Agrandir Le circuit de la 3e édition du Rallye des galeries a débuté à la galerie Trois Points, dans l'édifice du Belgo. Photo: Christine Bourgier
La Presse
«On a dû refuser du monde», dit Natalie Chapdelaine, coprésidente d'artsScène Montréal, l'organisme qui vendait les billets 100 $.
La création de petits groupes permet d'établir des liens entre les participants qui, pour la plupart, se sont mis sur leur 31: cravate ou noeud papillon, chaussures bien cirées, costume, effluves de parfum et robe de soirée.
Le circuit a débuté à la galerie Trois Points, dans l'édifice du Belgo, avec les oeuvres d'Elmyna Bouchard, des dessins en noir et blanc créés avec la technique du tampon qui reproduit des motifs identiques. Cela donne des oeuvres aux allures de tissus, de sculptures de tuf ou de créatures coralliennes. Du coup, le sommelier Steve Beauséjour, de chez Rézin, servait un vin en accord avec ces oeuvres. Le cépage vernaccia de San Gimignano, en Italie, avait été choisi en raison de l'origine étrusque de la cité toscane et de ses sculptures taillées dans le tuf.
Professeur de statistique à l'UQAM, Claude Roy, savourait ce début de soirée. «Je suis dans une discipline plutôt rationnelle mais quand je sors de la classe, je veux vivre, a-t-il dit à La Presse. L'art contemporain m'interpelle. Plus c'est flyé et plus ça me bouleverse!»
Près du professeur, Hélène Brown, d'artsScène, envoyait des commentaires sur Twitter et sur Facebook. Des participants avaient une étiquette «Deloitte» sur leur veston. «Deloitte a acheté une trentaine de billets pour ses employés, explique Robert Landry, membre d'artsScène. Le Rallye est une bonne source de professionnels pour nous.»
Sophie Labonne, qui travaille en planification financière, a expliqué être tombée dans la marmite de l'art après avoir parrainé la peintre Renée Gélinas. «On a souvent peur de ne pas comprendre l'art, dit-elle. Pour moi, c'est une façon de me rapprocher de ma zone de confort.»
Notre groupe 2 a ensuite visité la galerie Donald Browne et l'exposition Domestiquer de Jérôme Havre. Des photos du zoo de Washington dans un environnement de sculptures tissées (Holothuries) ressemblant à des concombres de mer. Un production intéressante et atypique tout comme le vin Eastern House qui était servi, un 70% syrah qu'on ne croirait pas californien, a expliqué M. Beauséjour.
Puis, l'autobus a conduit le groupe à la galerie Lacerte, au bord de la Petite Italie, où une exposition rétrospective permet de voir des oeuvres variées allant des petits guerriers de Pierre Durette aux insectes sculptés de François Chevalier en passant par les prises de vue songées d'Ivan Binet et les sculptures de Drouillard.
Yann Pocreau, responsable du Centre d'artistes Clark, et Marie-Ève Beaupré, spécialiste de l'art contemporain, qui accompagnaient notre groupe, répondaient aux questions et fournissaient des informations. «L'art du monde n'est pas pour les initiés mais pour initier le monde», a lâché Yann Pocreau.
Mme Beaupré a expliqué faire partie de l'organisation d'une grande exposition de peinture canadienne contemporaine qui aura lieu à l'Arsenal l'automne prochain.
La soirée s'est achevée à la galerie Simon Blais avec les déclinaisons de rouge de David Nash et les beautés inaccessibles (pour la plupart d'entre nous!) des Goodwin, Riopelle, Borduas, Hurtubise, Letendre, Gauvreau et autres Sam Francis (250 000 $ l'aquarelle...).
Simon Blais exposera dès le 29 février le travail de design graphique et les peintures de Denis Juneau, a indiqué Andréanne Roy, qui va bientôt quitter Montréal pour devenir la nouvelle conservatrice de l'art contemporain au Musée de Rimouski, succédant ainsi à Bernard Lamarche.
Revenant avec un autre groupe de sa galerie, le cofondateur d'Art Mûr, Rhéal Lanthier, s'est en tout cas réjoui de ce Rallye 2012. «L'AGAC a été très utile pour stimuler le marché et rénover le réseau des collectionneurs, dit-il. Le succès du Rallye fait partie d'un regain international pour l'art contemporain. Le Québec suit le mouvement.»