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Pour l'histoire : à propos du cardinal Tarancón (2)

Publié le 11 janvier 2012 par Hermas

padrefortea.jpgJe me suis imposé, page après page, la lecture de l’ennuyeux et interminable livre des Mémoires du cardinal Tarancón, en me demandant ici et là s’il allait enfin nous dire, sur quelque sujet que ce soit, quelque chose qui importait vraiment. Mais non. Par un zig-zag permanent, il a évité tout thème conflictuel. Personnellement, je n’en ai pas été déçu ; ce sont les siens qui l’ont été. En effet, ce qu’il revient finalement à dire sur chaque sujet, obliquement, c’est ceci : « Je n’étais pas comme vous l’imaginiez, j’étais beaucoup plus conservateur que vous ne le pensiez ». 

Cependant, un livre ne se substitue pas à une vie. Madrid, dans les années 80, était un archidiocèse immergé dans un processus jacobin qui annonçait les pires brumaires. S’il n’a pas explosé, c’est que de bons prêtres ont tenu à leur poste : obéissants, loyaux envers le Magistère, faisant leur devoir. En revanche, si ce gouvernement de l’archidiocèse s’était poursuivi dix ans de plus, il est incontestable, et nul ne peut en douter, l’archidiocèse aurait volé en éclats. Fort heureusement, le clergé manifeste une forte tendance à la longévité. De sorte que, bien malgré la révolution taranconienne, une infinité de bons prêtres ont tenu bon. Les progressistes les considéraient comme des cas désespérés. Que ne vivent pas les prêtres traditionnels !  Il semble qu’ils en aient eu alors à vivre plus que jamais.

Pour parachever ces mauvaises perspectives des progressistes, il faut tenir compte des baisses terrifiantes survenues par sécularisation chez les libéraux. Entre les défections des uns et la longévité des autres, ils ne s’y retrouvaient pas. C’était comme une malédiction de Toutânkhamon. Parmi les exaltés, les pertes au combat furent plus grandes que sur le Front oriental pendant la seconde guerre mondiale.

Telle était la situation lorsque Tarancón dut présenter sa démission, en pleine possession de ses facultés physiques, mentales et cardinalices. Il s’est alors retiré dans ses terres, à Burriana (1). Encore heureux, parce que s'il était demeuré à Madrid, il aurait été comme le Huitième passage de la navette du Nostromo (2).

Je suis convaincu que pour Tagliaferri (3), le nouveau nonce, Burriana était encore trop près de Madrid. Il aurait préféré que le cardinal aille exercer son ministère à Trinidad-y-Tobago. Qu’il apprenne l’anglais, qu’il apprenne l’anglais, c’est la langue de l’avenir.

Source : “Le cardinal Tarancón : l’heure de l’analyse est venue”, in “El Blog del Padre Fortea” (Intereconomia).

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(1) Dans la province de Castellón, au Nord de la communauté valencienne (NdT).

(2) Allusion au film de Ridley Scott, Alien le huitième passager. Alien est cet extra-terrestre qui surgit à bord d'une navette du vaisseau de remorquage Nostromo, lors d'une expédition, et qui tente de tuer les autres sept passagers (NdT).

(3) Mgr Mario Tagliaferri (1927-1999), fut nommé nonce apostolique en Espagne le 20 juillet 1985. Il resta pendant dix ans à ce poste avant d'être nommé nonce apostolique à Paris, où il resta pendant trois ans, jusqu'à son décès (NdT). 


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