La haine des gros bouchons qui flottent ? (après celle des grands zoiziaux de métal)

Publié le 16 janvier 2012 par Anaïs Valente

La semaine dernière, au bureau, on a joué au Lotto.
Bien sûr, le plus amusant, dans cette procédure, ce sont les jours qui précèdent, durant lesquels on fantasme sur ce qu’on va faire avec tout cet argent qui tombe du ciel.
Des bains de champagne ?
Acheter un joli duplex ?
Créer une maison d’accueil pour rats abandonnés (et accessoirement maîtres de rats célibataires bruns et ténébreux) ?
Faire une croisière ?
Voilà ce dont nous avons parlé toute la semaine : nos projets à développer grâce à tout ce pognon.
Bien sûr, les jours qui suivent le tirage sont plus tristounets, mais soit.
Ainsi donc (pléonasme), nous avons causé vacances, la semaine dernière, et plus particulièrement croisière.
Et lorsque Mostek a évoqué le principe de la croisière, j’ai applaudi des deux mains et des deux pieds, car j’ai vécu, j’ai testé, j’ai approuvé, j’ai adoré et je n’ai envie que d’une chose : réitérer.
J’ai donc raconté quelques souvenirs.  Les jacuzzis avec vue sur ciel tout bleu.  Le pont du bateau désert sur lequel j’ai dansé, seule, un soir, face au coucher de soleil.  Les succulents repas chaque soir.  Les buffets pizzas à 18 heures.  Les kilos pris durant le séjour.  Le mini hublot de ma cabine.  La big terrasse de la cabine de nos compagnons de route.  Bref, un souvenir magique que cette croisière.
Et puis, ce samedi, aux infos, l’inimaginable.  L’inconcevable.
Encore plus inconcevable pour moi que j’ai séjourné sur un de ces gigantesques hôtels flottant.  Le Costa Victoria, que c’était, le mien.  
On a beau savoir que nul bateau n’est insubmersible, on ne peut y croire.  On le sait, mais cela reste une éventualité lointaine, une possibilité presqu’impossible…
Puis j’ai vu les images à la TV.  Le bateau sur le flanc.  Les témoignages des survivants.  J’ai imaginé la terreur des passagers.  Je me suis imaginée à leur place.  Facilement, puisqu’à leur place, j’y étais, il y a quelques années. A 21h15, dans ce salon luxueux, à dévorer de bons petits plats, en songeant déjà à l’excursion du lendemain… 
Fort heureusement, beaucoup s’en sortent « indemnes », avec une énorme frayeur et des bagages disparus.  Mais même quelques morts, c’est déjà trop.  Même une seule victime, c’est trop.  On ne devrait jamais mourir en vacances.  On ne devrait jamais mourir tout court, mais c’est un autre débat que je devrais avoir avec chais pas qui.
Et puis surtout, le fait que le capitaine ait commis une erreur de navigation, ce que l’enquête déterminera même si tout le monde le pense actuellement, c’est dramatique, mais qui peut prétendre ne jamais avoir commis d’erreur dans sa profession ?  Bon, ok, moi, si je commets une erreur, mes clients n’en périront pas, ils risquent juste de m’assassiner.  Mais qu’il ait abandonné le navire purement et simplement, pour sauver sa peau avant celle de ses passagers, ben ça c’est d’une lâcheté sans nom.  Ça, c’est vraiment intolérable.  Même s’il paraît que ce n’est pas illégal.
Clair que désormais, plus personne ne montera sur une de ces villes flottantes sans repenser à ces images qui circulent partout.


Et en plus, depuis ce matin, Mostek chante, chante et chante encore, sans le faire exprès, juste parce qu’on en a parlé au taf et qu’à force, ben on ne pense plus que bateau, mer et capitaine, « Ohé ohé capitaine abandonné ».