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De l’étonnement au doute, et du doute à l’éveil …

Publié le 30 janvier 2012 par Perceval

"S'étonner, voilà un sentiment qui est tout à fait d'un philosophe. La philosophie n'a pas d'autre origine". Platon dans le Théétète.
enfant étonnement ravi « Ce fut l'étonnement qui poussa, comme aujourd'hui, les premiers penseurs aux spéculations philosophiques. (…)Apercevoir une difficulté et s'étonner, c'est reconnaître sa propre ignorance (et c'est pourquoi aimer les mythes est, en quelque manière se montrer philosophe, car le mythe est composé de merveilleux) ». Aristote (Métaphysique)


Fréderic Midal ajoute que dans la tradition Zen, il existe l’idée du «  Grand doute » … Cette sensation existentielle de douter de tout … A ce moment là vous décollez de la réalité immédiate … « Lorsque tu as assez de foi, ton doute est assez grand. Quand ton doute est assez grand, tu as suffisamment de satori. Toute la connaissance, l’expérience, les sentences merveilleuses , le sentiments de fierté que tu as accumulé avant ton étude du zen, tout cela tu dois le jeter par dessus bord. »

boeuf fenetre hakuin
Tout travail philosophique commence à partir du moment où vous êtres prêt à tout jeter par dessus bord, et examiner à neuf ce qui est en question …
La méditation et la philosophie ne visent pas à nous apaiser, conforter, mais à nous étonner … Et il ne s’agit pas de « résoudre » l’étonnement, mais de la garder toujours aussi vif …
Comme l’écrit Jaspers, « en m’étonnant, je prends conscience de mon ignorance. »
Le doute vient une fois que j’ai répondu à l’étonnement. Autrement dit, je doute de ce que j’ai appris, de la validité de mes connaissances acquises.
Il ajoute aussi qu’en doutant systématiquement, l’homme prend conscience de ses limites. Ainsi, en réunissant Platon et Descartes, Karl Jaspers conclut sur une troisième origine de la philosophie, à savoir que le doute sur ce que l’étonnement permet conduit l’être humain vers des frontières infranchissables, des « situations-limites ».
« L’homme qui a fait l’expérience originelle des situations-limites est poussé du fond de lui-même à chercher à travers l’échec le chemin de l’être. »

perceval procession roi pêcheur

Cette réflexion me conduit naturellement à la mystique ( toute cistercienne …) de la Quête du Graal. En effet « mystique » veut dire « entrer dans le mystère ». Dans la tradition ancienne, le « mystère » correspondait au rite, au sacrement … Entrer dans ce voyage symbolique, c’est partir en « quête », et d’échec en victoire, Perceval atteint le château, mais manque le but, faute d’étonnement exprimé… ! Qu’il est donc difficile d’entrer véritablement dans sa question, et de la formuler… ! Et pourtant, l’enfant que nous étions ne craignait pas de vivre et d’exprimer son étonnement ! Du latin « extonare », signifiant frappé de la foudre, du tonnerre, l’étonnement fut de nos premières émotions fortes.

« Celui qui ne peut plus trouver ni étonnement, ni surprise, est pour ainsi dire mort, ses yeux sont fermés » (Albert Einstein dans Comment je vois ce monde, publié en 1934).


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