La nouvelle constitution de la Hongrie, aux accents très nationalistes, a été élaborée par ( et pour ? ) le premier ministre hongrois Viktor Orban. Elle fait une
référence explicite à Dieu, et son long préambule rattache le pays à ses racines et à son identité chrétienne :
« Dieu bénisse les Hongrois » dit-elle
Elle affirme solennellement l’humanité de l’embryon dès la conception et , que « La dignité humaine est inviolable… » Elle réserve également le mariage à « un
homme et une femme », elle protège la famille, la propriété, l’héritage, soutient la natalité. Et tout en affirmant l’indépendance des Églises, elle précise : « L’État coopérera avec les Églises
dans la poursuite d’objectifs au bénéfice de la communauté. »
En décembre 2010, Benoît XVI avait reçu ViKtor Orban au Vatican: Extrait de son discours:
« On n'attend certes pas de l'Etat qu'il impose une religion particulière, mais plutôt qu'il garantisse la liberté de professer et de pratiquer sa foi.
Toutefois, la foi chrétienne et la politique se rejoignent. Certes, la foi a sa nature spécifique en tant que rencontre avec le Dieu vivant, qui nous ouvre de nouveaux horizons au-delà de la
sphère de la raison. Mais c'est aussi une force purificatrice pour la raison elle-même, lui permettant de mieux accomplir sa tâche, et de mieux voir ce qui est juste. Il ne s'agit pas d'imposer
des règles ou des modes de comportement à ceux qui ne partagent pas la foi. Il s'agit simplement de la purification de la raison, qui veut aider à faire en sorte que ce qui est bon et juste
puisse, ici et maintenant, être reconnu et ensuite aussi réalisé (cf. Encyclique Deus Caritas Est , 28 ).
Le Saint-Siège prend note avec intérêt des efforts déployés par les autorités politiques pour élaborer une modification de la Constitution. Il s'est exprimé
l'intention de vouloir, dans son préambule, faire référence à l'héritage du christianisme. Il est également souhaitable que la nouvelle Constitution soit inspirée par les valeurs chrétiennes, en
particulier en ce qui concerne la position du mariage et de la famille dans la société et la protection de la vie. »
Alors … ? La Hongrie, un exemple d’état chrétien ?...
Pourtant, le pouvoir hongrois semble s’enfoncer ces derniers mois dans une voie inquiétante et s’attaque sans vergogne à des éléments essentiels de la démocratie,
comme la liberté de la presse et l’indépendance de la justice. En effet, Viktor Orban a mis au pas les médias publics, avec des licenciements massifs ou la mise en préretraite de journalistes
indociles, en dépit d'une grève de la faim de plusieurs d'entre eux, aussitôt licenciés. Et Klubradio, seule radio d'opposition, a perdu sa fréquence.
La presse a fait état de camps de travail obligatoires pour les chômeurs et les Roms…
Aussi, les catholiques européens plutôt proches d’une philosophie personnaliste et de la doctrine sociale de l’Eglise ne peuvent pas reconnaître « les Evangiles »
dans les intentions du régime autoritaire hongrois… !
Des formations très éloignées de la dont se réclament les formations sociales-chrétiennes européennes, très éloignées aussi d’ailleurs de la modération et de la
passion européenne des démocrates chrétiens Alcide de Gasperi et Robert Schuman, qui furent, dans les années 1950, parmi les forgeurs de l’idée de l’intégration du Vieux continent.
Bien sûr, notre vision française, doit corriger certains ‘a-priori’ : Après tout « Dieu bénisse les hongrois » sont les premiers mots de l’hymne national ( le
nôtre , n’est pas mal non plus .. ! ). Les « racines chrétiennes » sont attachées à des raisons historiques, et les lois qui accompagnent cette constitution ( loi votée sur les Eglises )
sont l’émanation d’un gouvernement conservateur démocratiquement élu …
Cependant, les démocratie européennes s’inquiètent légitimement des discours d’Orban, quand ils sont europhobes, nationalistes…et – d’un renforcement du contrôle de
l’état – avec les lois récentes sur le justice, sur l’enseignement public, et sur les banques…
* "L’Eglise qui, en raison de sa charge et de sa compétence, ne se confond d’aucune manière avec la communauté politique et n’est liée à aucun système politique, est à la fois le signe et la sauvegarde du caractère transcendant de la personne humaine. Sur le terrain qui leur est propre, la communauté politique et l’Eglise sont indépendantes l’une de l’autre et autonomes" [Concile Vatican II, "Gaudium et Spes" (1965).].
** "le pouvoir spirituel se tient éloigné des embûches du monde et, combattant pour Dieu, ne s’immisce pas dans les affaires du siècle, tandis qu’à son tour, le pouvoir séculier se garde de prendre la direction des affaires divines" [Saint Gélase, pape au Vème siècle, "De anathematis Vinculo" .].
« moraliser ou christianiser les actions du monde, élaborer des institutions chrétiennes, construire un état chrétien, mener une politique chrétienne, ce serait badigeonner le diable en doré pour qu’il devienne un ange. » La véritable révolution consisterait à transformer radicalement le style de vie des chrétiens… Jacques Ellul