Longue vie aux Anonymous, véritables sauveurs de la démocratie.
Les Anonymous sont légions.
Les Anonymous sont légions et aujourd’hui ils font l’actu. Depuis la mort programmée de Megaupload, une gigantesque distribution « d’armes virtuelles » a été menée, avec pour but la désorganisation de sites sensibles et symboliques. Le risque en face est assez important. Un site qui plonge représente une belle diversion pour toute organisation qui voudrait fureter dans des méandres discrets de disques durs d’états. Quand on parle d’inaccessibilité, il y a une symbolique dans le blocage d’un site présidentiel, mais également une forte résonance en termes de sécurité. Au milieu de ces hackers improvisés, on sait tous que des États se frottent les mains pour faire leurs « larcins informatiques » dans ce grand capharnaüm virtuel. C’est un peu la fête pour les chinois, les russes et les iraniens qui ont du avoir de belles nuits d’insomnie pour essayer de glaner quelques secrets.
La situation est quasi inextricable car le moindre internaute ayant téléchargé son logiciel de ciblage « DNS » peut jouer au hacker et partir en guerre au sein des légions d’anonymes. L’idée est géniale, il suffisait d’y penser. Tout le monde peut donc devenir un héros de la Toile en dégommant soit le site de l’Élysée, celui d’un ministère voire le site d’l’Express, juste pour le fun ou pour clouer le bec à quelques patrons de presse devenu un peu trop bruyant. C’est une allégorie du combat classique sur la Toile, on distribue les armes pour sauver le territoire.
Mais au delà de ces anecdotes, je vous propose de rentrer dans ce monde des Anonymous. Ce sont des mondes, de groupes, des sous-groupes, parfois des simples solitaires très doués en informatique. Ils ont de 15 à 70 ans voire plus. Ces légions ressemblent à une forme d’armée version auberge espagnole. Chacun y amène ce qu’il veut. On trouve de tout, du théoricien, au politique en passant par l’informaticien, au programmeur… On s’y retrouve dans des endroits « cosi » de la toile… et surtout, il n’y a pas de hiérarchie, on charge à la hussarde, on attaque et on se repli aussitôt. Classiquement, dans les attaques web réussies, la recette est simple. Un tiers des effectifs sont aux contacts de la cible, deux tiers sont pas loin pour faire couvrir les arrières. C’est pour les situations complexes. Dans le cas présent, les Anonymous ont misé sur le « grand bordel ». Au milieu des « nouveaux », les pros sont là. Eux savent qu’ils découvriront des documents sensibles, des wikileaks potentiels… on pourra alors passer à une phase plus tranquille de silence contre territoire… la plupart du temps, l’Anonymous qui se respecte se fera un plaisir de bazarder l’info la plus chaude sur des sites de téléchargements… on les connait tous.
Intégrer ces mouvements, c’était simple. A une époque, il y avait des vases communicants entre alter, militants, franc-mac et Anonymous. Il suffisait d’aller sur des canaux de communications assez basiques, les IRC. Ensuite on pouvait aller plus loin et rechercher sur « pirate bay » les derniers points chauds. Ainsi on pouvait apprendre à cibler des sectes problématiques… on ne fera pas leur publicité, mais sur ce point les Anonymous sont allés très loin. Allant de la manifestation classique en face des locaux sectaires, en passant par des offensives web… pour l’Anonymous, l’idée est de n’avoir aucune partie du corps visible par quelques moyens que ce soit. Le vrai Anonymous ne laisse aucun détail traîner… sinon, il y a du risque, souvent physique… je pense à un certain « Nono » passé à tabac par une secte encore récemment.
Mais l’Anonymous est souvent un animal social très engagé. On y trouve donc logiquement des indignés, des libertaires, des membres de collectifs connus et puis des gens de tous âges, avec bedaine, sans bedaine, avec cheveux ou calvitie. Le corps le plus actif est le plus jeune d’une certaine manière. On trouve alors des petits génies en informatiques capables de tout. C’est ainsi qu’ils firent en moins de quelques jours une sorte de zone protégée « Persian Bay » pour que les blogueurs de la Green Révolution en Iran puissent souffler un peu. On sait aussi que ces génies sont capables de toutes les intrusions et que les Wikileaks seront d’ici peu monnaie courante. En effet, aujourd’hui l’enjeu pour les Anonymous est de réussir le pari d’une forme de résistance globale. Aussi, on doit compter sur les « théoriciens » de ce mouvement. On les trouve souvent peu anonymes, mais inspirant la marche de ces activistes. Dans la théorie on trouve évidemment V for vendetta, le film qui galvanise les troupes, mais aussi Matrix qui permet de rêver à une forme de « démocratie virtuelle »… Mais plus encore, quand je vois avec recul le monde Anonymous, il y a une volonté de converger avec les « indignés » et d’autres mouvements poussant vers de l’humanisme.
Mon parcours avec les Anonymous a été assez simple. Relayer des infos, capter des codes pour bifurquer sur des « zones tranquilles » du web. Défendre des idéaux, donner des coups de pouce contre des vraies dictatures… et défendre un internet libre…. En fait, dans ces Anonymous, on trouve des hommes qui veulent résister à des glissements de plus en plus courants… amenant une forme d’Argent Roi et poussant vers une diminution de l’humain au sens large.
Être Anonymous aujourd’hui, c’est un peu dangereux. On sait qu’on a des services assez spéciaux dans les pattes, on sait qu’il y a des risques avec des sectes et des fachos. La force d’un Anonymous est de pouvoir marcher au combat avec n’importe quel autre Anonymous et de n’importe quel autre point du globe. On pose « les charges » sur la Toile, on actionne en gros les attaques DNS et on s’exfiltre. C’est rapide, cela fait du dégât et c’est un peu dans notre imaginaire « le final de V for Vendetta ».
Derniers mots, les Anonymous ne sont pas des voleurs, ils ont surtout une vision du monde. Ils sont les gardiens de la Toile et préfigurent sûrement une démocratie globale avec des aspirations de luttes nouvelles, forcément dérangeantes pour certains opérateurs de ce vieux monde qui n’en finit pas de finir…
- Yannick Comenge (Mediapart).
- http://www.rezocitoyen.fr/anonymous-nous-sommes-legion.html