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Retour sur l'application du Motu Proprio "Summorum Pontificum"

Publié le 31 janvier 2012 par Hermas

 

Le Motu Proprio “Summorum Pontificum” du Pape Benoît XVI, entré en application le 14 septembre 2007, a eu pour objectif précis, après l’échec assez large du Motu Proprio Ecclesia Dei qu’il a rendu caduc, « de parvenir à une réconciliation interne au sein de l'Eglise ». Le Pape partait de ce constat « qu'aux moments critiques où la division commençait à naître, les responsables de l'Eglise n'ont pas fait suffisamment pour conserver ou conquérir la réconciliation et l'unité ». « On a l'impression – disait-il alors – que (ces) omissions dans l'Eglise ont eu leur part de culpabilité dans le fait que ces divisions aient réussi à se consolider ». Il observait encore - en leur rendant cette justice - que l'attachement des traditionalistes aux formes liturgiques antérieures à la réforme avait tenu, en grande part, à « des déformations de la liturgie à la limite du supportable » qui avaient « profondément blessé des personnes qui étaient totalement enracinées dans la foi de l'Eglise ». Et il en concluait : « Ce regard vers le passé nous impose aujourd'hui une obligation : faire tous les efforts afin que tous ceux qui désirent réellement l'unité aient la possibilité de rester dans cette unité ou de la retrouver ».

On sait la chaleur très relative avec laquelle ce document a été accueilli dans les milieux ecclésiastiques officiels, notamment en France, malgré une situation ecclésiale à bien des égards alarmantes, au point qu'il est permis de se demander s'il n'est pas préférable, aux yeux de certains, de tout perdre que de s'humilier à ouvrir les portes à ceux que l'on s'est si longtemps attaché à écarter de toute communion ecclésiale.

En Italie, dans le diocèse d’Albenga-Imperia, Mgr Mario OLIVERI, évêque du lieu, a décidé, après quelques années d’attente, d’adresser à ses prêtres et à ses diacres une Lettre dans laquelle il leur rappelle la nécessité d’appliquer les directives pontificales. Nous traduisons ici ce document de premier intérêt - sans l'amputer.

Ce document peut-être consulté dans sa version originale sur : SITE DU DIOCESE.

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Chers prêtres et diacres,

 

C’est avec une certaine amertume que j’ai dû constater que bien d’entre-vous avez assumé et exprimé une attitude incorrecte d’esprit et de cœur devant la possibilité, donnée aux fidèles par le Motu Proprio Summorum pontificum du Pape Benoît XVI, de choisir la célébration de la Sainte Messe “en la forme extraordinaire”, selon le Missel du bienheureux Jean XXIII, promulgué en 1962.

Au cours des Trois Journées du Clergé de septembre 2007, j’ai indiqué clairement et fortement quelle était la valeur et le sens du Motu proprio, comment il devait être interprété et comment il devait être accueilli, avec un esprit ouvert au contenu magistériel du Document et une volonté prompte à apporter une obéissance résolue. Cette prise de position de l’Evêque n’échappait pas à sa pleine autorité, validée par sa totale concordance avec un acte solennel du Souverain Pontife. Cette prise de position de l’Evêque était fondée sur la rationalité de son argumentation théologique relativement à la Divine Liturgie, sur l’immutabilité de la substance dans ses contenus surnaturels, et elle était en outre fondée sur des questions d’ordre pratique, concret, de sens commun ecclésial.

Les réactions négatives au Motu Proprio et les indications théologiques et pratiques de l’Evêque ont pratiquement toujours un caractère émotif, dictées par un raisonnement théologique superficiel, c’est-à-dire par une vision “théologique” plutôt pauvre et myope, qui ni ne part ni n’atteint la véritable nature des choses qui concernent la foi et l’agir sacramentel de l’Eglise, qui ne se nourrit pas de la Tradition pérenne de l’Eglise, mais qui se fixe en revanche sur des aspects marginaux ou, pour le moins, incomplets des questions. Non sans raison, au cours des “Trois Journées” évoqués ci-dessus, j’avais fait précéder les indications pratiques et les lignes d’action d’une exposition doctrinale sur “l’immuable nature de la Liturgie”.

