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D’abord brutalement. Puis trop vite, mais bien, au chaud -...

Publié le 31 janvier 2012 par Fabrice @poirpom
D’abord brutalement. Puis trop vite, mais bien, au chaud -...

D’abord brutalement. Puis trop vite, mais bien, au chaud - à l’abri. Enfin, dans la douleur.

Le départ de Caracas, d’abord. Un truc prévu depuis le début. Mais flou. À confirmer. Qui finalement arrive le jour prévu. Un hôtel déglingué, des contours de visages amicaux qui se dessinent, des habitudes qui se créent dans quelques rues. À peine.

Ce premier séjour dans la ville se termine par une cauchemardesque et sympathique rencontre chez le financeur. Table imitation tableau de bord, sièges ergonomiques, écran plat XXL. Il y a même un bar au fond de cette salle de réunion. Une gueule d’oasis dans cet enfer.

Une petite heure et demie, rythmée par PowerPoint. Une tentative de viol intellectuel. Quatre-vingt-dix minutes de tartufferie corporate. Une douche de vomi entrepreunarial. Administrée par quatre Miss Univers représentant chacune une région du globe: Marketing, Communication, Juridique et Responsabilité Sociale.

Être poli quand on parle aux gens, ne pas donner de cadeau au premier têtard en uniforme venu, ne pas en recevoir non plus. Trois des éléments les plus marquants.

Ne pas euthanasier toutes les personnes présentes dans la pièce.

Une furieuse envie de se laver la cervelle au Karcher en passant par les narines. Et les deux heures et demie de taxi qui suivront s’en chargeront. Tout comme les quelques heures d’attente et de contrôle à l’aéroport. Check-in, détecteur de métaux pour les gens, rayons X pour les bagages à main, puis attente, puis scanner pour les patibulaires, puis attente, puis contrôle aléatoire par les militaires, puis attente, attente, attente, puis contrôle des bagages à main par les militaires. Puis avion. Chouette.

Attente, encore. Parce que mystère et boule de gomme. Puis décollage.

La correspondance à Madrid? Dans l’os.

Et Paris. Froid. À s’en déboiter les épaules en grelotant.

Bercail. Puce est au taquet. Opération hibernation enclenchée.

Autistes par conviction.

Du virtuel à la pelle. Des labyrinthes et des portails. Des bots barrés. Des barres de rire plusieurs nuits d’affilée.

Puis des blocs. Par millions. Du bois, de la pierre, du charbon, du fer, de l’or, de la redstone et du diamant - mais peu, trop peu. Et des vaches, des cochons, des poules. Mais aussi des zombies, des squelettes, des araignées et des creepers.

Tsssssss

Mais des blocs. Surtout des blocs. Boulimie de gros pixels.

Un non-initié étirera un sourire narquois. Un amateur, lui, en dessinera un complice.

Et puis les potes. À doses thérapeutiques bienfaitrices.

Biture bruyante quand K-pu fait un retour éclair sur la capitale.

Discussion Gaming avec Ma-Ree, geekette choupette qui taille à Valence pendant six mois. Apprendre l’espagnol. Après deux de cours intensif à Ibiza l’été dernier.

Réveillon en douceur avec Laly et Lal-1. Noix de Saint-Jacques panées à pleurer.

Soirées DVD. Par dizaines. Parfois, une invitée. Leen-C un soir, Obélix un autre. Visionnage et profusion de conneries. 7ème Art et barres de rire.

Après-midi BD-bouquin à la maison. Chacun déboule à son heure, sans forcer. S’installe, bavarde un peu puis choisit sa came dans ce qui traîne à la maison et se cale. Par terre, sur le canapé ou le lit. Se laisse happer et se tait.

Un rayon de la FNAC entre potes, mais à domicile. Avec le thé, les petits gâteaux et la soupe maison en prime.

