Quatrième de couverture :
"Ce ne sont pas des passionnés de la brocante. Ils hésitent à s'enquérir du prix d'une paire de fauteuils, de couverts en argent. Ils s'éloignent de quelques pas, s'annoncent le prix revendiqué, et l'un d'eux lance alors : Ma grand-mère avait les mêmes!"
Philippe Delerm décrit comme personne les instants familiers à chacun de nous. Au fil de ces petites phrases toutes faites, faussement anodines, il démasque les sentiments enfouis et met à nu l'émotion.
Un extrait :
C'est le soir, que c'est difficile.
"Dans la journée, ça va." C'est beau, cette humilité de la personne qui se retrouve seule, ou qui vient de connaître une perte cruelle. Elle admet que le jour apporte ses dérivatifs, les courses, un peu de jardinage, les infos du matin à la radio, quelques instants de bavardage. Si elle travaille encore, le divertissement pascalien s'impose de lui-même - d'autant qu'en ce moment, ça ne plaisante pas.Elle n'en remet pas, et nous touche d'autant. Comment répondre à des sanglots, à l'expression dramatique d'une souffrance dont l'intensité nous exclurait? Mais-là, c'est comme si elle nous laissait pénétrer dans sa tristesse, en en minimisant les contours, en réduisant sa différence. Oui, il lui arrive encore souvent de rire ou de sourire, tiens, l'autre jour j'ai regardé l'imitateur, vous savez, le nouveau.Et puis il y a ces points de suspension laissés dans l'intégralité de l'analyse. Et la seconde phrase, consentie dans la même douceur de ton : "C'est le soir que c'est difficile." Comme elle fait mal, cette évaluation discrète du malheur! La personne vous parlait, et tout à coup c'est comme si elle se parlait à elle-même - d'ailleurs son regard s'est détourné, pour chercher des raisons de poursuivre un horizon.On sent qu'elle donne raison au soir, que le jour n'est qu'un conglomérat de subterfuges auxquels tous les humains se laissent prendre, parce que c'est comme ça, parce qu'il faut bien. Combien de temps subsistera cette alternance? Elle fait bonne figure, elle n'encombre pas. On peut poursuivre un bout de chemin avec elle, en parlant de tout et de rien; elle est si naturelle qu'on a même fini par l'interroger sur son chagrin. Elle a attendu un peu, pour le formuler au plus juste. L'espace d'un instant, on le partage. Elle ne referme pas la porte. Mais on ne saura pas la suivre dans le noir. C'est difficile."
Philippe Delerm - Ma grand-mère avait les mêmes - Les dessous affriolants des petites phrases - POINTS P2720 -
J'ai fait fausse route en acquérant ce livre. J'en attendais beaucoup, je suis déçue. Pourquoi? Sans doute parce que je n'utilise pas les petites phrases dont il est question dans le livre, et si je les utilise ce n'est pas de la même façon. Ainsi, je peux dire "Ma grand-mère avait les mêmes", mais j'ai une certaine passion pour la brocante, les antiquités. Les objets égarés que ma grand-mère possédait j'en aurai toujours le regret, la nostalgie... Je n'hésite jamais à m'enquérir du prix d'un bibelot, et souvent s'il est dans mes moyens je l'achète...
Ce livre ne correspond pas à ce que j'espérais, il est trop éloigné de ce que je suis, il ne me parle pas. Sauf l'extrait que j'ai recopié, car j'ai assez de compassion pour être à l'écoute d'une personne qui déclare : "Dans la journée ça va, c'est le soir que c'est difficile."