Je me relevais d'avoir gardé 5 enfants la veille. De 7 à 12 ans. Ce matin là je savais que j'en gardais encore 4 jusqu'à 17-18h et que leur sommeil du moment n'était que le prélude au bruit à poindre vers midi. J'anticipais de la fatigue de fin de journée.
Nous sommes à cette période de l'année où les services de garde dans les écoles sont ou bien extrêmement coûteux, ou bien inexistants. Comme je travaille à domicile, je suis la cible parfaite pour y caser un kid. Je suis aussi plutôt bon à les garder occupés et à les amuser ce qui rend la chose toujours agréable pour tous. Surtout pour les parents qui me les laissent, parents que je dépanne et aide.
Voilà une chose que l'on ne fait plus tellement régulièrement.
Pas que nous ne regardons pas des films ensemble mais nous ne passons plus par le club vidéo très souvent. Manque de temps. Mais comme je passe plus que régulièrement à la bibliothèque, j'y emprunte très souvent des nouveautés tout aussi nouvelles qu'au club vidéo.
Pour 649 cennes de moins. (Chuuuuuuuuuuuuuut!)
En me rendant à la Vievliothèque (sic) le film que je voulais ne s'y trouvait pas. Je suis comme ça, quand je vais au club vidéo je sais exactement ce que je vais chercher. Toujours. Jamais je n'y traine en errance. Ou très rarement. Contrairement à la bibliothèque où je suis un véritable ver de terre qui peut se glisser de quatrième de couverture en quatrième de couverture comme une jeune fille se laisse porter par le vent dans un champ de blé au mois d'août.
J'ai mes habitudes à la bibliothèque locale.
Livres, films, musique, comment ne pas m'y abreuver?
J'y vais si souvent que je crois être devenu le préféré d'une petite madame. Elle pose sur moi continuellement des regards attendris, comme celui que l'on poserait sur son gendre préféré. Elle me donne du "M.Jones" comme si j'étais le premier ministre. Elle refile un usager à une autre employée pour venir me servir. Deux fois je l'ai entendu demander, après m'avoir parlé, à une collègue d'à peu près mon âge, si elle avait un amoureux. Ce type d'association mentale ne laisse aucun doute, je lui plais beaucoup.
Comme mon film ne s'y trouvait pas j'en ai profité pour explorer une autre curiosité qui me tentait.
Comme je suis le chouchou de madame, c'est toutefois la matante qui m'a rappellé chez moi pour me dire qu'elle fait des pieds et des mains pour me trouver la série. (Peut-être me prend-elle pour le personnage principal de la série Hung...)
Je suis allé au club vidéo où le type de service fût tout autre. On a accueilli mon portefeuille avec un double "Bonjour Monsieur". Un de la gauche de la part d'une jeune fille qui n'avait pas complètement terminé sa conversation au téléphone cellulaire avec une amie et un autre "bonjour" de la droite de la part d'un jeune homme à lunettes prêt à me vendre de la téléphonie, de la cablodistribution et des patates rissolées.
J'ai vite repéré le film en question, sans aide, qui m'attire beaucoup car je lis en ce moment un peu sur l'histoire des noirs. Mais aussi puisqu'il réunit un casting de rêve. Emma Stone, Viola Davis, Bryce Dallas Howard, Jessica Chastain, Octavia Spencer, Ahna O'Reilly, Allison Janney, Anna Camp, Marie Steenburgen, Cicely Tyson, Mike Vogel, Chris Lowell, Sissy Spacek et Brian Kerwin.
J'aurais du soupçonner que l'aide traitée dans le film serait beaucoup celle du barbu crucifié. Je savais aussi que je plongerais dans le sud des États-Unis à la naissance des droits civiques entre 1955 et 1968. Quand les États-Unis étaient plus rudimentaires dans leurs valeurs, se levant et se couchant avec Dieu. Le film est une véritable plongée dans l'Amérique de 1963.
Malgré la lourde main moralisatrice, la bienveillance de la réalisation de Tate Taylor et l'abominable titre français, le film est porté par une brochette de fabuleuses comédiennes. Franchement rayonnantes. Ma foi a été renouvelée. Ma foi en l'Homme pas en Dieu. Foi en l'Homme amenée par un groupe de femmes. Ne le cachons plus (et avisons certains autres peuples) l'Homme avec un grand H c'est la femme.
J'adore la neige avec ses reflets bleutés dans la neige de janvier.
Mais c'est dans la peau bleutée des personnages de ce film, dans le soleil du Mississippi, que j'ai trouvé ce qui a fait ma journée ce vendredi-là.