1er février 2012
Réaction de Marie-Claude Noël au discours du chef de l’Etat du 29 janvier 2012
« 30% DE PLUS DE DROITS À CONSTRUIRE, UN SLOGAN ET UNE INEPTIE »
Il manque aujourd'hui plus de 900 000 logements en France. 3,6 millions de personnes sont mal-logées ou sans logis, dont 600 000 enfants[*]. Notre pays connaît une crise structurelle du logement. La proposition de Nicolas Sarkozy d’augmenter de 30% les droits à construire ne constitue en rien une réponse.
En France, en ville ou à la campagne, le droit à construire est défini par le PLU (Plan Local d’Urbanisme).
Chaque PLU permet d’adapter la construction à l’environnement, au paysage, aux constructions proches et ainsi d’accepter plus ou moins de constructions suivant les secteurs.
Bien évidemment, on ne construit pas de la même manière à Mériadeck, dans un tissu d’échoppe ou dans une banlieue pavillonnaire ! La construction dépend aussi du niveau d’équipement, des réseaux …
Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas densifier, au contraire, mais pas n’importe comment et surtout pas sans tenir compte de ce qu’il y a autour !
La proposition de N. Sarkozy est tout simplement une ineptie !
Ineptie au plan de l’urbanisme, ineptie en terme de réponse au besoin en logements !
Le président indique que le relèvement des droits à construire va faire baisser le prix des logements neufs. En réalité, c’est l’inverse qui va se produire puisque le prix du terrain dépend du droit à construction.
Conduire une politique du logement passe par une tout autre approche :
- Financer le logement social plutôt que la défiscalisation au bénéfice de multipropriétaires déjà bien lotis.
- Porter la part de logements sociaux à atteindre à 25%.
- Aider à la réhabilitation du parc ancien pour les petits propriétaires et les locataires.
- Sécuriser la location pour le propriétaire qui accepte de louer à prix modéré et en revanche taxer lourdement la vacance.
- Encadrer les loyers à la relocation (car non M. Sarkozy, cela ne signifie pas que plus aucun propriétaire ne louera !)
- Mettre en place un plan d’urgence pour toute la chaîne du logement : logements d’urgence, résidences sociales, logement pour les jeunes.
Oui il y a besoin de terrains et oui ceux de l’Etat ne doivent pas être, pour les collectivités, au prix du marché : le maire de Bordeaux a été le premier à fustiger les prix exigés par le Port autonome, ou par la SNCF sur la rive droite et sur les quais…
Le chef de l’Etat avait promis des « mesures extrêmement puissantes » en matière de logement.
A l’heure où le grand froid rappelle chacun à ses responsabilités, la réponse qu’il propose est une forme d’insulte envers ceux qui sont dans le besoin et ceux qui ont fait du logement leur combat quotidien.
Marie-Claude NOEL
Urbaniste
Conseillère municipale et communautaire Europe Ecologie les Verts
Contact presse : 06 75 04 66 35