Varsovie, Pologne - Des manifestants ont bravé le froid à Berlin, Helsinki et plusieurs autres villes européennes aujourd'hui pour dénoncer le traité international contre la contrefaçon ACTA, qui risquent selon eux d'aboutir à une censure et une atteinte aux droits des utilisateurs d'Internet.
Négocié depuis plusieurs années, l'ACTA (Anti-Counterfeiting Trade Agreement, accord commercial anti-contrefaçon) a déjà été signé par plusieurs pays industrialisés dont les États-Unis, la Corée du Sud et le Japon. Il est destiné, selon ses artisans, à harmoniser les normes internationales pour protéger les droits des créateurs de musique, films, médicaments, mode, et autres produits souvent victimes de piratage, contrefaçon ou atteintes à la propriété intellectuelle.
Les gouvernements tchèque et polonais ont récemment signé l'ACTA , mais mis en suspens sa ratification, alors que l'opposition contre le texte monte, notamment chez des jeunes qui redoutent qu'il n'entraîne une censure en ligne et ne restreigne leur accès à l'information. Le ministère de la Justice allemand avait fait savoir vendredi qu'il suspendait la signature du traité pour laisser plus de temps aux discussions.
Le mouvement contre le traité s'est rapidement propagé en Europe après une première vague d'opposition le mois dernier en Europe.
«Nous devons remercier avant tout les manifestations en Pologne pour ce qui se passe en Europe et dans le monde entier en ce moment», expliquait Tillmann Mueller-Kuckelberg, un organisateur dans une manifestation à Berlin. «Beaucoup de gens en Europe se sont réveillés à ce moment-là et nous espérons que dans le monde entier les manifestations aboutiront à l'arrêt de l'accord ACTA».
En Allemagne, quelque milliers de personnes ont manifesté aujourd'hui dans le centre de Berlin, certains avec du sparadrap sur la bouche pour symboliser l'atteinte à la liberté d'expression ou portant les masques devenus le symbole du mouvement Anonymous, un collectif d'activistes sur Internet, et désormais du mouvement anti-ACTA. Ils brandissaient des pancartes proclamant «Arrêtez l'ACTA» ou «Droit au remix».
Pour Tillmann Mueller-Kuckelberg, le mouvement anti-ACTA est «une large alliance pour les droits civils qui s'est rassemblée par indignation spontanée face à ce projet».
D'autres manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes allemandes, mais aussi à Paris, Vienne et d'autres capitales européennes, Prague, Vilnius ou Varsovie.
Le Parlement européen doit débattre du traité au début de l'été.