Charlemagne et le papillon

Publié le 14 janvier 2012 par Fbaillot


Voici ce que j'ai déclaré ce vendredi 13 octobre à l'occasion de la cérémonie des vœux :
Nous nous retrouvons comme chaque année pour nous souhaiter mutuellement une bonne année, et je ne vais pas déroger à cette tradition tellement agréable.
Mais je vais entamer mon propos dans le même esprit que mes collègues maires des villes voisines auxquels j’ai rendu visite lors de ces derniers jours. Vous allez voir, ce n’est pas gai, mais rassurez-vous, ça ne dure pas longtemps.
La crise économique, sociale, qui frappe notre pays, mais aussi la quasi-totalité des pays industrialisés inquiète les uns et les autres, légitimement. L’argent-roi, l’argent fou, complètement déconnecté du travail des hommes a secoué les entreprises, les collectivités, et maintenant chacun d’entre nous constate les dégâts qu’il occasionne dans notre vie quotidienne.
Le moral des Français est au plus bas. Chacun de nous se demande de quoi notre futur sera fait. Le chômage, lui, est à son plus haut niveau depuis 1999, même si le territoire de la comunauté urbaine s’en sort plutôt mieux que la moyenne nationale, et si au sein de la communauté urbaine, le sud dont nous faisons partie s’en sort encore mieux.
Notre planète est menacée d’étouffement, à cause de l’exploitation déraisonnable que nous en faisons. Les déserts s’étendent, la famine touche des populations jusqu’ici épargnées, par exemple dans la Corne de l’Afrique, que nous laissons livrée à son sort. Les changements climatiques provoquent des catastrophes naturelles un peu partout, et la catastrophe de Fukushima a été à coup sûr une image marquante de cette année 2011.
Et plus profondément, nous constatons que les repères qui ont construit notre civilisation sont fragilisés. La tentation du repli sur soi, de l’individualisme est très grande.

Bon, j’arrête, et maintenant, je vais essayer de vous remonter le moral. Pour ce qui me concerne, je demeure convaincu que si nous le souhaitons vraiment, collectivement, nous pouvons entraver cette funeste marche en avant.
Et je suis aussi très sensible à ce qu’on appelle “l’effet papillon”. Le battement d’aile d’un minuscule insecte peut influer sur une partie du monde. Je pense que dans cette petite unité de la démocratie que constitue la commune, nous pouvons agir pour le bien de tous. Chacun dans notre village, nous pouvons contribuer à l’équilibre du monde. Le moindre geste qui peut nous paraître anodin, est susceptible d’avoir des effets démultipliés bien au-delà de notre périmètre. Il faut pour cela que nous soyons exemplaires, et c’est ce que nous nous efforçons d’être, tous, à notre modeste mais efficace niveau.
Je pourrais vous parler des efforts que nous faisons pour contenir les dépenses, pour que notre espace public soit agréable et durable, pour que les bâtiments publics soient esthétiques et économes, pour que nos enfants aient les meilleures conditions d’étude et de découverte de leur futur, pour que ceux qui souffrent le plus soient écoutés, conseillés, soulagés, pour que nous ayons des rendez-vous artistiques, culturels et conviviaux de qualité.
Mais je voudrais plus simplement vous raconter quelques événements, petits ou grands, qui ont marqué la vie de notre commune au cours de cette année 2011, et qui, il me semble, peuvent participer de ce fameux “effet papillon”.

En premier lieu, je voudrais vous parler de quelqu’un qui nous a quittés. Charlemagne. Charlemagne Wattrelot. Tous les Templemarois, jeunes ou vieux, connaissaient Charlemagne. C’était notre figure, notre mémoire, notre sourire. Charlemagne est parti il y a quelques semaines, et je crois qu’il serait content que ce soir on dise de lui que sa mémoire est bien vivante, et qu’il demeure un exemple pour notre avenir. Charlemagne avait eu une vie bien remplie. Agriculteur, mais aussi peintre, chanteur, il était l’âme de tous ceux qui s’intéressent à l’histoire locale. Mais il était aussi notre père Noël, toujours affable, de bonne humeur. De là où tu es, Charlemagne, nous te le disons, nous nous rappellerons de toi, et nous mettrons à profit ton bon sens, ton goût pour l’histoire, tes connaissances. Tu contribueras ainsi, avec nous, à amener un peu de ta culture, de ton goût de la vie.