J’ai su qu’en certains endroits, certains prêtres et certains paroissiens avaient manifesté quasiment de la moquerie à l’égard de fidèles qui demandaient à bénéficier de la faculté, bien plus du droit, d’avoir la célébration de la Sainte Messe en la forme extraordinaire ; et qu’avait également été exprimé du mépris et quasiment de l’hostilité à l’égard de Confrères Prêtres bien disposés à comprendre et à seconder les attentes des fidèles. Il a même été interdit, d’une manière peu sereine, paisible et raisonnée [mais ce refus ne pouvait être bien raisonné] de publier des avis de la célébration de la Saint Messe en la “forme extraordinaire” dans telle église, à telle heure.

Je demande que soit abandonnée toute attitude non conforme à la communion ecclésiale, à la discipline de l’Eglise et à l’obéissance qu’il convient d’apporter aux actes importants du magistère et du gouvernement.

Je suis convaincu de ce que cette demande sera accueillie en esprit de filial respect et d’obéissance.

Toujours en référence à l’intervention de l’Evêque, lors de ces “Trois Journées du Clergé” 2007, je dois encore revenir sur l’application nécessaire  des indications apportées par l’Evêque sur la bonne disposition qui doit être observée dans tout ce qui concerne l’espace de l’église justement appelé “presbytère”. Les indications “A propos de la réorganisation des presbytères et la position de l’autel” ont été ultérieurement reprises dans l’opuscule “La Divine Liturgie”, pages 23-26.

Ces indications, à plus de quatre ans de distance, n’ont pas été appliquées partout et par tous. Elles étaient et elles demeurent des indications raisonnables, fondées sur de bons principes et sur des critères d’ordre général, liturgique et ecclésial. J’ai laissé du temps pour que les prêtres, et surtout les paroissiens, y réfléchissent avec les Conseils paroissiaux pastoraux et économiques, et pour que soit également réalisée une opportune catéchèse liturgique des fidèles. Celui qui aurait pu considérer que ces indications n’étaient pas opportunes ou qu’elles étaient difficiles à appliquer pouvait facilement en parler à l’Evêque, le cœur ouvert, pour une meilleure compréhension des raisons qui l’ont porté à les donner, et pour qu’elles puissent être mises en œuvre de la manière la plus homogène possible dans toutes les églises du diocèse. Ces indications ne sont certainement pas contraires aux normes ni même à “l’esprit” de la réforme liturgique qui a été menée à bien après le Concile et à partir du Concile Vatican II. Si quelqu’un avait eu des doutes fondés, il avait la possibilité de les exprimer sincèrement et dans un esprit ouvert à un raisonnement serein, la volonté tournée vers l’obéissance, après que l’esprit eut reçu plus de lumière.

 

J’estime qu’il s’est écoulé maintenant un temps suffisamment long d’attente et de tolérance, et qu’est venu le moment pour tous d’appliquer ces indications, de telle sorte qu’aux prochaines fêtes de Pâques tous les presbytères soient remis en ordre ou, pour le moins, que l’étude de leur réorganisation soit résolument engagée là où se présenteraient des difficultés d’application.

 

Il doit être dit que la non-application de ces indications, au temps indiqué, ne pourrait être considérée autrement que comme une désobéissance explicite. Cependant, j’ai confiance et j’espère que cela ne se produira pas.

 

Je suis bien affligé de devoir écrire cette Lettre, en vous assurant que je la considérerai comme non-écrite si elle rencontre un bon accueil et un effet positif.

Ce que j’ai écrit porte en soi tout mon désir de ce que cela serve à raviver et à renforcer notre communion ecclésiale et notre commune volonté d’accomplir notre ministère par une fidélité renouvelée au Christ et à son Eglise.

Je vous demande enfin de bien prier pour moi et pour mon ministère apostolique, et de tout cœur je vous bénis.

Albenga, 1er janvier 2012, Solennité de la Mère de Dieu

+ Mgr Mario OLIVERI, évêque


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