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En même temps, tout bien réfléchi, je compatis au calvaire vécu par le Président Nicolas. Vous allez vous dire : « ça y est, le Nono, il a viré sa cutie, cela fait la deuxième fois en quelques mois qu’il prend la défense de Sarko ».
Cette fois, cependant, essayez de vous représenter la scène.
Vous êtes un citadin évolué, et comme tout urbain qui se respecte, vous préférez déjeuner au Fouquet’s ou emprunter le Yacht de Bolloré plutôt que de traîner parmi les bouseux. Seulement, manque de bol : pendant dix jours, ce sont les péquenots qui viennent à vous. Et pas tout seuls ! Ils montent à Paris avec veaux, vaches, cochons, couvées, parfois même avec leurs femmes. Vous pourriez facilement éviter le secteur de la Porte de Versailles durant cette période, sauf que, double manque de bol, vous avez été élu Président de la République quelques mois auparavant.
Du coup, vous n’avez plus trop le choix : il faut bien vous y rendre !
Surtout que le grand con corrézien qui vous précédait dans le job, lui, il adorait ça, se rouler dans la bouse et tâter le cul des vaches. Comme, en plus, vous auriez grand besoin d’un regain de popularité au sein des couches les plus rurales de la population, vous décidez finalement de reporter votre brunch chez Ladurée pour rendre une petite visite au Salon de l’Agriculture.
Crédit photo: David Sepeau / Flicker.com
Comme à votre habitude, vous êtes accompagné par vos dix gardes du corps, quatre ou cinq journalistes, trois cameramen et toute une escouade de conseillers, bref une balade normale, durant laquelle vous vous apprêtez à serrer quelques louches, comme le veut l’usage.
Bien entendu, votre arrivée a déjà été annoncée sur place, et une foule se masse depuis des heures, afin d’avoir la chance de vous apercevoir quelques instants.
En plus, malgré vos talonnettes, la plupart de ceux qui vous entourent, hommes et femmes confondus, vous dépassent d’au moins deux têtes, ce qui ne facilite pas la tâche de ceux qui veulent voir la vôtre (de tête). Vous en déduisez à juste titre que le public situé à portée de main est particulièrement motivé, voire acquis à votre cause de façon inconditionnelle.
Et là, patatra ! Un grain de sable dans le rouage. Ce type, qui se trouve sur votre chemin, n’a attendu votre venue que pour une chose : essayer de vous humilier publiquement, au moment même où vous lui tendez la main.
Alors que vous avez soigneusement slalomé entre les bouses depuis 30 minutes pour ne pas tâcher votre costard Armani, voici qu’on se refuse à votre contact, soi-disant pour ne pas se salir ? Mais, dans ce cas, que fait-il là, ce pauvre con ?
Moi, je la connais, l’explication : si, après Jaurès et Guy Môquet, notre président avait tout simplement voulu rendre hommage à Audiard ?