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Ils sont sortis
Préférant vivre au grand air
Leurs tempêtes internes
Ils n’avaient que doux mots à dire
Appuyés l’un à l’autre
Naufragés à la dérive de leurs sentiments
Ils écoutaient encore la voix qui venait de la mer
Sautant sur les vagues de leur maigre navire
Ils buvaient à plein cœur
Les lentes mélodies venues de si petit pays
Ne savaient que la grande dame allait s’éteindre
Sur leurs rivages de tristesse
Miracle des voix entendues
Des voix partagées
Puis éteintes dans la fraction de seconde qui suit
Ce monde est si petit
Si étroits les sentiers
*
Ils ne savaient pas se parler pour l’ultime fois
Il ne savait pas qu’en elle germait ce désir de rupture
Elle n’osait encore s’avouer vaincue
Devant leurs impossibles sentiments
Ils se parlaient encore dans le noir
A la lueur d’un réverbère échangèrent un dernier secret
Un dernier baiser avant de reprendre leurs routes
Elle sera de silence désormais que tout s’y est brisé
Il n’y aura plus de mots échangés sur des paupières d’étoiles
Ils iront comme si
Murant leur souffrance en implacable désert
Quel bruit
Quel tapage
En dedans
Une voix qui s’éteint
Après un dernier « je t’aime »
*
Plus rien l’un pour l’autre
Comment y croire
Ils iront leur chemin
Tenant parole
Marchant vite sous la carapace dressée
Ils sont de cette guerre qui ne dit pas son nom
Guerre des genres et des sexes
Guerres des lieux et des sous-entendus
Ils resteront dans leur ombre d’amants ratés
Juste un peu plus durcis de n’avoir pas pu ou pas su
*
Elle dira la douleur de son choix
Ses larmes rouleront sur ses joues d’amertume
Il ira seul rejoindre ses dentelles de roc
Psalmodiant son dernier mantra
Nos solitudes se nouaient en cœurs de larmes, à l’horizon des silences, et nos yeux rougissaient de chagrins retenus.
*
Ce qui fut ne sera plus
Evanoui dans les vapeurs et les brumes
Un lent froid est descendu des montagnes
Couvrant de givre les vaines promesses
Sinon les larmes
Que nous offre la vie
Sinon l’amour
Manosque, 18 décembre 2011
© Xavier Lainé, décembre 2011
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