J’arrive au ministère un peu plus tôt. Passage de la douane, contrôle d’identité et remise d’un carton VIP permettant d’accéder au cabinet ministériel. Jusque-là, tout allait bien. Il fallait ensuite atteindre la salle où devait se dérouler la cérémonie. Malgré la description des hôtesses, je me perds dans un long corridor quand, par chance, je rencontre une dame de l’association qui s’y rendait elle aussi. Nous engageons la conversation et je veux en savoir un peu plus sur cette organisation inconnue au bataillon et très proche du pouvoir.
Après quelques mètres parcourus, devant nous, un homme plus que mûr au teint clair, grand, entre deux âges (60-65 ans), apparait au loin. Il m’est décrit comme le président de l’association. Devant nous, j’examine son costume imprimé Prince de Galles mais en semblant de tweed et faux taffetas de laine, de mauvaise coupe surtout et très large au niveau des épaules, je me dis néanmoins que l’habit ne fait pas le moine. Alors que j’étais accompagné de la dame, il lui fait la bise et m’ignore royalement. Impassible comme à mon habitude, les ors et les honneurs de la République ne me faisant ni chaud ni froid, un peu surpris quand même, j’observe le monsieur et machinalement, je découvre ses mocassins à pompons. De couleur noire, imitation grossière du modèle Cordovan de la marque Alden, je me dis que j’ai à faire à un homme sans éducation ou une caricature. Mais, la suite est pire.
Une fois dans la salle de réception, lieu épuré avec estrade en bout de pièce, trois coins salon avec des canapés de cuir noir sur la droite, le buffet à gauche, je m’installe sur un des fauteuils. Après une longue attente, le ministre arrive enfin et s’efforce de saluer tous les invités. Normal, nous tenons dans une cabine téléphonique. Passons. Sans avoir un favori dans cette course à l’Elysée, j’ai été particulièrement choqué par le discours du président de cette association. Il comportait des insanités à tire larigot. Nous vous présenterons un petit chapelet en dessous car, le quidam usait d’une dialectique morbide et mortifère digne d’un Jean-Marie Le Pen à ses heureuses années de gloire ou lorsqu’il était en grande forme. C’est ainsi que dans la bouche de cet homme, on a appris ceci, je cite :
-« Sarkozy est l’ami de l’Afrique »
-« L’immigration clandestine doit être combattue »
-« L’immigration doit être choisie »
-« Les camps de Roms doivent être démantelés »
-« Le seul pays où François Hollande peut être président de la République, c’est en Somalie, un pays africain en guerre»
-« Sans Sarkozy, la Côte d’Ivoire aurait connu un génocide »
-« Nous soutenons Alassane Ouattara » etc…
C’est son droit le plus absolu de penser ce qu’il veut. Mais, je vous laisse apprécier ce bout de saillie d’un complexé qui vient pourtant d’Afrique. Les convives n’ont pas manqué de rire aux éclats avec l’exemple de François Hollande ou même de sa trituration sur sa prononciation du mot République en Reupublique. Il est originaire d’un pays qui a connu la guerre et que je refuse de citer ici ainsi que le nom de cet orateur hors pair ou des égouts, c’est selon. Le ministre a d’ailleurs repris gentiment le quidam, uniquement sur sa critique de François Hollande. Il a par ailleurs dit que ce soutien affirmé en faveur de Nicolas Sarkozy fait de lui un modéré, alors qu’il quand même ministre de la République.
Voilà un petit groupe qui n’a même pas un site Internet, un blog, mais juste une boîte mail et postale dans le 20 arrondissement de Paris. Inauguration des chrysanthèmes et petit fours salés ou sucrés et probablement des petites enveloppes suffisent pour faire la danse du ventre et se masturber devant le pouvoir.