La Vieille Déglinguée. Toutes les villas de Caracas portent un...

La Vieille Déglinguée. Toutes les villas de Caracas portent un nom.

Une vieille bâtisse sur les hauteurs de Caracas. Pas tout en haut mais pas mal. Suffisamment pour transpirer pour y accéder quand on vient du centre. Construite dans les années cinquante. Soixante peut-être. Guère plus tard.

Une certaine idée du modernisme. Pas de colonialisme. Plutôt un gros cube blanc d’un étage. Rez-de-chaussée non exploité. Des meubles classiques, voir vieillots, drapés de blanc, y roupillent en attendant l’incendie qui viendra les achever ou le décès qui les fera sortir.

À l’étage, la Vieille Déglinguée, c’est Maisons du Monde. Un vrai bordel esthétique. Mais bien rangé. Des chinoiseries zieutent une statue africaine sous le regard bienveillant de Buddha. Il y a des éléphants aussi, des lanternes, une feuille morte géante en paille tressée teintée. Sur la petite terrasse donnant sur rue, espace fumeur délicieux, un banc trois places en bois et en cuir est surveillé par deux fauteuils en rotin. Tout ce petit monde protégé des regards extérieurs par de fines tiges de bambou fixées sur la rambarde en fer rouillé.

Dans la cuisine, il y a une épaisse couche de crasse sur le bord de chaque porte de placard. Et sur le frigo. Il y a deux éviers. Le premier, le principal, a l’évacuation foutue. S’avère donc inutilisable. Le second, dans le coin, à côté de la machine à laver de la taille d’un camion, a l’eau chaude qui fuit et l’eau froide qui pisse au goutte à goutte. Quatre assiettes et les couverts qui vont avec nécessitent vingt minutes de patience. De travail. Minutieux.

Il n’y a pas de lumière dans la cuisine. Le circuit électrique est foutu. Pour seule lumière, une ampoule sur un adaptateur branchée sur l’une des prises du plan de travail. Par commodité, elle n’est jamais débranchée. Jamais.

Dans la Vieille Déglinguée, il y a aussi deux chambres.

Bienvenue à la maison