Une boum pétaradante chez Jou-Jou pour fêter ses 15 ans. Rideaux tirés, platines de DJ, loupiotes colorées dans tous les coins. Des bonbons, des chips, des crêpes, des Carambar. Des gamins de deux ans qui trottent à toute vitesse sur le parquet. Des gamins plus âgés qui sirotent des champagne vodka. Même les parents, dégagés pour l’occasion, passeront quand même dans l’après-midi. Pour voir si tout se passe bien. La nuit s’achève par une longue marche avec Lal-1 dans l’Est parisien. Pause syndicale au Zéro de conduite, le bidule flottant qui assure la liaison entre les deux Mk2 du Canal de la Villette. À deux heures du mat’, c’est l’endroit idéal pour s’en griller une. Lal-1 roule un zouzou et la ballade reprend. Bercail. Thé vert et Petit Écolier Chocolat Blanc. Le goûter nocturne des champions.

Le lendemain matin, soudainement, c’est J-7. De drôles de chatouilles dans le bide.

Une semaine de pied de grue au consulat et à l’ambassade de la République Bolivarienne du Venezuela pour récupérer les visas.

Le mercredi soir, les potes défilent au Baron Samedi. Sur le trottoir, espace fumeur, un cierge tourne. Et La Javanaise est chuchotée. Douce et tranquille. À l’intérieur, Go-Mar a un cadeau qui tient au fond de sa poche.

Pour avoir la classe à Caracas.

Une connerie à assumer tous les jours à l’autre bout du monde. Un badge. Fond blanc, grosses lettres roses.

MARY

POPPINS

IS A

JUNKIE

La classe internationale.

À l’autre bout du monde, K-Pu balance une vidéo où Jacques Brel, fleur au bec, rote gentiment à la gueule d’un marquis cul pincé. Sa façon à elle d’être présente.

Retour à pinces avec Rach’. Belleville, bruine et chuchotements.

Le jeudi midi, déj avec Obélix. Elle a ses 9% d’augmentation, une DG qui est une quiche et un sourire singulier: les coins de ses lèvres tirent vers le bas. Elle a des soupirs qui planquent des silences sous le tapis. Elle a des lunettes et une veste à épaulettes. Elle porte un haut noir parce que la dernière fois, elle s’est dessinée une belle rangée de médailles avec la sauce. Elle commande un cheeseburger mais sans frites. Seulement de la salade. Mais les frites de l’autre assiette lui font de l’oeil.

Piquer dans l’assiette d’un autre, c’est toujours meilleur.

Le jeudi après-midi, l’Ambassade de la République Bolivarienne du Venezuela a bien réfléchi: elle lâche les visas.

La classe internationale.

Le jeudi soir, Do-Ro se prend un méchant relent d’angoisse dans les gencives. Dommage collatéral.

Ça va… juste une bière.

En terrasse, fermée-chauffée-fumeur, son sourire apaise, son rire décrispe. Bavardages et croque-madames.

Sur le trottoir, au revoir. Tendre. Et fugace. Un geste subliminal. Mais persistent.

Persistent et bon.

Le vendredi midi, Leen-C débriefe en cassant poliment la gueule à des nouilles sautées, des légumes et du poisson pané et fondant. Son appétit de moineau cale au bout de trois lamelles de carotte.

Paris, c’est râpé. Mais Marseille, faut venir.

Le vendredi soir, des heures à deux à l’heure pour caler quatre paires de chaussettes, trois calbutes, deux t-shirts, une paire de Timb’, des tongs, un adaptateur secteur et deux bouquins. Des heures à trainer entre le gros sac à dos taxé à Obélix quelques mois plus tôt et la piaule de Puce, Temple du Gaming et de la Cinéphilie. Poursuivre encore un peu l’interminable conversation qui a démarré il y a une douzaine d’années. Record du monde non-validée par huissier. Discussion sans fin. Un livre vaut une BD vaut un film vaut un jeu vidéo vaut un plan séquence vaut un raccord vaut un fondu enchaîné vaut une bulle vaut une réplique vaut une photo vaut un cut.

Répéter à l’infini. Étirer encore un peu. Tant pis pour le sommeil.

Le samedi, le vol AF468 fait son boulot.

Back in business. Pour presque quatre mois. Et Jou-Jou a le sens de la formule.

Caracas, mon pote.


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