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Le premier cri d’une brindille

Publié le 13 février 2012 par Adamante

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Le jour de sa naissance, elle n’avait pas encore pointé le nez que les arbres, liés par les racines en un réseau compliqué de transmissions,  propageaient la nouvelle : 

« Elle arrive ! » 

La nouvelle avait circulé dans les souterrains sombres, dans les rochers, au milieu des herbes, jusqu’au ciel, par le tronc et la cime, car ceux qui vivaient là-haut étaient eux aussi soucieux d’être informés.

Tout le monde attendait.

Le vent, tapi dans l’air, silencieux et présent à la fois, se tenait prêt à bondir.

Sur les branches, les oiseaux impatients se retenaient de chanter, mais c’était difficile, un cœur d’oiseau  cède facilement au bonheur, rien que d’entendre : « Elle arrive ! » cela les bouleversait.

Les arbres du jardin, proches de la maison, guettaient, ils étaient à l’écoute prêts à lancer la nouvelle, à raconter au monde, dans leur langue d’arbres, son tout premier cri.

Et quand elle le poussa ce cri, un petit cri de brindille à la fois surprise et ravie, gênée et curieuse, la terre se mit à vibrer de toute son écorce.

Le vent jaillit bousculant l’air pour qu’il fredonne sa mélodie de bienvenue.

Alors les oiseaux laissèrent exploser leur joie en des trilles compliqués et savants qui s’envolèrent vers les nuages. Les nuages pressés par le vent s’en furent le raconter à la mer et la mer se mit à chanter à l’enfant sa berceuse de vagues qui depuis cet instant habite son âme.

Tout ce qui était sensible et simple, tout ce qui avait pouvoir de s’émouvoir, uni dans la joie avait rayonné pour l’accueillir.

C’est ainsi que ça s’est passé !

Depuis, les arbres, les herbes n’oublient jamais de la saluer quand elle passe, alors elle s’arrête pour les écouter. Ils échangent en silence, par la pensée et, je l’ai vu, de bien étranges lueurs traversent alors le champ visuel.

Mais il ne faut pas trop parler de ces choses-là, pour ne pas déranger, pour ne pas effrayer, au monde des brindilles, on se renferme très vite dans sa coquille.

Une brindille ne sort jamais de sa réserve.

Ce que je sais, c’est que les enfants, qui ont pouvoir de voir et d’entendre ce que nous autres ne voyons ni n’entendons plus, la reconnaissent eux aussi, ils lui font confiance, ils lui tendent la main et lui offrent leur sourire.

Aujourd’hui les arbres gelés, le vent de l’hiver, les brindilles figées de glace, la mer au loin, les oiseaux frigorifiés sur les branches et les enfants dans leur classe où le froid s’est installé, lui diront chacun à leur façon ces mots :

« Merci d’être venue ici, sur cette terre, et tous chanteront pour se réchauffer : joyeux anniversaire (petite Anne ou petit âne ?) »

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©Adamante



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