qu'est-ce que j'aime quand je T'aime ?

Publié le 11 février 2012 par Perceval

Je n'aimais pas encore mais j'aimais l'amour et par une indigence secrète je m'en voulais de n'être pas assez indigent.

Aimant l'amour, je cherchais un objet à mon amour ; je haïssais la sécurité, la voie sans pièges, parce qu'au fond de moi j'avais faim : je manquais de la nourriture intérieure, de toi-même, mon Dieu, mais ce n'est pas de cette faim-là que je me sentais affamé ; je n'avais pas d'appétit pour les aliments incorruptibles, non que j'en fusse rassasié : plus j'en manquais, plus j'en étais dégoûté.

Et mon âme était malade ; rongée d'ulcères, elle se jetait hors d'elle-même, misérablement avide de se gratter contre le sensible. Mais le sensible, certes, on ne l'aimerait pas s'il était inanimé.

Augustin d'Hippone ( actuelle Annaba en Algérie ): Confessions, livre III, chap.I

Photos de Michel Kirch

"Eh bien ! qu'est-ce que j'aime quand je t'aime ?
Ce n'est pas la beauté d'un corps, ni le charme d'un temps,
ni l'éclat de la lumière, amical à mes yeux d'ici-bas,
ni les douces mélodies des cantilènes de tout mode,
ni la suave odeur des fleurs, des parfums, des aromates,
ni la manne ou le miel,
ni les membres accueillants aux étreintes de la chair :
ce n'est pas cela que j'aime quand j'aime mon Dieu.

Et pourtant, j'aime certaine lumière et certaine voix,
certain parfum et certain aliment et certaine étreinte
quand j'aime mon Dieu :
lumière, voix, parfum, aliment, étreinte
de l'homme intérieur qui est en moi,

où brille pour mon âme ce que l'espace ne saisit pas,
où résonne ce que le temps rapace ne prend pas,
où s'exhale un parfum que le vent ne disperse pas,
où se savoure un mets que la voracité ne réduit pas,
où se noue une étreinte que la satiété ne desserre pas.


C'est cela que j'aime quand j'aime mon Dieu."


Augustin  dans les Confessions, X, vi, 8

" Que tu es belle, ma bien-aimée, que tu es belle!

Tes yeux sont comme ceux des colombes, derrière ton voile;

tes cheveux sont comme un troupeau de chèvres suspendues aux montagnes de Galaad.

Tes dents sont comme un troupeau de brebis tondues qui remontent du lavoir, qui sont toutes deux à deux, et dont aucune ne manque.

Tes lèvres sont comme un fil d'écarlate; ton parler est gracieux; ta joue est comme une moitié de grenade, sous tes voiles."


Le cantique des cantiques