Parler de militer pour les OGM en cette période de tension, c'est suicidaire, je sais. Mais moi, je milite uniquement pour qu'on modifie génétiquement les Sangliers. Un pelage jaune leur irait si bien !
L'autre jour, j'ai voulu jouer les Papa-Noël. J'ai évité le déguisement, même si le rouge me sied magnifiquement au teint. J'ai juste apporté ce qui avait été déposé sous le sapin ruthénois pour la belle-famille du Lot. Comme je devais repartir dans le Gers, un détour me permettait de faire d'une pierre deux coups et puis laisser des cadeaux chez moi, ça me donne envie de les ouvrir même si je sais déjà ce qu'il y a dedans puisque c'est moi qui les ai emballés.
Je suis partie à 17h00 de Rodez, juste un peu plus tard que prévu. La faute à RTL9 et le passionnant téléfilm à la con diffusé cet après-midi là : je voulais savoir la suite, même si je ne me souviens plus du tout de quoi ça parlait. Quoiqu'à la fin, le monsieur et la madame se faisaient des bisous, donc ça finissait bien même si c'est dégoutant de s'embrasser en public à la télévision. J'avoue aussi que je n'avais pas envie de partir pour deux raisons : je voulais rester un peu plus longtemps avec pacsounet et puis on avait inventé un nouveau jeu. Dans un pot, de célèbres chocolats sphériques adorés des ambassadeurs. Les règles du jeu : celui qui rate le pot avec le papier du dernier chocolat manger peut en reprendre un autre. Trop dur, mais on était doué pour rater le pot. Bref.
Quand je suis partie, le soleil se couchait subtilement mais surement. Et dès le départ je me suis dit "la route va être longue". Mais tout se passait bien. La voiture déchirait l'asphalte et malgré les phares aveuglants des voitures qui arrivaient en face, j'étais plutôt sereine.
A un rond point, bien après Villefranche de Rouergue, je tourne à droite, en direction de Limognes en Quercy (oui ils ont aussi des drôles de noms campagnards là-bas). Je trouve là une parfaite reproduction de la petite route gersoise : étroite, peu éclairée, avec des champs ou des bois tout autour. Je lève donc le pieds car la nuit, les animaux sont suicidaires, ils traversent sans prévenir.
Je passe Limognes, tranquillement. Je roule à 70 sur une route limitée à 90. J'emmerde les gens qui me suivent et qui râlent de ne pouvoir me doubler. En fait non, je ne les emmerde pas, puisque personne ne me suit, il n'y a que moi pour traîner dans ce coin là, à 18h passé, dans l'hivernale nuit noire.
Je suis pas pressée t'façon, j'arriverai à l'heure selon mes savants calcul. Je passe un virage et là c'est le presque drame. Un choix à deux possibilités s'offre à moi : donner un coup de volant et me manger un fossé ou freiner le plus fort possible au risque de tamponner l'espèce de gros truc poilu qui traverse la route (Je n'ai rien contre les gros trucs poilus sauf quand ils traversent la route sans prévenir). Pas le temps de tergiverser, en moins d'un centième de seconde, mon cerveau choisit la pédale de frein. L'un ou l'autre, t"façon ça fera du mal à la bagnole. CRRRIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIFFRRRRRRRRUUUUUUUUUUUUUUUUU font les pneus qui ont surement laissé quelques traces sur le goudron. Je ferme les yeux, me cramponne au volant. Je rouvre les yeux et je vois ce sanglier, terminer sa traversée, sans broncher, à quelques centimètres de ma voiture. "Même pas mal" a-t-il surement ricané intérieurment. Tu pourrais me dire merci espèce de saleté de cochon sauvage, je t'ai quand même évité la branlée de ta vie et accessoirement j'ai sauvé titine.
C'était un véritable coup de chance, car ce pelage gris ne m'a pas spécialement sauté aux yeux, j'ai juste eu la réaction "obstacle, freine". J'aurais été à 90, j'aurais pu remplir pas mal de pots de pâté de sanglier, parce que c'était une belle bête, OUI, aussi gros qu'un éléphant ... du moins aussi gros que la sardine qui a bouché le port de Marseille.
Je prie donc les scientifiques et chercheurs qui travaillent sur les OGM qui polluent notre alimentation, de bien vouloir détourner leur travaux sur un projet de modification génétique des sangliers : d'abord qu'ils soient un peu moins cons et qu'ils ne traversent pas après un virage sans oublier de bien regarder à droite et à gauche, ensuite qu'ils développent un poil jaune fluo réfléchissant, comme nos splendides gilets jaunes qu'on doit avoir dans la voiture. Ca éviterait bien des accidents et puis moi, ça me rassurerait.
A savoir que suite à ce non-accident qui a failli finir en je ne le saurais jamais, j'ai roulé à 50 tous le long, les yeux écarquillés, aux aguets, levant le pied aux moindres petits yeux jaunes aperçus dans les environs. Je suis donc arrivée une demi-heure plus tard que prévu, m'empressant d'exprimer à ma famille lotoise la frayeur que j'avais eu en venant chez eux.