Nous avons vu que l’accumulation des tâches produit un nouveau type d’interactions avec la tâche. Le travail n’est plus appréhendée dans sa perspective objectivale (objet de valorisation de soi, de gain, etc.), mais il se développe un nouveau regard qui est subjectif.
Le regard subjectif a cette caractéristique qu’il n’a pas pour vocation de finir la tâche, mais de rendre objectif le fait que la tâche n’est pas finie. Ce regard subjectif se développe surtout sur les nouvelles tâches, empêchant un processus objectif d’expliquer de manière adéquate la non réalisation des anciennes.
La nouvelle tâche n’est donc plus confrontée en priorité à sa finalisation, mais à sa position dans l’organisation. L’individu interagit mentalement avec elle non pas dans une perspective jouissive de la finir et de faire rayonner ainsi son image, mais de la placer dans sa vraie position au sein de l’organisation et donc de réduire son niveau de responsabilisation et en conséquent d’implication dans la tâche. Si la tâche est peu lourde, elle sera achevée. Sinon, elle ne le sera pas et participera au processus d’accumulation des tâches, mais cette fois sans apporter un stress personnel au travailleur. Il développera au besoin une autre forme de stress, mais pas un stress personnel dans lequel il est impliqué.
Nous parlions du positionnement de la tâche qui devient une activité principale de l’individu. La tâche sera positionnée par rapport à divers composantes de l’organisation : humaines, physique, système de gestion, structure (pour garder l’approche de Livian). Ici aussi, les démarches objectives et subjectives sont possibles. La démarche objective s’intéresse au rôle de chacune de ces composantes avec la tâche. Ce qui va cependant rendre la composante humaine la plus présente dans une démarche subjective, c’est l’interaction que l’individu dans l’organisation entretient avec les autres individus.
L’individu regarde davantage la responsabilité des autres individus dans l’organisation parce que la composante humaine est celle dont il a à priori le plus conscience ou si on veut, celle avec laquelle il a l’interaction la plus consciente.
Donc désormais, chaque tâche sera inconsciemment passée sous le moule de l’individu qui devrait interagir avec elle avant le travailleur. C’est ainsi que la conscience du travail des autres dans le travail que j’ai moi-même à faire devient une réalité permanente.
Encore une fois, il ne s’agit pas simplement d’affabuler sur les autres. Parfois même, ce sont les autres qui en provoquant consciemment ou pas l’accumulation, qui entrainent l’individu dans cette nouvelle relation avec la tâche. Certains n’y vont carrément pas de main molle en négligeant complètement leur responsabilité et en la faisant porter de manière très active par les autres.
Mais ainsi que nous le verrons dans le prochain article, cette situation au-delà de sa réalité vécue, a une incidence sur le travailleur, sur la qualité du travail du travailleur et sur l’impcat du travailleur dans l’organisation qu’il serait bon de gérer.