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Max | SPDC

Publié le 24 janvier 2012 par Aragon

2012-01-SPDC-154-550x367.jpgJ'y ai passé des nuits en attendant mes correspondances. C'était mon nom de bascule mentale : SPDC. Quand je descendais de l'Est c'était la porte du Sud et quand je remontais, au-delà, c'était l'Est qui s'annonçait. Y'a des noms comme ça qui évoquent la crasse, le froid, le mal-être, l'ennui, l'attente. Saint-Pierre-des-Corps, quand on dit Saint-Pierre-des-Corps on pense au train en un réflexe pavlovien et on a raison.

SPDC c'est la gare, c'est le train. Le train c'est rarement le voyage. Le train c'est l'obligé. L'obligatoire. C'était. Surtout du temps de la conscription. En 2012, y'a plus de bidasses. Bidasses, le nom même, et c'est heureux, va disparaître un jour dans les brumes du temps. Personne ne saura plus ce que ce mot signifie. Les jeunes s'en tapent, n'y pensent même pas. Pourtant ces trains de l'Est remplis de milliers de bidasses roulent encore dans bien des mémoires et SPDC en a sa large part.

Le Magasin général de la SNCF de SPDC est abandonné depuis 2006, j'ai capté cette photo (© Antonin Sabot / LeMonde.fr) dans le blog (LM) de Frédéric Potet. Son papier est bon. Mélancolique. Il a réveillé en moi quand je l'ai lu bien des choses. SPDC est intact en moi. Crasse, froid, ennui, attente interminable. Mal-être. J'aime la photo lumineuse de ce bâtiment en ruine désormais bouffé par le vent, l'eau qui s'infiltre, les tags et les lichens. Presque 30.000 m2 de plus rien. Milliers d'autres friches industrielles en France, partout dans le monde. Tiens, au hasard, l'immense ville de Détroit (Michigan) : ruine cauchemardesque aperçue l'autre jour. Société industrielle désagrégée, bouffée par le vent, l'eau, les tags et les lichens. Potet pense à Tarkovski et à Stalker. Le Magasin général de la SNCF de SPDC aurait pu servir de décor à Andréï. La Zone oui. C'est ça. Bien des lieux d'ex-vie de notre civilisation de 2012 sont des Zones réelles ou potentielles.


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