10 février Le fils du roi - partie 3/4 Sa majesté souhaite-t-elle épouser Gertrude du Pays Jaune ? Marc crut voir un clin d'œil se former sur le visage ravagé de vieillesse de la Baronne. - Ou… Oui… Le banquet fut réputé dans les deux provinces et cinq cents invités se pourléchèrent autour de biches à la broche, et Marc II dans un éclair de bonté exigea qu'on nourrisse aussi les pauvres gens venus assister à la cérémonie. Lorsque la nuit eut envahi la fête éclairée par de multiples flambeaux, Gertrude entraîna Marc dans un bosquet à l'écart. - Je ne suis pas plus heureuse que vous de ce mariage… Je vous propose un arrangement. Je possède un manoir dans un très beau village au milieu de mon pays. Recouvert de chaume. Passez-y chasser une bonne semaine tandis que j'arrange mes affaires avec votre gouvernement, puis, mettons-y le feu avec un serf dedans, le corps sera méconnaissable, vous serez mort, vous serez libre. - Et vous ? - Oh moi… A ma mort mon fils me succèdera, il promet d'être sage et bienveillant avec notre peuple. Marc II ne trouva rien à redire. Ainsi fut dit ainsi fut fait, Marc disparut du pays bleu. Au-delà de ses frontières nul ne connaissait Marc, et même, les portraits le représentant étaient quelque peu fantaisistes. Marc était mort, Marc était libre, il s'enfuit avec quelque argent au pays violet un pays voisin recouvert de forêts et de légendes. Il dévora les livres de contes et alla à travers le pays les narrer au peuple analphabète : son vœu se réalisait. Hélas pour peu de temps : la nouvelle se répandit que la baronne Gertrude était mourante et que Gontran, le méchant Gontran allait devenir roi. Ce qui fut dit fut fait. Il déclara la guerre au pays violet, un pays pacifiste et rêveur qui ne tarda pas à sombrer. L'ultime bataille se livra dans une clairière, et pas un farfadet pas un druide n'était là pour aider les malheureux pays. Et Marc se retrouva à croiser le fer avec son gendre, le méchant Gontran. Le combat fut d'une violence extrême, Gontran, armé d'une massue à pointe attachée à une chaîne frappait l'armure du poète, plusieurs fois déséquilibré. Le pauvre homme n'avait qu'une épée, et ne savait plus guère la manier. Un coup de massue plus violent le projeta à terre, il était à la merci de Gontran. Hasard ? Prophétie ? Le félon buta sur une racine au moment où il allait porter l'estocade. Il chut sur l'épée qui l'embrocha et rendit l'âme, stupéfait de reconnaître en son bourreau, son beau père mort. A suivre... demain !
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