Conte de la toile 11

Publié le 02 février 2012 par Adamante

Les Esprits tout de même !

Est-ce parce que le froid se fait sentir ? voilà qu’ils insistent pour reprendre la lecture du livre magique, vous savez, celui qui n’en fait qu’à sa tête et s’ouvre où il le veut...

Une vraie tête d’Esprit que ce livre, je n’arrive pas à le discipliner !

Que puis-je faire ?

Je prends place, tout le monde se colle contre moi.

Le livre me regarde avec la satisfaction de celui qui a gagné et s’ouvre avec élégance sur un arbre tout poudré de neige, je fonds.

Des mots apparaissent sur le blanc du papier « sculpté par le temps… ».

Je me demande :

«Lorsque le temps m’aura sculptée comme il a sculpté cet arbre, est-ce que je lui ressemblerai ? »

J’avoue que j’aimerais.

Mais je ne dois pas penser à cela, il me faut respirer dans le flocon présent qui s’offre et me comble.

Je m’y installe en souriant.

Mais les Esprits semblent pressés ce soir, une patte me rappelle à la réalité du livre qui soupire une seconde fois, comme si vraiment je l’ennuyais à rêvasser comme ça.

Je lui rappelle qu’un livre magique ne s’insurge pas contre le rêve et les rêveurs sans risquer de devenir un livre banal qui a intérêt à être le fruit d’un auteur de talent s’il ne veut pas finir recyclé en pâte à papier.

Je suis de bonne composition mais tout de même, il exagère et je n’ai pas l’intention de me laisser faire.

J’ouvre à la page qui me plaît, une que j’avais repérée en le feuilletant, une image qui m’emporte et me fait rêver encore plus loin que la neige.

Je glisse émerveillée sur sa surface polie qui se termine en une explosion de concrétions minérales.

Je dis tout haut, pour affirmer ma détermination à ne pas me laisser submerger par la tyrannie d’un livre et de quelques Esprits frondeurs :

« Voilà une image qui me peigne dans le sens du poil ! »

Aucune réaction, la surdité est une vertu essentielle chez les Esprits.

C’est vrai, elle m’éclabousse de bonheur cette image et je rêve, je rêve, je glisse comme une barque sur un fleuve tourmenté, ravie d’être bousculée et ruisselante d’écume.

Un souvenir me revient, c’était il y a longtemps déjà, une confluence entre deux eaux chargées d’histoire qu’une Dame au doux nom de fleur, Véronique, m’avait donnée à voir.

Il y a des fleuves magiques, tourmentés parfois, mais si beaux.

Je referme le livre :

« Pfttt ! »

Je me retiens !

Il faut savoir se taire, alors je me tais !

Les Esprits se détournent et s’éloignent, indifférents comme la justice.

Je me sens seule, incomprise,  à fleur de peau !

Et pourtant, je sais bien que j'ai raison !

Et vous ?

Allez-vous partir sans me laisser quelques mots, tout  imprégnés que vous êtes de ces images  porteuses du rêve ?

Quelques « compoésies » par exemple, pour me dire :

«Oui tu as raison de rêver ! »

Comme ça, la prochaine fois que certains que je ne nommerai pas, viendront en se frottant, tout gentils et oublieux de leur attitude, pour que je leur dise quelques contes, je pourrais les leur lire et  leur dire : 

« Pfttt ! »