Autre événement sur lequel je voudrais mettre l’accent. En novembre, nous nous sommes associés aux bénévoles de la Croix rouge pour la collecte de denrées alimentaires. Des membres des associations, des conseillers municipaux, des enfants du CME sont passés à la porte de chaque maison, comme nous le faisons depuis trois ans. Et une nouvelle fois, nous avons battu des records. Il y a quelques années, cette collecte représentait 600 kilos de nourriture, et c’était déjà un total tout à fait honorable. En novembre, ensemble, nous avons collecté à Templemars plus de 1300 kilos qui contribuent durant toute l’année à aider des familles qui en ont besoin. Vous avez sans doute entendu parler des difficultés qu’ont les organisations comme la Croix Rouge, les Restaus du Coeur, le Secours populaire pour réunir ces aliments, l’explosion de la demande, en même temps que les réticences européennes à continuer à fournir des surplus agricoles. Et bien à Templemars, la solidarité ce n’est pas un vain mot. Les collecteurs petits et grands, et aussi les habitants qui ont participé à cette collecte ont été généreux et ont effacé une partie des points d’interrogation qui planaient au-dessus de cette aide aux plus fragiles. Alors, je lance un appel ce soir. Il faut que nous continuions à battre des records en matière de générosité, et nous comptons sur vous pour la prochaine collecte, en novembre prochain. Vous pouvez vous joindre au groupe de collecteurs, ou plus simplement, vous pouvez amplifier vos dons. Et vous verrez, la générosité, c’est contagieux.

Troisième exemple templemarois. Vous le savez, jusqu’au 31 décembre, il était possible, il était même du devoir de ceux qui ne l’étaient pas de s’inscrire sur les listes électorales. On l’a beaucoup dit, cette démarche est souvent oubliée, et dans bien des villes ce renouvellement était un peu laborieux. A Templemars, pour les prochains scrutins de 2012, dont on mesure l’importance, nous comptons plus de 340 nouveaux inscrits : 10% de la population. Appréciable non ?

Je reviens sur ce CME, dont on vous a parlé tout à l’heure, qui va souffler dignement ses vingt bougies. Quel plus bel apprentissage du métier de citoyen que cette démocratie à laquelle nos enfants prennent part avec tant de sérieux et d’enthousiasme. Sans doute d’ailleurs parmi les 340 nouveaux électeurs de 2012 y a-t-il des anciens du CME.

Dernier exemple, je voudrais vous parler de notre belle médiathèque Noël Dejonghe, que nous avons inauguré en mai dernier. Et bien dans quelques jours, nous aurons franchi le cap des 1000 adhérents. Et on vous en a déjà parlé, nous sommes en train de créer, avec les villes voisines de Seclin, Houplin-Ancoisne, Vendeville, Lesquin, Lezennes le premier réseau de médiathèques de la communauté urbaine, qui nous permettra d’échanger des ouvrages, des expositions, des animations, des formations pour les bibliothécaires, etc., etc....
A Templemars, la lecture, et notamment la lecture publique, ça marche. Et c’est une évidence, mais autant le dire et le redire, la lecture, mais aussi le visionnage de films, de disques, et plus généralement la culture, c’est une formidable porte ouverte sur les autres, sur ce que nous ne connaissons pas, sur ce que nous comprenons pas.

Vous le voyez, la dimension de la commune est essentielle pour notre « vivre ensemble », pour que nous partagions les bons moments, mais aussi les difficultés, et pour que nous cherchions les bonnes solutions. Templemars n’est pas une île, ce n’est pas non plus la planète des Bisounours. Nous ne pouvons pas nous abstraire des réalités, comme nous ne pouvons pas les résoudre d’un coup de baguette. Nous avons du travail pour rendre la vie plus facile, plus belle, nous devons résoudre quotidiennement des difficultés, et nous ne pouvons promettre que ce que nous avons, pas la lune.

