Viols et tortures d’enfants, extorsions à l’encontre des familles, abus et violences intervenant dans le silence et la terreur des victimes : c’est ce qui arrive à la communauté chrétienne dans certains quartiers de la banlieue de Karachi, la plus grande ville du sud du Pakistan, capitale de la province du Sindh. Dans un entretien accordé à l’Agence Fides, Michael Javed [homme politique catholique pakistanais] lance l’alarme : les chrétiens des quartiers d’Essa Nagri, d’Ayub Goth et de Bhittaiabad sont, depuis des mois, victimes de violences indicibles, perpétrées par les membres de mouvements politiques à forte connotation ethnique et islamique comme les pashtouns. Les familles chrétiennes vivent un calvaire mais « les gens ne portent pas plainte contre les abus par peur de rétorsions ». Au cours du seul mois de décembre, raconte Javed à Fides, « nous avons enregistré 15 cas de viol ». À Essa Nagri, il existe de véritables « cellules de torture » où sont enfermés et violés des garçonnets et des fillettes chrétiens. « Pour eux, est demandé une rançon qui peut atteindre les 100 000 roupies [867 €] et si les familles ne peuvent pas payer, les petits sont torturés jusqu’à en devenir méconnaissables ». Ces violences ont eu pour conséquence au cours de ces derniers mois que de nombreuses familles ont préféré quitter Karachi. « Le but de ces violences est d’éliminer la présence chrétienne dans la zone, réalisant une sorte de nettoyage ethnique : nous sommes considérés comme des esclaves, indignes de fouler le sol pakistanais ». Dans le cadre d’un autre cas signalé, une « maison de tolérance » a été ouverte à proximité d’une église catholique à Ayub Goth et des « jeunes femmes chrétiennes, issues de familles très pauvres, sont contraintes à se prostituer ». Les autorités, bien qu’averties, n’ont pour l’heure pas réagi. Javed lance un appel en demandant « de mettre fin à l’oppression à l’égard de notre communauté ».
Fides a interpellé le père Victor John OFM, franciscain du diocèse de Karachi, et curé d’Essa Nagri (où vivent 700 familles chrétiennes dont 300 catholiques) mais aussi responsable pastoral de la zone d’Ayug Goth (qui compte environ 300 familles chrétiennes) : « Il s’agit de quartiers très pauvres, infestés par la criminalité et l’illégalité. Des violences et des tortures existent, pratiquées par des membres de partis politiques islamiques qui font du chantage afin d’obtenir un soutien politique mais également par des militants hostiles aux fidèles. Dans la zone, le trafic de drogue est très répandu, la police se montrant complaisante. Les écoles et les services sociaux manquent et, dans ce contexte de pauvreté, la violence règne ». « L’Église, poursuit-il, est présente au travers d’une école, d’un centre de désintoxication pour toxicomanes, de l’œuvre des religieuses de Mère Teresa et des Sœurs franciscaines du Sacré Cœur de Jésus. Nous exerçons notre service surtout au profit des enfants et des jeunes, en cherchant à les aider et à les instruire pour les soustraire à la criminalité ».