Entreprise difficile

Ce matin, il fait froid.

Vous pouvez vérifier.

Ou pas.

Vous en moquer. 

Ce n'est pas mon cas.

Je dois gratter la voiture.

Je ne dis pas récupérer la voiture.

Je dis gratter au sens propre : ôter le givre qui s'est formé sur le pare-brise.

Avec les ongles.

Oui, c'est ennuyeux.

Non, ce n'est pas un défi que je me suis lancé.

C'est la seule et misérable idée que j'ai eue.

En l'absence de grattoir.

En l'absence cruelle d'imagination.

En l'absence de soleil.

Non, je ne suis pas parvenu jusqu'au bout de mon entreprise.

Oui, je suis venu à bout de mes ongles.

Le voisin qui passait par là (emmitouflé) m'a vu déconfit.

Il m'a dit : Vous n'allez rien faire de bon.

J'ai pensé qu'il est c…

Il a disparu.

J'allais mieux malgré mes ongles rognés.

Mais il est revenu.

Il m'a tendu une bouteille d'eau chaude.

Versez, qu'il m'a lancé.

J'ai versé l'eau chaude sur le pare-brise glacé.

Oui, il s'est craquelé.

Encore plus.

Dans cette sombre histoire, j'ai eu de la chance : le trou s'est formé côté passager.

De sorte qu'au volant, le vent ne me giflera pas.

Tiens, en prononçant "gifle", j'ai une pensée pour mon voisin.