elle ne minimise pas la

Hokusai 1760-1849 Ocean waves
puissance de Dieu tout en sachant qu’il est le Père, elle saisit l’homme de « crainte » …


«  qui donc est celui-là qui commande même aux vents et à la mer ? » C’est çà la question de foi. Pour la croyance, les choses sont simples. Dieu est tout-puissant, donc c’est normal qu’il fasse cela. Mais sitôt que l’on normalise Dieu, la relation est fausse. Sitôt que la puissance de Dieu nous paraît habituelle, c’est la croyance qui nous trompe. La foi sait mesurer l’incommensurable distance donc le caractère terrible et indicible du Dieu vivant. ( … ). Cependant, en même temps, c’est la foi qui permet de crier « Abba » «  Père » … Les deux ne sont pas contradictoires, amis constituent la trame et la chaîne du tissu vivant de la foi. Ainsi le doute et la crainte font partie intégrante de la foi.


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