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Way-C : L’intelligence d’une révolution prometteuse

Publié le 08 février 2012 par Wilntonga

C’est avec un brin de sourire que j’ai appris pour la première fois l’invention d’une tablette par un Africain. Il s’agissait alors de la CardioPad, réalisé par le Camerounais Arthur Zang…Je souriais de ces nombreuses « inventions » africaines récupérées à coup de panafricanisme sans réalisme et qui finissaient toutes dans les oubliettes. Quelques semaines après, un autre scoop allait attirer mon attention de manière plus soutenue. Verone Mankou, le Congolais entrait dans la danse. Après sa conférence de Yaoundé, j’ai  compris que son entreprise, VMK sonnait le signal d’une démarcation concrète et révolutionnaire pour l’ère de la technologie en Afrique.

Je voudrais parcourir avec vous avec quelques points forts de la démarche de VMK qui devraient servir de leçons aux faiseurs de bruits qui discourent sur la stratégie et entrepreneuriat, mais démontrent une léthargie fondamentale quand il s’agit de faire avancer concrètement les choses. Messieurs et dames, prenons en de la graine.

Un travail sur le temps

C’est en septembre 2011 que le monde découvre la Way-C. C’est pourtant en 2006 que le projet entre dans une phase au-delà de la simple imagination…Je ne parle donc pas de ces années de rêves effectuées avant. Il n’existe en affaires aucune génération spontanée ! Même Facebook, l’un des succès les plus rapides du monde, compte au moins quelques mois, voire année de rêves et de travail. Beaucoup de jeunes aux belles idées veulent malheureusement rouler cabosse le lendemain de la naissance de leurs idées, à coups d’arguments et de discussions…Rien ne se passe jamais ainsi. Tout doit prendre le chemin du travail et la révélation Way-C intègre parfaitement ce cadre.

Un timing parfaitement adapté

Trois grandes étapes :

  • une étape de travail pendant laquelle personne ne sait grand-chose du projet. C’est à cette étape que la tablette nait, se concrétise, se teste sans qu’une pub incongrue et surréaliste ne l’accompagne. C’est très souvent le contraire que je vois beaucoup faire : vendre un produit qu’ils n’ont pas, ou au mieux, qu’ils ne maitrisent pas…à coups de beaux discours.
  • Une étape où la maquette est présentée aux niveaux les plus stratégiques (sans que ça ne devienne à ce stade une affaire publique). Les personnes stratégiques ont alors le temps de se projeter, de se positionner, d’actionner et de garantir leurs intérêts.
  • Une étape opérationnelle lancée en fin 2011, où le produit est livré à la presse et plus tard au marché.

Des préliminaires stratégiquement organisés

La Way-C entre sa phase de conception et l’étape d’entrée sur le marché va se distinguer par son aiguillonnage de la sphère stratégique.  Imaginez tout le chemin qu’il a fallu à Verone Mankou pour rencontrer le Président de la République, les responsables de Jeune Afrique et toutes ces personnalités capables de donner un coup décisif pour faire avancer son projet. Imaginez les discussions, les concessions, les jeux d’intérêts…dans un contexte où nous sommes spécialistes à garder pour nous tous seuls des projets qui n’existent pas parce que nous comptons déjà des millions qui ne verront très souvent, jamais le jour.

Verone Mankou saura gérer cette phase tremplin et la gestion astucieuse de cette phase de l’ombre où l’entreprise nait, s’organise, se concède avec le projet pour porter dans les fonds baptismaux une révolution là où plusieurs projets du genre ont échoué.

Ce ne sera qu’au bout de ces assurances concrètes, de ces engagements obtenus de manière certaine, de ces premiers appuis promis et capitalisés que la communication publique sur la Way-C va commencer.

Une démarche commerciale d’un réalisme déroutant

Envahir le marché mondial…voilà le genre de témérité qu’on voit dans les projets qui n’arrivent souvent pas à convaincre le marché de leur quartier. La Way-C a l’ambition modeste et organisée : l’Afrique d’abord, le reste ensuite. Même lorsque les premières précommandes se sont révélées venir en priorité d’Europe, le projet ne s’est pas fait la grosse tête pour changer d’optique sans réfléchir comme ces projets qui changent de stratégie toutes les semaines. Le plan d’attaque est resté le même : Le Congo dans un premier temps et depuis le 20 janvier 2012, c’est lancé. Ensuite le Cameroun qui devrait être dans la course entre février et mars 2012 (les premières précommandes sont lancées), puis le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Togo, le Burkina Faso, le Nigeria, le Niger, le Mali, le Ghana, la Mauritanie et le Sénégal. Pas de prise de tête, on y va étape par étape sans se détourner du plan suite à une de ces « lumineuses » idées qui transforment un projet en fantôme.

Ensuite la démarche commerciale est prudente. Il n’est pas question d’un projet de dix milliards de tablettes en quelques jours. Non ! La Way-C a commencé son implantation sur le marché congolais par le biais d’un opérateur de téléphonie mobile. Des commandes directes, mais prudentes restent possibles, mais c’est bien l’opérateur qui est le principal lanceur.

On voit bien l’aspect méthodique se montrer.

Un ancrage concret dans l’univers de la hi-tech

La Way-C se positionne clairement en tenant compte de la réalité du marché de la hi-tech. Le produit s’inscrit très prudemment dans la logique de production des autres tablettes : une fabrication en Chine. Les prix prennent en compte ce qui se passe sur le marché et la bourse des Africains. Les services additionnels sont mis en place pour apporter une valeur ajoutée (notamment la VMK Market qui se greffe à l’Android Market). Le site web vous rappellera assez vite celui de toutes les tablettes, réalisé avec professionnalisme et sans aucune fioriture. Et finalement, le projet se projette technologiquement autour de deux éléments essentiels : le premier est le passage à un Smartphone pour occuper complètement l’espace des concurrents ; le second, l’utilisation de l’OS Android qui propulse VKM dans la sphère des produits de même nature. VMK sponsorise d’ailleurs l’Africa Android challenge 2012 !

Voilà ce qu’on appelle changer un destin : construire simplement et méthodiquement un projet. En sortant un peu de soi-même et de ses errements, en s’ancrant dans la réalité et en se posant dans la sphère des intérêts de manière à faire gagner un seul intérêt : celui d’un projet qui marche.

Oui, Mesdames et Messieurs, prenons en de la graine.


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