Au Mouching, nous savons que vous êtes une bande de fanatiques pantouflards très occupés en ce moment à monter des mouches pour l’ouverture prochaine. Mais, si par le plus grand des hasards vous n’avez rien à faire le week-end qui vient, prenez le premier bus pour New York City et venez donc vous frotter à ce magnifique bordel qu’est cette ville. Et, cerise sur le gâteau, vous aurez la chance inouïe (comme je l’ai eu la semaine dernière) de pouvoir vous rendre au musée d’Art Moderne pour y voir la rétrospective de William De Kooning.
Je me souviens, dans les années 70, avoir vu de mauvaises reproductions de cette fameuse série des « Woman » et à l’époque, avoir fait une de ces grimaces qui m’ont depuis , rendu célèbre. Bon, cette fameuse série , plus une quantité d’autres peintures, je viens de les prendre en pleine poire.
Les gars, laissez-moi vous dire une bonne chose : si vous manquez ça, c’est comme aller à la pêche sans votre moulinet, comme de manger les saucisses de Morteau sans moutarde, de baiser sans bite. Il y aura comme un manque dans votre vie et ça, pour le restant de vos jours.Imaginez un instant une bande de jeunes lascars dans les années 50, tous des incroyables artistes (étant les seuls à le penser ) qui deviennent à moitié cinglées de peinture, ruent dans les brancards et inventent l’art américain du XXe siècle avec une telle force que la sacro-sainte Académie parisienne toute-puissante en tremble encore.
Tous ces De Kooning, Arshile Gorky, Jackson Pollock (pour ne citer que les plus connus) inventent un monde qui n’existait pas dans les rêves les plus farfelus de nos concitoyens. Et avec ça, font des fiestas pas possible, se foutent sur la gueule, deviennent à moitié alcoolos, se suicident avec nonchalance…
Mais, qu’est-ce que ça à faire avec la pêche , me direz-vous ?
Attendez un peu , nom de Dieu , que vous êtes pressés comme des jeunes chiens !
En sortant de cette exposition, je me suis payé un petit bouquin de textes et d’interviews de William De Kooning et j’ai trouvé cette petite phrase que je ne peux vraiment pas garder pour moi : « Ces hommes viennent avec leurs cannes à pêche pour essayer d’attraper du poisson. La plupart du temps, ils n’attrapent rien. Je sais qu’ils s’en moquent, parce que c’est une illusion en quelque sorte . Sauf qu’un pêcheur doit croire qu’il pourrait en attraper. Aussi il doit faire tout son possible, sinon ça ne compte pas. Donc je viens ici pour les voir ne pas attraper du poisson mais croire que c’est possible, et je me sens très bien ici, parce que la peinture est aussi une illusion, et moi aussi je tente l’impossible. Nous savons tous les deux que c’est impossible. Mais peu importe, tant que nous croyons qu’un jour ça pourrait être possible. »
Bon, après ça, sac au dos, rendez-vous à New York devant le musée d’Art moderne. HURRY UP !
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At the Mouching we know that you are all a bunch of fanatical stay-at-homes, at the moment entirely engrossed in tying flies for the next fishing season. But, if by a grand chance you don’t have anything to do this weekend, jump on the first bus for New York City and come and rub shoulders with the magnificent bordello that is this city. And, the cherry on the cake, is that you will have the unheard of chance (as I had last week), to get yourself to the Museum of Modern Art to see the retrospective of William De Kooning.
I remember, in the 70′s, seeing bad reproductions of his famous “woman” series and at the time having made one of those grimaces for which I am now famous. Well, that series, plus a lot of other paintings in this show threw me for a loop. Hey guys, I’ll give it to you straight: if you miss this, it’s like going fishing without your reel, like eating sausages without mustard or like making love without a dick. It will be like a void in your life and that… for the rest of your days.
Imagine back a moment to the 50′s. A young band of rascals, all of them incredible artists (although they were the only ones to think so), crazy about painting and totally rebellious; they invent an “American Painting” of the 20th century and with such a force that the the all-powerful, sacrosanct Parisian Academy, is still trembling.
De Kooning, Arshile Gorky, Jackson Pollock (to cite only the most famous) invented a world that didn’t exist, not even in the wildest dreams of their european counterparts. And all that time they partied, they didn’t give a damn, they abused alcohol and they killed themselves with nonchalance…
But what does that have to do with fishing you ask?
Just wait a minute, in the name of god, you’re acting like young pups!
Before leaving the exhibition I bought a little book of interviews and texts by William De Kooning and I found this little phrase that I just had to share: “The men came with their fishing rods to try to catch fish. Most of the time they don’t catch anything. But they didn’t care because, in it’s way, it’s an illusion, I know that. Except, the fisherman must believe that he can catch a fish. Also, he has to do everything in his power to catch the fish or it doesn’t count. So I come here to watch them not catch fish while believing it possible and I feel real good here; because painting, also, is an illusion and I, also, attempt the impossible. Both of us know it’s impossible. But it doesn’t matter, as long as we believe that one day it will be possible.”
OK, after that, grab your back-pack and DONT WASTE A MINUTE! Next stop: New York… the Museum of Modern Art.