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Friedrich Hölderlin | L’Aigle

Publié le 19 janvier 2012 par Angèle Paoli
« Poésie d’un jour »

Baselitz_FingermalereiIII_Adler
Georg Baselitz (né en 1938)
Fingermalerei III - Adler, 1972
Huile sur toile, 160 x 130 cm
Duisburg, Museum Küppersmühle - Moderne Kunst (MKM)
Source


DER ADLER

Mein Vater ist gewandert, auf dem Gotthard,
Da wo die Flüsse hinab,
Wohl nach Hetruria seitwärts,
Und des geraden Weges,
Auch über den Schnee,
Zu dem Olympos und Hämos
Wo den Schatten der Athos wirft,
Nach Höhlen in Lemnos.
Anfänglich aber sind
Aus Wäldern des Indus
Starkduftenden
Die Eltern gekommen.

Der Urahn aber
Ist geflogen über der See
Scharfsinnend, und es wunderte sich
Des Königes goldnes Haupt
Ob dem Geheimniß der Wasser,
Als roth die Wolken dampften,
Über dem Schiff und die Thiere stumm
Einander schauend
Der Speise gedachten, aber
Es stehen die Berge doch still,
Wo wollen wir bleiben?
[...]

L’AIGLE

Mon père a survolé le Gothard
Descendant, par où vont les fleuves,
Aussi bien par la bande en Étrurie
Que droit chemin,
Sur la neige aussi,
À l’Olympe et dans l’Hémos
Où son ombre l’Athos projette,
Aux grottes de Lemnos.
Mais au commencement
Des forêts de l’Indus
Aux senteurs fortes
Sont mes parents venus.

L’ancêtre, lui
A volé par-dessus la mer
L’esprit en alerte, et s’émerveilla
Le chef d’or du roi
Du mystère des eaux,
Quand les nues fumaient rouge
Au-dessus du bateau et les bêtes muettes
Échangeant des regards
Rêbaient pâture, et pourtant
Les monts se dressent en paix,
Où ferons-nous demeure ?
[...]

Friedrich Hölderlin, Œuvre poétique complète, édition bilingue, Éditions de la Différence, 2005, pp. 864-865. Texte établi par Michael Knaupp. Traduit de l’allemand par François Garrigue.


L’AIGLE

Mon père en son voyage, a franchi le Gothard
D’où se jettent les fleuves, descendant
Vers l’Étrurie tout à côté,
Et par la ligne droite
Au-dessus de la neige encore
Vers l’Olympe et l’Hémos
Où l’Athos fait tomber son ombre,
Et vers les grottes de Lemnos.
Mais au commencement
Sont venus les ancêtres
Des forêts de l’Indus
Violentes en parfums.
Mais le premier aïeul
A volé par-dessus la mer
L’esprit tendu, et il s’émerveillait
Royal avec sa tête d’or
Du mystère des eaux,
Cependant que rougeoyaient les nuées
Au-dessus du navire, et se taisant
les bêtes s’entre-regardaient
En pensant à la nourriture, mais
Debout sont les monts immobiles,
Où allons-nous nous installer ?
[...]

Friedrich Hölderlin, Le Verbe foudroyé in Hymnes, élégies et autres poèmes, Garnier-Flammarion, 1983, pp. 110-111. Traduit par Armel Guerne.


L’AIGLE

Mon père a voyagé sur le Gothard
Où en bas les fleuves…………….
Et puis vers l’Étrurie sur le côté
Et par un chemin droit
Par-dessus les neiges
Vers l’Olympe et l’Hemos,
Où l’Athos projette une ombre
Vers les cavernes de Lemnos.
Originaires
Des forêts de l’Indus fortement parfumées
Sont venus les parents.
Mais le grand-aïeul
A volé sur la mer
Plein de pensée perçante ;
Et la tête d’or du roi fut étonnée
Du mystère des eaux,
Lorsque les nuages rouges s’amoncelaient
Au-dessus du navire et que les bêtes
Se regardaient l’une et l’autre muettes
Songeant à leur repas, mais
Les montagnes sont debout silencieuses,
Où voulons-nous rester ?
[...]

Friedrich Hölderlin, L’Aigle, in Pierre Jean Jouve, Poèmes de la Folie de Hölderlin, Œuvres, II, Mercure de France, 1987, pp. 1929-1930. Traduction de Pierre Jean Jouve avec la collaboration de Pierre Klossowski.



■ Friedrich Hölderlin
sur Terres de femmes

→ Diotima
→ La bonne croyance
→ Tinian
→ La rencontre Hölderlin-Jouve-Klossowski par Béatrice Bonhomme et Jean-Paul Louis-Lambert

■ Voir aussi ▼

→ (sur Terres de femmes) Hermann Hesse | Ode an Hölderlin



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