Les leçons de Kodak
Publié dans : Entreprises
20 janvier 2012Faut-il pleurer Kodak ? Ou encore tenter de sauver ce pionnier de la photographie et les quelque 7000 emplois de son siège social de Rochester, dans l’État de New York ?
Kodak n’est plus l’ombre de ce qu’elle était, mais jouit encore d’un bon capital de sympathie. Combien de photos de mariages, d’enfants, de vacances ont pu bien être prises grâce à un appareil Kodachrome (1935) ou Instamatic (1963) ? Nous avons sans doute été des milliards à « sourire dans le kodak » pour immortaliser un petit ou grand moment de bonheur.
La nostalgie est un argument de marketing valable, mais il ne suffit pas toujours à sauver une entreprise en déroute.
Ce qui est arrivé à Kodak est arrivé à des millions d’entreprises au fil des ans : votre produit n’est plus pertinent et votre technologie devient obsolète. Le plus bête dans l’histoire, c’est que Kodak a été mise K.O. par une technologie qu’elle a elle-même mise au point en 1975. Trois ans plus tard elle déposait le brevet du premier appareil numérique.
Ses dirigeants ont commis alors une erreur monumentale. De peur de saboter la technologie qui avait amené l’entreprise au sommet, ils renoncent à jouer le rôle de leader dans le numérique. Kodak misera plutôt sur le CD photo dans les années 1990. Ce fût un échec et le passage massif au numérique dans les années 2000 relèguera Kodak au second plan, malgré de vaillantes tentatives commerciales.
C’est toujours triste de voir une icône disparaître (enfin tout n’est pas encore joué) et des milliers d’emplois menacés. Mais cela fait partie des règles du jeu et du succès du capitalisme.
En 2010, année pourtant misérable pour l’économie américaine, il s’est créé 47 millions d’emplois chez nos voisins. Au même moment, 21,3 millions d’Américains changeaient volontairement d’emplois et 21,2 millions d’employés perdaient leur job. Au total, un peu plus de 46 millions d’Américains n’occupaient plus le même emploi qu’en début d’année.
Cette année-là, qui n’a rien d’exceptionnelle à cet égard, on observait un roulement d’environ 30 % de la main-d’oeuvre américaine. C’est dire que rien n’est statique, qu’il se détruit des millions d’emplois par année et que, par bonheur, il s’en créé encore plus, sauf en grande période de crise.
C’est pour cela qu’il m’apparaît un peu futile de vouloir sauver à tout prix les emplois perdus dans une entreprise, surtout quand elle est déclassée commercialement et technologiquement.
L’autre leçon qu’il faut tirer des malheurs de Kodak, c’est que les entreprises doivent constamment innover, quitte à se mettre à risque. Le choix « confort » des dirigeants de Kodak des années 1970 et 1980 pourrait s’avérer fatal.
source: lactualite.com