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Etonnés...
Publié le 15 février 2012 par StephanebigeardUn nouveau billet plein de mystère ...
... écrit par Romain...le fils du père...toujours fier de son fils !!
" Un sourcil se fronce.
L’œil cambre sa rétine pour que la pupille s’adapte, permettant aux cils d’esquisser durant ce cours laps de temps un subreptice battement.
L’ensemble se parcoure d’un dernier frémissement, avant que la forme au loin ne sorte enfin du trouble visuel causé par la distance.
Il n’y a pas de doute, c’est un point.
L’homme accentua, en l’arquant, la percée vers l’œil effectuée par la broussaille de son sourcil droit.
L’interrogation qui le prenait était si terrible, que le gauche ne tarda guère, avant de, lui aussi, piquer du nez.
Tout le visage était maintenant crispé d’attention, scrutant dans un intense travail réflexif la nouvelle et inquiétante donnée qui venait d’apparaître.
Si on avait pu placer une onomatopée sur les lèvres du guetteur, un lourd « hum » interrogatif aurait été du plus bel effet.
En effet, cela semblait maintenant sûr, la forme qui vient de percer la ligne horizontale et bleutée de l’horizon n’est autre qu’un vulgaire point.
Et même, si on plisse encore le regard, on peut distinctement en apercevoir d’autres qui se dessinent.
Les premiers et courageux rayons du soleil qui arrivent victorieusement à percer les amas de nuages, donnent à la mer de jolis reflets.
Une aube froide, légèrement humide, un temps idéal pour la chasse.
D’ailleurs, l’homme aurait bien aligné cette mouette, à quelques centaines de pas devant.
Gracile et stupide, elle se dandinait devant lui depuis quelques poignées de minutes, flirtant avec la ligne de mire de son arme.
S’il n’avait pas été dérangé par ces points, qui perçaient à l’horizon, elle aurait fait une jolie cible.
Mais il y avait ces foutus points, qui figeaient son doigt sur la détente.
Pas besoin de longues études, pour supposer la nature de ce qui perturbent la ligne habituellement vierge de l’étendue maritime :
ce sont soit des bateaux, soit des animaux.
Au bout du dixième points, le constat fut établi : ce n’était pas des baleines.
De toutes façons, en mer du Nord, les chances étaient quasi-nulles de croiser ce type d’animal.
Il restait donc l’option des bateaux, presque plus étrange que celle mettant en jeu la rencontre avec un banc de cétacés.
Le fusil à nouveau sur l’épaule, il s’autorisa un vigoureux grattement de menton pour approfondir sa réflexion.
Le bruit des ongles courts crissant sur la peau étonna dans un premier temps la mouette, qui, après avoir finement identifié un possible danger, pris lourdement son envol.
Le vingtième point sorti notre homme de sa léthargie, le confrontant à la dure réalité : malgré les relents alcoolisés de la veille qui lui vrillaient encore le cerveau, il allait devoir se présenter au chef pour rendre compte de ce fâcheux problème d’horizon.
Son intuition allumait dans un recoin de sa tête embrumée moult signaux d’alarmes.
Et dire que selon les copains, c’était tranquille dans le secteur.
Encore tout étonné de ce désagrément matinal, le planton prit la route des baraquements.
Au loin, les points continuaient d’allumer sur la mer leurs mortelles carcasses de métal.
La mouette se posa sur un bunker, prenant ses aises, lissant délicatement ses plumes, aux premières loges pour admirer les flots qui se coloraient doucement de gris.
Ce mardi, six juin mille neuf cent quarante quatre, s’annonçait terriblement long".
Bravo mon grand, et au plaisir de te lire encore et encore ...