Mais nous savons que nous sommes capables de beaucoup de choses. Nous sommes attachés à notre cadre de vie, à cette proximité qui fait que nous nous connaissons, à cette dimension humaine, à la qualité des rapports que nous parvenons à entretenir ensemble. C’est pourquoi, comme mes collègues des villes voisines, je souhaite que la dimension communale demeure un axe essentiel de la démocratie, une base à partir de laquelle nous pouvons coopérer, fédérer, partager, mutualiser, mais qui conserve son autonomie, sa force, sa valeur, son identité. Et pour cela, nous devons conserver notre autonomie administrative, financière et les moyens correspondants. Or ceux-ci ont tendance à fondre lentement mais sûrement, notamment en raison des désengagements de l’Etat.
Vous le savez, avec les communes voisines, nous travaillons beaucoup ensemble, parce que cela nous renforce, mais nous conservons nos spécificités, nos traditions. C’est le cas de notre combat pour une meilleure accessibilité et le désengorgement des entrées sud de la métropole dont les habitants, les entreprises ont tant besoin. C’est un effort de longue haleine, mais nous ne baissons pas les bras.

Nous avons aussi d’importants projets en matière de logement, avec la communauté urbaine et LMH, l’office communautaire présidé par Alain Cacheux. Nous devons améliorer notre offre de logement, parce que notre population vieillit, et que nous devons offrir aux jeunes et aux moins jeunes des maisons, des appartements plus variés, correspondant mieux aux moyens, aux besoins et aux attentes de chacun.
Ce soir aussi, je veux parler de nos projets d’investissements communaux, même si nous les avons déjà abondamment évoqués. Les judokas et les karatekas attendent impatiemment le dojo qui devrait voir le jour cette année. Ce sera un très beau bâtiment dans lequel le bois sera prépondérant, aux normes de la Haute qualité environnementale, attenant à cette salle Colette Besson. Notre député nous a d’ailleurs promis une aide pour cette belle réalisation. Nous devrions ensuite réhabiliter la salle des Rouges Barres, mal isolée, mal chauffée, qui trouvera un nouvel usage et une nouvelle vie au service des danseurs, des amateurs de yoga, de gymnastique volontaire.
Nous voulons aussi offrir de meilleures conditions de travail aux bénévoles de l’aide alimentaire, aux nounous du réseau d’assistantes maternelles. Je n’oublie pas nos amis de la pétanque, qui attendent un local adapté, et les nombreux aménagements que nous avons d’ores et déjà engagés pour que l’ensemble de nos bâtiments publics soient mieux isolés, moins gourmands en énergie, et accessibles aux personnes à mobilité réduite. En 2012, nous engageons aussi la réflexion sur le réaménagement de l’hôtel de ville. Mais les travaux interviendront plus tard sans doute. Et comme nous l’avons toujours fait, pour chacun de ces projets, nous pratiquerons la transparence et la concertation.

Vous le voyez, le cahier de devoirs des élus municipaux est bien rempli, et nous savons que nous devons envisager ces objectifs avec modestie et réalisme. C’est la raison pour laquelle nous nous efforçons de soumettre nos dépenses à un régime minceur. Vous le verrez ce soir par exemple, nous essayons de contenir les frais que nous engageons, y compris pour cette soirée de vœux. Mais rassurez-vous, il y en aura pour tout le monde, ce soir et tout au long de l’année.

Je voudrais terminer mon intervention en citant quelqu’un dont nous avons été nombreux à suivre le parcours avec respect et admiration : « N'est-il pas vrai que pour chaque citoyen - et doublement pour les hommes politiques - l'essentiel est et devrait être finalement que la vie soit plus belle, plus intéressante, plus lumineuse et plus supportable ?» L’auteur de cette belle phrase est Vaclav Havel, grand homme de théâtre, acteur de la libération de son pays, président de la République fédérale tchèque et slovaque, puis de la République tchèque, celui qu’on appelait le président philosophe. Avec Vaclav Havel, qui nous a quittés en décembre dernier, je vous souhaite une année 2012 plus belle, plus intéressante, plus lumineuse et plus supportable.