Un petit texte écrit en septembre 2011, lyrico-méditatif je dirais. Tentative d'illustrer le processus de ma pensée qui se perd.
Je pense. Donc je suis, non ? Mais à quoi je pense ? Je ne sais déjà plus. Je pense que je pense. Ou est-ce ce que je crois ? Je m’y perds.
J’existe. C’est forcé, j’existe, Descartes l’a dit - même si je ne peux pas être sûre que lui ait existé. Mais où et quand existé-je ? Suis-je en train de rêver ? Suis-je manipulée par une créature, un Dieu, un enfant qui joue aux Sims, l’imagination délirante d’un écrivain ? Suis-je endormie quelque part, ou dans le coma peut-être ?
J’ai des souvenirs, oui. Relativement cohérents. Mais qui me dit qu’ils sont vrais ? Quelle différence entre mes souvenirs « vrais » et mes souvenirs de rêves, de films, de produits de mon imagination ? Ne suis-je pas persuadée aussi de la véracité de mes rêves, au moment où je les rêve ? Ne suis-je pas un peu amnésique au moment où je passe du rêve à la réalité ? Ne m’arrive-t-il pas de me réveiller sans comprendre où et qui je suis ?
Admettons que j’existe. Que j’existe ici et maintenant. Mais le monde autour de moi, est-il réel ? Et les gens ? On me dit qu’il y a sept milliards d’hommes sur Terre, mais qu’en sais-je ? Il y en a tant que je ne croiserai jamais, et même ceux que je rencontrerai, pourraient tout à fait cesser d’exister sans que j’en sache rien. On me dit que la Terre tourne autour du Soleil et que notre galaxie ressemble à une traînée de lait et que l’Univers est peut-être infini, mais je ne l’ai jamais vu, moi. On me dit que nous sommes composés d’atomes, mais c’est si facile à oublier dans la vie de tous les jours. On me dit qu’il existe des particules nommées quarks, mais personne ne peut les voir. La connaissance signifie-t-elle quoi que ce soit lorsqu’aucune expérience concrète n’en est possible ?
Et finalement, en quoi est-il plus rationnel de croire en les arbres que de croire en Dieu ? Les arbres je les vois, je peux les toucher et les sentir, entendre le son du vent dans leurs branches. Je peux même y grimper si je me sens aventureuse. Mais qui me dit que tout ça n’est pas un leurre ? Que je ne suis pas en train de rêver ou d’inventer cet arbre ? Que je ne suis pas en train de regarder un film en 4D, en 5D comme ils en feront sans doute bientôt… Dieu n’est pas visible, audible ou touchable, mais le quark non plus. Bien sûr un scientifique me répondrait, à raison, que l’on peut observer les effets du quark en physique. Et un croyant convaincu dirait peut-être que l’on observe aussi les effets de Dieu sur le monde. Peu importe, ce n’est pas le sujet. Le sujet, c’est la perception. Comment puis-je faire confiance à mes sens s’ils ne peuvent pas tout percevoir, s’ils peuvent se tromper ?
Fil de ma pensée, où es-tu ? J’étais en train de penser, pas vrai ? Je ne sais plus. Je m’y perds.