Magazine Journal intime

Le monde du bout du monde

Publié le 13 février 2012 par Araucaria
le monde

Quatrième de couverture :
Encore émerveillé par la lecture précoce de "Moby Dick" et son périple de jeunesse sur les mers arctiques, un journaliste chilien repart à l'aventure. Au côté du capitaine Nilssen, il sillonne cet océan légendaire, traverse les fjords enneigés, dépasse les récifs du cap Horn. croisant les baleines majestueuses qui tentent d'échapper à la pêche industrielle, il s'en prend aux nouveaux pirates du sud de la Patagonie...
"Après vingt-quatre ans d'absence je revenais au monde du bout du monde"
"Sepulveda nous entraîne dans une mosaïque de récits et de lieux, un assemblage de réalité et de fiction, de références littéraires et de légendes." Télérama
Un extrait :
Cette nuit-là, ancrés à l'entrée du détroit Baker, je ne pus trouver le sommeil. Toutes les histoires de mer que j'avais lues dans ma vie remontaient dans ma mémoire et se mélangeaient avec le récit du capitaine Nilssen.
Bien couvert, je montai sur le pont. Le capricieux hiver austral m'offrait une nuit incomparable. Les milliers d'étoiles paraissaient à portée de main et la vision de la Croix du Sud indiquant les confins polaires me remplit d'une émotion dont la force et la conviction m'étaient inconnues. Je sentais enfin que j'étais, moi aussi, de quelque part. Je sentais enfin un appel plus impérieux que l'invitation de la tribu, celle que l'on entend ou que l'on croit entendre, ou que l'on s'invente comme un palliatif à la solitude. Sur cette mer sereine mais jamais calmée, sur cette bête silencieuse qui bandait ses muscles en se préparant pour l'étreinte polaire, sous les milliers d'étoiles témoins de l'éphémère et fragile existence humaine, je sus enfin que j'étais de là et que, quoi que je fasse, je porterais toujours en moi les éléments de cette paix terrible et violente, annonciatrice de tous les miracles et de toutes les catastrophes.
Cette nuit-là, assis sur le pont du "Finisterre", je pleurai sans m'en rendre compte, et ce n'était pas à cause de ce qui était arrivé aux baleines.
Je pleurai parce que j'étais de retour chez moi.
Le matin du 26 juin se leva sans nuages et la température baissa brutalement : huit degrés au-dessous de zéro.
Les eaux de la grande baie sans nom offraient un calme plat, et le "Finisterre" naviguant sous son petit foc y ouvrait une délicate cicatrice.
Soudain Petit Pedro m'empoigna par une épaule en me montrant un corps volumineux qui émergeait à tribord et, pour la première fois de ma vie, j'assistai aux sauts d'une baleine Chaudron.
Le cétacé stoppait net ses six mètres en l'air, plongeait à tribord, et réapparaissait à bâbord quelques minutes plus tard pour recommencer sa gymnastique prodigieuse. La baleine nous escorta deux heures durant... (...)
Un texte très court, bien ciselé qui se lit d'une traite. Ce livre nous conduit à l'extrême sud du Chili, "le monde du bout du monde" à la poursuite d'un bateau-usine japonais dont le capitaine massacre les baleines sans répit et en infraction avec les règlements maritimes. Un livre écologiste qui plaide pour le respect des espèces en voie de disparition. Un formidable récit d'aventure.

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